Jeu03282024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Chapitre 5 Un disciple modèle du prophète

Chapitre 5

Un disciple modèle du prophète


L'histoire témoigne qu'Abû Tharr était tellement pieux après sa conversion à l'Islam que personne ne pouvait se mesurer à lui dans le domaine spirituel. Il atteignit un tel degré de perfection sur le plan de la pureté de la foi et de la sincérité du coeur, qu'il devint un phare pour les gens qui voulaient être éclairés. Il enrichissait leurs esprits avec ses conseils, il leur inculquait le sens de l'égalité et de l'amour, et il leur montrait la voie de l'obéissance à Allah et à Son Saint Prophète.

Il menait une vie islamique tellement digne que les historiens trouvaient difficilement les mots exacts pour la décrire. `Abdullah al-Subaytî écrit qu'Abû Tharr se détachait, parmi les Compagnons qui excellaient en piété, en abstinence, en adoration d'Allah, en véracité, en fermeté de foi et en résignation devant la Volonté d'Allah. Son alimentation quotidienne du vivant du Prophète consistait en trois kilos de dattes et il avait maintenu ce régime pendant le restant de sa vie. Sa moralité et sa vertu étaient telles que le Saint Prophète, l'inclut, comme Salmân al-Faricî dans les Ahl-ul-Bayt (La Famille du Prophète). Al-Hâfidh Abû Na`îm dit qu'Abû Tharr était un homme de piété et avait un coeur pleinement satisfait. Il était la quatrième personne à embrasser l'Islam. Il avait renoncé aux péchés avant même la mise en application de la Loi islamique. Son but le plus cher était de ne pas baisser la tête devant les gouvernants tyranniques. Il supportait avec stoïcisme les afflictions et les malheurs. Il se distingua par l'apprentissage, par coeur, des Traditions et des exhortations du Saint Prophète.

 

Abû Nâ`îm fait remarquer qu'Abû Tharr a rendu un grand service au Saint Prophète, dont il a appris les Statuts légaux de la Loi islamique (Ahkâm Char`iyyah) dans les domaines de l'adoration et des relations sociales, ce qui lui a permis de s'abstenir de tout péché. L'un de ses traits caractéristiques était de poser, souvent, des questions au Saint Prophète afin de savoir tout. Il a apprit, par coeur, toutes les significations et toutes les interprétations du Saint Coran et des Traditions du Prophète, et il se montrait très avide sur ce plan. En bref, il a appris du Saint Prophète énormément de choses, non seulement, pour son usage personnel, mais aussi pour mettre ce trésor de savoir au service des adeptes de l'Islam.

Un autre fait notable par lequel Abû Tharr se distingua, fut sa marche continuelle et constante sur la ligne du Saint Prophète, ligne dont il ne dévia jamais, même lorsque le vent changea de direction, après la disparition du Messager d'Allah. En effet, Abû Tharr resta aux côtés de l'Imâm `Ali après la mort du Saint Prophète, et il ne le lâcha jamais. Il le suivit toujours et continua à bénéficier de son immense savoir pour compléter les connaissances qu'il avait acquises en compagnie du Saint Prophète. Quoi de plus logique pour un homme aussi pieux que lui et aussi assoiffé de savoir religieux! Le Prophète n'avait-il pas dit: «Je suis la Cité du Savoir et `Ali en est la Porte»? Il put ainsi s'imprégner de son savoir, de son ascétisme, de sa bienfaisance, de ses vertus morales et de sa conduite exemplaire. C'est pour cela que le Prophète avait dit: «Abû Tharr est l'homme le plus véridique de la nation». Ou encore:«Abû Tharr est pareil au Prophète `Isâ (Jésus) par son ascétisme», et «Celui qui voudrait connaître l'austérité et la modestie de `Isâ, devrait aller voir Abû Tharr».

Il va de soi que la piété d'un homme aussi religieux qu'Abû Tharr ne se limitait pas à l'accomplissement des prières et d'autres pratiques rituelles. Il avait des compétences pratiques dans toutes les formes de la piété et de l'adoration. Il est indéniable que réfléchir sur l'existence et la Création d'Allah est aussi un acte d'adoration très méritoire. Or, Abû Tharr excella aussi dans ce domaine de l'adoration.

