Jeu03282024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Chapitre 1avant La Découverte De L'islam

Chapitre 1Avant la découverte de l'Islam


Abû Tharr était un des Compagnons du Prophète de l'Islam (P) connu pour son amour de la liberté et son bon caractère, et selon le Saint Prophète, il faisaient partie de ceux que le Ciel et ses Habitants désiraient ardemment. Il bénéficia de la Compagnie du Prophète au sens réel du terme.

Abû Tharr disait lui-même: «Mon vrai nom est Jundab Ibn Junadah, mais après ma conversion à l'Islam, le Saint Prophète m'a donné le nom de "`Abdullâh", et c'est le nom que j'aime le plus». Abû Tharr était donc sa "kuniyah" (surnom) tiré du nom de son fils aîné Tharr.

Les historiens s'accordent pour affirmer qu'Abû Tharr était le fils d'Ibn Qays اaghîr Ibn Hazm Ibn Ghifâr et que sa mère s'appelait Ramlah Bint (fille de) Waqî`ah Ghifâriyah. Il était arabe de race et appartenait à la tribu Ghifâr. De là, le mot "Ghifârî" qui suit son surnom.

`Abdullâh al-Subaytî écrit: «Lorsque nous étudions la biographie d'Abû Tharr, nous constatons qu'il était la lumière personnifiée et l'incarnation des qualités d'un grand homme. Il avait la rare distinction d'être doué d'une intelligence remarquable, d'une faculté de perception exceptionnelle, d'une sagacité notable et d'un esprit vif». Selon l'Imam Ja`far al-اâdiq: «Il était toujours plongé dans la pensée, et ses prières étaient fondées sur ses réflexions sur Allah» (اahîh Muslim).

 

Dans son livre "Al-Ichtirâkî al-Zâhid" (Le socialiste ascète), le célèbre écrivain égyptien, `Abdul Hamîd Jawdat-us-Sahar écrit: «Lors d'une période de grande famine, les chefs de la tribu de Ghifâr se réunirent pour concerter et réfléchir au moyen de faire face à la terrible situation, due à la longue absence de pluie et dans laquelle les bêtes étaient devenues décharnées et maigres, et les provisions et les stocks épuisés. Dans cette réunion, on se demandait: "Pourquoi notre dieu (l'Idole Manât) s'est-il fâché contre nous, alors que nous avons prié pour la descente de la pluie, sacrifié des chameaux en offrande et fait tout notre possible pour gagner sa faveur? La saison de pluie arrive à son terme. Pourtant il n'y a pas trace d'un nuage dans le ciel. Il n'y a eu ni tonnerre ni averse ces temps-ci, ni même une goutte de pluie ou une bruine! Que faut-il penser? Sommes-nous devenus si pervers pour mériter la colère de dieu? Pourquoi se sent-il si en colère contre nous, alors que nous avons offert tant de sacrifices pour lui faire plaisir?"

»Les gens se mirent à réfléchir sur le sujet et à échanger leurs vues. Ils pensèrent: "L'homme ne peut rien contre la volonté du ciel. Personne ne peut faire venir des nuages et de la pluie du ciel. Seul "Manât"en est capable. C'est pourquoi, nous n'avons d'autre alternative que de sortir, hommes et femmes, pour le pèlerinage, afin de prier et d'implorer le pardon de "Manât". Peut-être nous pardonnera-t-il et fera-t-il descendre la pluie pour que la terre redevienne verte après la période de stérilité, notre pauvreté se transforme en prospérité, notre malheur en bonheur et nos difficultés en aisance et confort.

»Aussi toute la tribu commença à préparer une journée de prière et un voyage auprès de Manât. Ceux qui dormaient se réveillèrent et accoururent pour installer les litières sur leurs chameaux. Unays (le frère d'Abû Tharr) enfourcha lui aussi son chameau pour rejoindre la caravane qui se dirigeait déjà vers les côtes de la mer, Mushalsal et Qadîd qui relient la Mecque et Médine et où se dressait Manât. Unays cherchant autour de lui son frère et ne le trouvant pas fit s'asseoir son chameau et courut à pied pour voir s'il était resté à la maison. En y arrivant, il cria: «Jundab! Jundab!». Lorsqu'il vit son frère allongé tranquillement sur son lit, il lui dit, étonné:

- N'as-tu pas entendu "l'appel" au voyage?