Les historiens et les rapporteurs de Hadith sont unanimes pour remarquer qu'Abû Tharr atteignit un très haut degré de savoir parce qu'il cherchait sincèrement à acquérir une large connaissance en compagnie du Saint Prophète. Il s'attachait sans cesse à poser des questions au Messager d'Allah et à en apprendre la réponse par coeur. L'auteur de "Kitâb al-Darajât al-Rafî`ah" dit qu'Abû Tharr était reconnu comme étant au rang des grands érudits et ascètes. Il était un des premiers Compagnons du Prophète et l'un de ceux qui respectèrent parfaitement leur pacte avec Allah, c'est-à-dire, qui s'acquittèrent de leur engagement devant Lui de se conformer scrupuleusement et loyalement aux préceptes de la religion. Il était aussi l'un des quatre personnages dont l'amour était rendu obligatoire à tous Musulmans.

Al-`Allâmah Manazir Ihsân al-Guîlânî, soulignant le savoir immense d'Abû Tharr, écrit: «Lisez le testament de `Ali, le meilleur juge parmi les Compagnons, et la Porte de la Cité du Savoir, et vous constaterez vous-mêmes qu'il avait raison de dire qu'Abû Tharr était très gourmand et très cupide [en matière d'apprentissage]».

N'est-ce pas cette même attestation de l'Imam `Ali qui justifie et corrobore ce que revendiquait parfois avec fierté, Abû Tharr: «Nous avons quitté le Saint Prophète à un moment où il n'y avait pas eu un seul oiseau volant avec des ailes battantes, dans le ciel, à propos duquel nous n'ayons pas appris quelque chose de particulier»(7).

Al-`Allâmah al-Guîlânî note à propos du savoir d'Abû Tharr: «Quelqu'un a demandé un jour à l'Imam `Ali ce qu'il pensait d'Abû Tharr. ہ cette question il a répondu: «Wa`â ilman `ajaza fîhi (c'est-à-dire: Abû Tharr a acquis un savoir qui l'a vaincu)».

On a pu constater combien il était disposé à écouter et recevoir les idées; d'ailleurs on pourra pressentir cette disposition à travers les différents éléments de sa biographie. Il tenait toujours à appliquer tout de suite ce qu'il apprenait du Saint Prophète. Dès qu'il entendait quelque chose du Messager d'Allah, il le mettait en pratique sans hésitation. Son plus grand désir était que sa conduite soit totalement en conformité avec le savoir.

Abû Tharr était si résolu et si ferme sur ce point, qu'aucune force terrestre ne pouvait entamer sa détermination et sa fermeté en ce qui concerne l'application stricte de la Loi divine. Ni les menaces ni les exhortations ne pouvaient ébranler la position qu'il avait prise sur ce plan. Se montrant fier parfois de cette position distinctive, il disait souvent: «O gens! Le Jour du Jugement, je serai le plus proche de l'assemblée du Saint Prophète, car j'ai entendu ce dernier dire que le plus proche de lui le Jour du Jugement sera celui qui aura quitté ce monde dans la même condition que l'aura quitté le Messager d'Allah lui-même. Or, je jure par Allah qu'aucun parmi vous, à part moi, n'est dans sa situation originelle ni n'est contaminé par quelque chose de nouveau» ("Tabaqât Ibn Sa`d" et "Musnad Ahmad Ibn Hanbal").

Ces propos ne sont pas de simples prétentions, mais des vérités attestées par le dirigeant du monde et le dernier des Prophètes. Il est écrit dans Tabaqât Ibn Sa`d qu'un jour, le Saint Prophète demanda à un groupe de Compagnons: «Qui parmi vous viendra me voir auprès de Kawthar (une Source au Paradis) dans la même condition dans laquelle je l'aurai laissé?». Abû Tharr répondit: «Moi!». Le Prophète acquiesça: «Tu as raison, c'est-à-dire tu mourras dans le même état de foi dans lequel je t'aurai laissé».

L'Imam `Ali aussi, disait: «Maintenant, il ne reste personne qui ne craigne les sarcasmes et la raillerie des moqueurs, au sujet d'Allah, sauf Abû Tharr».

Ainsi, le terme "`ajaza fîhi" signifie clairement qu'Abû Tharr avait été vaincu par son savoir et son instruction, en ce sens qu'il n'avait pas le pouvoir d'agir contrairement à ce qu'il avait appris.

En d'autres termes, Abû Tharr acquit un savoir, comprit la réalité et la base de ce savoir, et le propagea bien. Il ne se souciait jamais du reproche de personne lorsqu'il communiquait aux gens les informations qu'il avait acquises du Saint Prophète. Il ne céda jamais aux intimidations d'un gouvernement quelconque. Il resta insensible aux manoeuvres politiciennes de Mu`âwiyeh, et totalement indifférent au miroitement de la fortune de `Othmân. Il appelait juste ce que le Saint Prophète avait qualifié de juste et erroné ce qu'il avait considéré comme erroné, et ce jusqu'au dernier moment de sa vie. Il se conduisit conformément aux principes et aux enseignements dispensés par le Saint Prophète, et il tenait également à rappeler toujours aux gens ces principes et enseignements, jusqu'à ce qu'il fût banni et mort dans un endroit lointain et isolé.

On lit dans "Kitâb al-Istî`âb" citant le Commandeur des Croyants, l'Imam `Ali, qu'Abû Tharr apprit quelques-uns des secrets que le commun des mortels ne pouvait supporter, et qu'il les garda pour lui-même.

Al-Hâfidh al-Baçrî écrit, dans "al-Machâriq", que la foi a dix étapes. Celui qui a atteint la première étape ne connaît pas les limites de la foi de celui qui est dans la deuxième étape, et celui qui se trouve dans la deuxième étape ignore l'étape de celui qui est arrivé à la troisième étape... et il en va de même jusqu'à la dixième étape. Or Salmân al-Faricî était au zénith du savoir ésotérique et la position d'Abû Tharr par rapport à Salmân al-Faricî était la même que celle du Prophète Mûsâ (Moïse) par rapport au Prophète al-Khidhr.

Al-Kharajaskî écrit dans "al-Kanz" que Salmân al-Faricî, disait, lorsqu'il s'adressait à l'Imam `Ali: «Bi Abî anta wa ommî, Yâ qatîla-l-Kûfa! (O futur martyr de Kûfa! Que mon père et ma mère te soient sacrifiés), avant d'ajouter: Si je divulguais les faits que je connais ta véritable illumination, je provoquerais un terrible remue-ménage parmi les gens». Al-`Allâmah al-Majlicî cite des hadith (récits de la vie des saints de l'Islam) du même genre à propos de Salmân et d'al-Miqdâd dans "Charh Uçûl al-Kâfî". Cela montre que si un Compagnon ne peut mesurer les limites de la connaissance d'un autre Compagnon, comment dès lors le commun des mortels pourrait supporter les connaissances (qui le dépassent) d'un homme aussi pieux qu'Abû Tharr?

On peut trouver la remarque ci-dessus de l'Imam `Ali à propos d'Abû Tharr: «Le savoir l'a vaincu» dans "Tabaqât al-Kubrâ" (Vol, 5), et "Sunan Abû Dawûd" également.

`Abdul Hamîd Jawdat al-Sahar écrit dans son livre "al-Ichtirâkî al-Zâhed": «Allah a voulu lui faire du bien en le dotant de la capacité et de la volonté d'apprendre. IL lui a inculqué la conviction et la sincérité, et lui a conféré des yeux scrutateurs et des oreilles attentives. Avec tous ces dons, il put mémoriser tout ce qu'il entendait de la bouche du Saint Prophète».

Avec la même application dans l'apprentissage des Traditions du Prophète, il narrait celles-ci et les communiquait aux gens. Il devint ainsi l'un des grands "traditionnistes" (narrateur de Hadith ou de Traditions du Prophète).

Abdul Hamîd Jawdat al-Sahar fait remarquer dans le même livre cité ci-dessus (page 14): «Abû Tharr était un muhaddith (rapporteur de Hadith) de premier ordre, et il parlait un arabe très éloquent et très compréhensible. Il était un modèle du Musulman pieux. Aussi devint-il l'homme le plus respectable de tous. Un jour, alors qu'il était assis dans la mosquée et qu'il narrait des Hadith comme d'habitude, un homme exprima son désir d'avoir voulu voir le Prophète. Abû Tharr cita alors un Hadith dans lequel le Prophète avait dit que les gens de sa nation qui l'aimeraient le plus sont ceux qui viendraient après lui et désireraient le voir même au prix de leurs enfants et fortune».