- Si, mais que dois-je faire lorsque je me sens fatigué et que de plus je n'ai pas envie d'aller en pèlerinage à Manât, répondit Abû Tharr.

- Tais-toi! Demande pardon au dieu. Ne craints-tu pas qu'il t'entende et qu'il envoie sur toi son courroux? le gronda Unays.

- Mais es-tu sûr que Manât puisse nous entendre et nous voir? lui rétorqua Abû Tharr.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive aujourd'hui? Un génie a-t-il eu raison de ton esprit? Ou bien es-tu malade? Viens! Repens-toi. Peut-être dieu acceptera-t-il tes remords, lui dit Unays.

Voyant Abû Tharr rester dans son lit, son frère le hâta: «Lève-toi. La caravane est partie. La tribu s'éloigne».

Alors que les deux frères discutaient, leur mère arriva. Ils se turent.

- La mère: Mes fils, quelles sont vos opinions?»

- Unays: A propos de quoi? Mère.

- La mère: A propos de la pluie.

- Unays: Nous sommes d'accord avec ce que tu suggérerais.

- La mère: Je propose que vous alliez voir votre oncle maternel qui est un homme riche.

- Unays: D'accord. Comme tu voudras. Que dieu améliore notre condition !

Abû Tharr et Unays accompagnés de leur mère, se rendirent chez leur oncle. Celui-ci les accueillit avec grande hospitalité. Ils restèrent chez lui pendant longtemps. Le confort et le plaisir y remplacèrent les difficultés et la peine dans lesquelles ils se débattaient jadis. Lorsque les membres de leur tribu apprirent que leur oncle se montrait très bon envers ses deux neveux et qu'il les aimait comme ses propres fils, ils furent pris de jalousie et décidèrent de préparer un plan en vue de le faire se détacher d'eux. Ils réfléchirent ensemble sur les différents moyens de parvenir à leurs desseins perfides, et ils finirent par choisir un homme pour exécuter le plan de leur conspiration.

Cet homme alla voir l'oncle d'Abû Tharr et s'assit à ses côtés calmement, la tête baissée. L'oncle d'Abû Tharr lui demanda: «Comment vas-tu?». L'homme affecta un air triste et dit: «Je suis venu te voir pour une affaire importante. Si je n'avais pas une grande affection et un grand respect pour toi, je ne te dirais rien. Mais ma loyauté m'a obligé à venir pour t'en parler. Je voudrais te réveler ce que tu ignores afin que tu puisses voir toi-même ce qui se passe, car je vois que les faveurs que tu fais à certains sont récompensées par l'ingratitude».

L'oncle d'Abû Tharr sentit que quelque chose allait mal. Il s'inquiéta et dit: «Parle franchement et dis-moi tout». L'homme dit: «Comment pourrais-je te dire que lorsque tu sors de la maison, ton neveu Unays, tient compagnie à ta femme et lui parle secrètement. Je ne saurais te dire ce qu'il lui dit».

L'oncle d'Unays protesta: «C'est une fausse accusation contre lui, et je ne crois pas du tout à ton insinuation». L'homme répondit: «Nous aussi, nous aurions voulu que ce soit une fausse allégation et une pure calomnie. Mais malheureusement, je suis obligé d'affirmer, que c'est la vérité».

L'oncle d'Unays lui demanda de lui fournir une preuve à l'appui de cette accusation. L'homme répondit: «Toute la tribu peut en témoigner. Tout le monde l'a vu et a le même sentiment. Si tu le désires, je pourrais te fournir d'innombrables témoignages de ma tribu».

Ayant entendu ces propos, le pauvre oncle commença à penser à son honneur et à son prestige. Il se sentit blessé dans sa dignité. L'homme sortit de chez lui après lui avoir fait cette révélation abjecte qui laissa sur lui l'effet d'une morsure de serpent.

L'oncle d'Unays était maintenant convaincu de la véracité de l'accusation. Il fit beaucoup d'effort pour garder son sang-froid et son esprit en paix, mais en vain. Il se sentait, jour et nuit, triste, angoissé et comme siasi d'épouvanteau. Chaque fois que son neveu se trouvait devant lui, il détournait son visage. Un silence pesant régnait sur toute la maison.

Lorsqu'Abû Tharr remarqua les traits de tristesse envahissant le visage de son oncle, il lui demanda: «Cher oncle! Qu'est-ce qui t'est arrivé? J'ai remarqué que tu as changé depuis quelques jours. Tu nous parles très peu, contrairement à l'habitude, et tu as l'air très pensif et dépressif».

L'oncle répondit: «Il n'y a rien d'anormal». Abû Tharr insista: «Non, il y a certainement quelque chose. Dis-moi s'il te plaît ce qui ne va pas. Peut-être pourrais-je te débarrasser de tes ennuis ou partager une partie de tes angoisses».

L'oncle dit: «Je ne peux pas décrire ce que les hommes de ma tribu m'ont appris».

Abû Tharr revint à la charge: «S'il te plaît, dis-moi ce qu'ils t'ont rapporté».

Son oncle finit par céder: «Ils disent que Unays rencontre ma femme quand je sors de la maison».

Ayant entendu ces calomnies, Abû Tharr sentit le sang lui monter au visage et devint rouge de colère: «Tu viens de gâcher toutes les faveurs que tu nous as faites. Nous partirons tout de suite et nous ne te reverrons plus jamais».

Ils quittèrent ainsi leur oncle et s'établirent à "Batn Marwa", près de la Mecque. C'est là qu' Abû Tharr découvrit l'apparition du Prophète dans la ville de la Mecque. Il s'intéressa vivement à cet événement et voulut absolument en savoir plus. Un jour, il demanda à son frère Unays d'aller à la Mecque et de trouver des renseignements sur le Prophète.

Unays était sur le point de partir pour la Mecque lorsqu'on vit venir un homme qui se dirigea directement vers la maison d'Abû Tharr. «D'où viens-tu?» lui demanda Abû Tharr. «Je viens de la Mecque», répondit l'homme. «Quelle est la situation là-bas?», demanda encore Abû Tharr. «On y parle d'un homme qui se dit être prophète et recevoir des révélations du ciel» dit l'homme. Abû Tharr poursuivit: «Qu'ont fait les Mequois de lui?». «Ils l'ont démenti, torturé et ils ont mis les gens en garde de le rencontrer. Ils menacent et terrorisent quiconque le voit», répondit l'homme. «Pourquoi les gens ne le croient-ils pas?» interrogea Abû Tharr. «Comment le croiraient-ils alors qu'il vilipende leurs dieux, les traitent de stupides et qualifie leurs ancêtres de pervers!», répondit l'homme. «Il dit cela vraiment?» demanda Abû Tharr intéressé. «Ah oui. Et il dit que Dieu est Un...», confirma-t-il.

Abû Tharr se mit à réfléchir à propos de l'homme qui avait dit que Dieu est UN. Il continua à penser pendant un certain temps. Le visiteur le regarda et le trouvant pensif, il prit congé et partit.

Après son départ, Abû Tharr s'adressant à son frère, lui dit: «Va à la Mecque et essaie de trouver cet homme. Il affirme qu'il reçoit des révélations du Ciel. Quel est le mode de sa conversation? Vois s'il est sincère ou non dans ses paroles».

Unays entreprit le voyage. Après avoir traversé différentes stations, il arriva à la Mecque et se dirigea vers la Ka`bah pour accomplir les rites de pèlerinage. Lorsqu'il sortit de la Ka`bah, il vit un attroupement. Il demanda à un homme qu'il croisa: «Qu'est-ce qu'il y a là?». L'homme répondit: «Un apostat qui appelle les gens à une nouvelle foi».

Dès que Unays entendit ceci, il accourut vers le lieu de rassemblement. Une fois sur place, il vit un homme dire: «Louanges à Allah! Je fais Ses louanges et Lui demande secours. Je crois en Lui, je dépends de Lui et j'atteste qu'il n'y a de Dieu, en dehors de Lui, IL est sans partenaire».