La moralité signifie les bonnes habitudes, et la connaissance de la morale ou de l'éthique est une sorte de philosophie pratique. Abû Tharr atteignit le plus haut degré de la moralité. Les bonnes habitudes et les nobles moeurs du Saint Prophète se reflétaient sur sa personnalité. Il avait une conduite et un caractère irreprochabls, islamiquement parlant. Tout ce qu'il fit sa vie durant était un exemple incomparable de moralité, et tout ce qu'il dit était conforme aux exigences de la société islamique. Et si d'aucuns considéraient ses bonnes habitudes comme incorrectes, c'étaient certainement des gens ignorants.

Al-`Allâmah al-Subaytî dit que les exemples de moralité que nous offrit Abû Tharr méritent toutes nos louanges. Il écrit à ce propos: «Ayant vu Abû Tharr enveloppé dans un manteau noir dans un coin du masjid, je lui ai demandé pourquoi il était assis là tout seul. Il m'a répondu qu'il avait entendu le Saint Prophète dire: «Il est préférable de s'asseoir dans un coin isolé qu'au milieu d'une mauvaise compagnie, et il vaut mieux s'asseoir avec des moralistes que dans un coin isolé. Garder le silence plutôt que dire des bêtises et dire ce qu'il faut plutôt que rester silencieux».

Abû Tharr dit que le Saint Prophète lui avait énuméré les règles des bonnes moeurs, comme suit:

1- Noue de l'amitié avec les pauvres et essaie de les garder près de toi;

2- Pour améliorer ta propre condition, regarde les gens de condition plus modeste plutôt que de te comparer avec ceux qui ont plus de moyens que toi;

3- Ne demande à personne de l'aide matérielle, et habitue-toi à la satisfaction (de ce que tu as);

4- Aie de la sympathie pour tes prochains et aide-les lorsqu'ils se trouvent dans le besoin;

5- N'hésite pas à dire la vérité même si le monde entier devait se mettre contre toi;

6- Ne fais pas attention aux propos des blasphémateurs concernant Allah;

7- Dis souvent: «Lâ hawla wa lâ quwwata illâ billâh (Il n'y a pas de pouvoir en dehors d'Allah)».

Abû Tharr poursuit: «Après m'avoir énuméré ces règles le Saint Prophète mit sa main sur mon coeur et ajouta: «O Abû Tharr! Il n'y a pas de sagesse meilleure que la bonne planification, ni de piété meilleure que la maîtrise de soi, ni de beauté meilleure que les bonnes moeurs».

Al-`Allâmah al-Guilânî, se référant à Musnad d'Ahmad Ibn Hanbal cite seulement deux (1,2) des sept préceptes ci-dessus mentionnés (ceux qui recommandent de lier amitié avec les pauvres, et de regarder les gens de condition plus modeste) et écrit: «En fait, ceci est le meilleur remède à la maladie de l'amour des riches et de l'amour du monde. Supposons qu'un homme qui possède une chemise en mousseline, et un pantalon de bonne qualité à porter, du pain de blé et de la viande de mouton à manger, une maison en argile, propre et bien arrangée à habiter, se compare avec un autre homme qui n'a rien d'autre qu'un vêtement rude, du pain d'orge et une chaumière de paille. Il (le premier) ne pourrait que remercier Allah pour la condition meilleure dans laquelle il vit, et éviterait sûrement les tourments mentaux qu'il aurait connus s'il s'était comparé avec un homme plus riche que lui, mangeant, s'habillant et se logeant mieux que lui. Donc regarder toujours les gens d'une condition plus modeste que la sienne est la meilleure façon d'être satisfait de ce qu'on a dans ce monde. Combien d'entre nous se conforment à cette recommandation? Je dirais qu'un homme qui agirait conformément à ce principe ne souffrirait jamais. C'est la seule règle d'or existant pour connaître le bonheur dans ce monde et dans l'Au-delà. Elle est magnifiquement illustrée par le vers suivant du célèbre poète iranien, Cheikh Sa`di: «Je pleurais pour une paire de chaussure, jusqu'à ce que j'aie vu un homme qui n'avait pas de pied».

Après l'amour de la richesse, l'autre partie de l'amour de ce monde se manifeste sous la forme de l'amour du pouvoir. Cette forme d'amour est encore plus dangereuse et elle constitue une cause principale de la corruption du système du monde. Les sottises commises dans le monde par les esclaves de la richesse sont beaucoup moins nombreuses et moins graves que celles faites par ceux qui ont une ambition excessive pour les positions et pouvoirs.

La vraie raison de cette maladie réside dans le fait que lorsqu'un homme se croit parfait dans un domaine, il oublie le pouvoir de l'Etre Qui lui a conféré cette perfection relative, et s'attribue des considérations en conséquence. Puis, il essaie de faire sentir aux gens autour de lui, l'importance qu'il s'est donnée. Ayant cet objectif en vue, il prépare des plans selon le pouvoir de sa pensée. Il remplit d'hypocrisie son esprit et occupe tout son temps à rendre tout le monde conscient de son existence par tous les moyens. La perfection qu'Abû Tharr atteignit ou presque était celle de la piété. Il craignait qu'elle n'engendre en lui fierté et vanité, qui conduisent à l'ambition d'une position et des honneurs, ce qui ne laisse aucune place à la paix dans ce monde et dans l'Au-delà. C'est pour cette raison, que le Prophète avait prévenu ce danger, et s'adressant à Abû Tharr, il lui dit à mots ouverts et clairement:

«Allah dit: "O Mes serviteurs! Vous êtes tous des pêcheurs, excepté ceux d'entre vous que Je préserve. Ainsi, chacun de vous doit M'adresser régulièrement des prières pour demander pardon, et Je le lui accorderai. Je pardonne les péchés de quelqu'un qui Me considère assez Puissant pour rédimer les péchés et que Je rédime, et de celui qui prie pour que ses péchés soient pardonnés à travers Mon Pouvoir. O Serviteurs! Chacun de vous est dévié sauf ceux d'entre vous que Je maintiens sur le droit chemin. Aussi, devez-vous prier pour solliciter Ma Guidance. Vous êtes tous pauvres et nécessiteux, à l'exception de ceux d'entre vous que Je rendrai riches. Priez-Moi donc d'assurer votre subsistance et rappelez-vous que même si vous vous réunissez tous, les vivants et les morts d'entre vous, les vieux et les jeunes, les vicieux et les vertueux pour pratiquer l'abstinence, cela n'ajoutera rien à ce qui existe dans Mon Royaume actuel, mais que si vous vous rassemblez tous, les morts et les vivants, les vieux et les jeunes, les vicieux et les vertueux pour Me prier de subvenir à vos besoins et que Je décide d'exaucer vos prières, il n'y aura aucun manque dans Mon Royaume, même pas l'équivalent d'une quantité d'eau puisée avec une aiguille que quelqu'un plongerait dans l'océan. Ceci, parce que Je suis Le Bienfaiteur, Le Pardonneur, Le Grand, L'Exalté et Celui Qui contrôle toutes les fins"».

Qui peut, après avoir cru en la vérité de la Gloire et de la Majesté Divines, telles que nous les percevons ci-dessus, être fier de son existence, de ses réalisations et de ses exploits, somme toute, insignifiants par rapport à la Grandeur et au Pouvoir d'Allah? Qui oserait, même l'espace d'une seconde, prendre de grands airs devant une telle Majesté? Quel croyant en Allah peut se montrer vaniteux à cause de sa position sociale, de son honorabilité et de ses moyens? Qui peut être assez idiot pour être fier de sa piété, tout en sachant que chacun de nous est pêcheur?

Quand on sait que toutes les fortunes des gens riches sont sous le Contrôle et l'Autorité d'Allah, il faut être vraiment sot pour se montrer vaniteux à cause de la fortune qu'on possède. S'il est vrai que, même réunis tous, grands et petits, pauvres et riches, nous ne pouvons rajouter un iota à la Grandeur du Royaume d'Allah, de quoi, un homme qui n'est qu'une poignée de sable, peut-il se vanter? Lorsqu'un clergé ou un réformateur sait que même en matière de guidance et de maturité mentale qui font sa force, il dépend de la Faveur et du Pouvoir d'Allah, comment pourrait-il considérer que ses efforts méritent estime et appréciation?

Lorsqu'on est conscient que tout appartient à Allah et que nous sommes à ce point pauvres, nécessiteux et dépendants, pourquoi donc cette vanité, cette présomption et cette arrogance de notre part?

Tels sont les commandements et les sermons que l'austérité du Prophète `Isâ grava dans l'esprit d'Abû Tharr. En tout cas, c'est de cette façon que le Prophète Mohmmad s'appliqua à façonner la nature ascétique d'Abû Tharr. Mais nous devons être prudents lorsque nous abordons cet aspect (l'ascétisme) des enseignements et des exhortations du Saint Prophète, car l'Islam se distingue de toutes les autres religions pour ses réserves concernant la vie monastique.