Selon le récit d'al-Subaytî, Unays entendit cet homme proclamer: «O gens! Je vous ai apporté les bénédictions de ce monde et de l'autre monde. Dites qu'il n'y a pas de dieu, sauf Allah pour que vous soyez délivrés. Je suis le Messager d'Allah et je suis envoyé pour vous. Je vous mets en garde contre la punition du Jour du Jugement. Rappelez-vous que personne ne sera sauvé, en dehors de ceux qui se présentent devant Allah avec un coeur humble. Ni les riches ne vous seront d'aucun secours, ni vos enfants ne pourront rien pour vous. Craignez Allah, IL sera bon envers vous. O gens! Ecoutez-moi! Je dis clairement que vos ancêtres avaient dévié du droit chemin en adorant ces idoles et vous aussi vous êtes en train de suivre leurs traces. Rappelez-vous que ces idoles ne peuvent ni vous nuire ni vous être utiles. Elles ne peuvent ni vous arrêter ni vous guider».

Unays fut étonné par le discours éloquent du Prophète (ا), mais il fut aussi surpris d'entendre les gens autour de lui tenir différents propos contre le Messager d'Allah.

Celui-ci ayant entendu ces attaques, dit: «Les prophètes ne mentent pas. Je jure par Allah en dehors Duquel il n'y a pas de dieu, que j'ai été envoyé pour vous comme messager. Par Allah vous mourrez comme si vous dormiez et vous serez ressuscités comme si vous vous réveilliez. Vous serez rappelés par Allah pour rendre des comptes sur vos actes. Après quoi, vous entrerez éternellement, selon le verdict, en Enfer ou au Paradis».

En entendant ces paroles, les gens demandèrent au Prophète (ا) comment ils seraient ressuscités après s'être transformés en sable!

Là, Allah révéla les Versets suivants: «Mohammad! Réponds: «Soyez pierre ou fer ou toute chose créée que vous puissiez concevoir...» «Ils diront: «Qui donc nous fera revenir?». Ils secoueront la tête vers toi et ils diront: «Quand cela se produira-t-il?». Réponds: «Il se peut que ce soit bientôt». (Sourate al-Isrâ', 17: 50 - 51)

Dès que le Saint Prophète finit son discours, les gens se levèrent. Et alors qu'ils se dispersaient, l'un d'eux dit: «C'est un devin». Un autre: «Non, c'est un poète». Un troisième: «C'est un magicien».

Unays qui avait écouté les prêches du Prophète (ا) et les commentaires des gens, baissa la tête pendant un moment et murmura: «Par Allah! Sa parole est agréable. Ce qu'il a dit est vrai et les gens qui l'ont dénigré sont certainement stupides».

Puis, il enfourcha son chameau et repartit. Il continua à penser à Mohammad (ا), le Prophète d'Allah, tout au long du voyage, et à se rappeler son discours jusqu'à ce qu'il rejoignît

Abû Tharr.

Dès que ce dernier le vit, il lui demanda avec enthousiasme et impatience: «Qu'as-tu vu à la Mecque?»

- Unays: «J'ai vu l'homme qui dit: "Dieu est Un". Je l'ai entendu ordonner aux gens de faire le bien et de s'abstenir du mal».

- Abû Tharr: «Que disent les gens à son propos?»

- Unays: «Ils disent qu'il est poète, magicien, et devin. Mais lorsque j'ai examiné sa parole du point de vue poétique, j'ai constaté qu'il n'est pas un poète. Il n'est ni magicien - car j'avais vu des magiciens - ni un devin - car j'avais rencontré des devins, lesquels n'ont rien de commun avec lui.»

- Abû Tharr: "Que fait-il et que dit-il?"

- Unays: "Il dit des choses merveilleuses."

- Abû Tharr: "Te rappelles-tu ce qu'il disait?"

Unays: "Par Allah! Son discours était très agréable, mais je ne me rappelle pas plus que je t'en ai dit. Cependant, je l'ai vu accomplir certaines prières à la Ka`bah et j'ai vu aussi un beau garçon, pré-adolescent, accomplir la prière à côté de lui. Les gens disent que c'est son cousin `Ali. J'ai vu également une femme prier derrière lui, et on dit qu'elle est sa femme Khadijah».
 

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