En effet, vu cet ascétisme d'Abû Tharr qui occupe une place particulière parmi les Compagnons du Saint Prophète, d'aucuns pourraient se demander pourquoi, l'Islam s'était opposé à la vie monastique et l'avait considérée comme innovation de moines et de clergés?

La réponse à une telle interrogation mérite qu'on prête une attention particulière à cette question. En général, abstinence et piété signifient que l'on quitte la ville pour se réfugier sur une montagne et à l'intérieur d'une forêt en vue d'adorer Allah dans l'isolement et la solitude. Mais le récit suivant rapporté par Abû Tharr nous permet de rectifier cette conception de l'ascétisme.

«Le Saint Prophète, raconte Abû Tharr, m'a dit que ramasser une pierre dans une rue passante est aussi une bonne action, aider une personne faible est aussi un acte de charité, et même l'acte sexuel dans le cadre du mariage est un acte de bienfaisance (Musnad Ahmad Ibn Hanbal).

»J'ai demandé alors au Saint Prophète avec étonnement: "Comment! Cohabiter avec son épouse, constitue un acte de charité, même si l'homme, ce faisant, satisfait, en réalité, son besoin sexuel?! Si un homme satisfait son besoin, aura-il en plus une récompense spirituelle pour cette satisfaction personnelle?!". Le Prophète m'a répondu: "Bon! Dis-moi. Ne commettrais-tu pas un péché, si tu avais satisfait ce besoin d'une façon illégale et par des moyens interdits?" "Certainement", ai-je répondu. Le Prophète dit: "Les gens pensent au péché et non au bien. Habituellement, ceux qui mènent une vie d'ascétisme renoncent au travail et à la profession, et lorsque, plus tard, les nécessités de la vie se feront durement sentir, ils seront conduits à mendier volontiers"».

Abû Tharr relate un autre récit: «Un jour le Saint Prophète m'a appelé et m'a dit: "Voudrais-tu bien prêter un serment d'allégeance pour une conduite qui ne te réservera que le Paradis?". "Ah, oui"ai-je répondu. Puis, j'ai tendu ma main (en guise de prestation de serment), et le Saint Prophète de dire: "Je voudrais que tu me donnes ta parole que tu ne mendieras jamais rien de personne". "D'accord" dis-je. Le Saint Prophète précisa: "Même pas le fouet qui tombe de ton cheval. Tu dois, plutôt que de demander à quelqu'un de le ramasser pour toi, descendre de ton cheval et le ramasser toi-même"».

Toujours selon Abû Tharr, le Prophète lui dit: "Ne sois pas indifférent aux autres. Si tu n'as rien à donner à un frère musulman, tu devrais au moins le recevoir avec un sourire".

Il dit encore: «Mon bien-aimé (le Prophète) m'a commandé de me montrer bon envers mes proches, même s'il m'était difficile de le faire» (Musnad Ahmad Ibn Hanbal).

Les enseignements du Saint Prophète ne tarderont pas à forger le caractère et la personnalité d'Abû Tharr et à se refléter à travers sa conduite. En effet, on le voyait de plus en plus en compagnie des indigents et des nécessiteux. Il était très sensible à tout détail que le Prophète lui avait envoyé, et se détachait de beaucoup d'autres Compagnons qui n'étaient pas mus par les moeurs du Messager d'Allah. Etant resté aux côtés de l'Imam Ali après la disparition du Saint Prophète, il put conserver et consolider le caractère doux et les bonnes habitudes qu'il avait acquis du Messager d'Allah.

Le Saint Prophète avait ordonné: «Donnez à vos serviteurs et à vos subordonnés ce que vous mangez et ce que vous portez vous-mêmes» (Musnad Ahmad Ibn Hanbal). Or, on trouve l'incarnation de ce commandement dans la conduite d'Abû Tharr.

Conformément aux traditions du Saint Prophète, Abû Tharr considérait le mariage comme quelque chose d'essentiel. Il s'était marié, mais le mariage ne signifiait jamais pour lui jouissance et joie. C'était seulement respecter une recommandation. On dit que son épouse l'accompagnait partout où il se rendait.

Etant donné que sa femme était africaine, les gens lui disaient parfois: «Ah! Tu as une femme noire!». Et il répondait: «Il vaut mieux avoir une femme noire et laide qu'une belle femme et pour la beauté de laquelle seulement mon nom serait évoqué». Abû Tharr avait beaucoup d'estime pour son épouse.

L'hospitalité n'est pas seulement l'une des meilleures qualités de l'homme, mais elle est l'essence de l'humanisme. Selon les principes de l'Islam l'être le plus conscient est celui qui est le plus imbu de l'esprit de l'hospitalité.

Na`im Ibn Qa`nat al-Riyâhî raconte: «Un jour, je suis allé voir Abû Tharr et je lui ai dit que je l'aimais et le détestais en même temps. Il m'a demandé comment je pouvais réunir ces deux sentiments contraires? Je lui ai répondu: «Je tuais mes enfants jadis. Maintenant, j'ai pris conscience que ce que je faisais était une mauvaise pratique. Ainsi, chaque fois que je pense devoir venir auprès de toi pour que tu m'indiques quel est le rachat ou la rédemption de ce crime, ces deux sentiments envers toi surgissent. Lorsque je pense qu'il vaudrait mieux que tu m'indiques le moyen de me racheter, le sentiment d'amour envers toi apparaît, mais lorsque je pense que ce serait douloureux pour moi pour toujours si tu me disais que mon crime est impardonnable, le sentiment de haine envers toi se soulève en moi. Maintenant, je suis venu quand même pour savoir quelle est la solution de mon problème?».

- Abû Tharr m'a demandé: «Bon! Dis-moi d'abord si tu avais commis ce crime pendant l'Epoque de l'Obscurantisme (pré-islamique) ou après ta conversion à l'Islam?»

- Pendant l'Epoque Obscurantiste, ai-je répondu.

- Ton péché est pardonné. L'Islam est le remède de tous ces genres de péchés, conclut Abû Tharr.

»En entendant cette réponse, j'ai été satisfait et soulagé. Et m'apprêtant à prendre congé, Abû Tharr me dit: "Attends". Je me suis exécuté, et Abû Tharr a fait signe à son épouse pour qu'elle apporte un repas. Celle-ci s'est éclipsée puis elle a réapparu avec des choses à manger. Abû Tharr m'a dit: "Bismillâh (Veuille bien commencer à manger, au nom d'Allah)". Avant de me mettre à table, je lui ai demandé de venir me joindre. Il m'a dit: "Je fais le jeûne"et il s'est mis à accomplir ses prières. J'ai commencé à manger et lorsque j'étais sur le point de terminer le repas, il a fini sa prière et s'est mis à manger.

»Interloqué, je lui ai dit: "Dire des mensonges constitue un grand péché en Islam, et même si je présume qu'une personne serait menteuse, il est possible qu'elle le soit. Mais je ne sais pas quelle opinion je devrais me faire de toi?".

- Abû Tharr m'a répondu: "Tu étais assis pendant si longtemps avec moi. Qu'est-ce qui te fait présumer que je serais menteur?".

- J'ai répondu: "Tout à l'heure tu m'as dit que tu faisais le jeûne et te voilà maintenant en train de manger avec moi!".

- Abû Tharr: "Je n'ai pas menti. Je fais le jeûne tout en mangeant avec toi".

- "Comment cela?" lui ai-je demandé avec étonnement.

- Abû Tharr m' a expliqué: "Le Saint Prophète a affirmé que quiconque fait le jeûne le 13e, le 14e et le 15e jours du mois de Cha`bân, est considéré comme observant le jeûne pendant tout ce mois. En d'autres termes, il aura la récompense spirituelle de dix jours pour chaque jour de jeûne. Et comme j'ai fait le jeûne pendant ces trois jours, j'ai le droit de penser que, sur le plan de la récompense, j'observe le jeûne pendant tout le mois".»(8)

Al-`Allâmah al-Bayhaqî relate un récit similaire dont ci-après le résumé:

«Un jour, Abû Tharr et `Abdullâh Ibn Chafîa al-`Uqaylî sont allés chez quelqu'un, comme hôtes. Abû Tharr avait dit d'abord qu'il observait le jeûne, mais quand on a servi le repas, il s'est mis à manger. Abdullâh, déconcerté, lui a demandé alors: "Mais tu fais le jeûne!". Abû Tharr lui a répondu: "J'en suis tout à fait conscient. Je ne l'ai pas oublié. Mais je fais toujours le jeûne pendant les trois jours de chaque mois, appelés Ayyâm al-Bîdh, et en vertu de la Tradition du Saint Prophète, j'ai le droit de me considérer comme observant le jeûne pendant tous les jours du mois"». (Sunan al-Bayhaqî)

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