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Chapitre 10 Le transfert de la succession Du saint prophète


 

Chapitre 10

Le transfert de la succession

Du saint prophète

 

Après la mort du Prophète, ceux parmi les Compagnons qui n'étaient pas d'accord sur le sermon de Ghadîr Khum concernant la succession, et qui ne voulaient pas que `Ali fût le successeur du Messager d'Allah, prient se hâtèrent de se réunir à la Saqîfah de Bâni Sâ`idah pour régler, eux-mêmes, la question de la succession et choisir un successeur à leur convenance. Beaucoup d'historiens, d'analystes et de traditionnistes expliquent cette hâte avec laquelle les promoteurs de la réunion de Saqîfah voulaient régler la question de la succession du Prophète avant même qu'il ne fût enterré, comme étant leur volonté de prendre la Ummah de court et de la mettre devant le fait accompli. Le nombre de personnes réunies - y compris les Immigrants et les Partisans - à Saqîfah était d'environ 200. On convint dans cette réunion de fonder un gouvernement dont le chef fut choisi parmi les participants. Après la réunion et à leur retour à Médine le Saint Prophète était déjà inhumé. Les promoteurs de la réunion se mirent à demandèrent aux gens de prêter serment d'allégeance au Calife ainsi désigné afin de donner une apparence de démocratie et de légitimité au gouvernement. Ils obligèrent non seulement des honorables Compagnons, mais même les membres des Ahl-ul-Bayt, et d'une manière révoltante, à se soumettre à leur mascarade.

L'essentiel de cette histoire indigne se résume ainsi: on demanda à `Ali Ibn Abi Tâlib à prêter serment d'allégeance, de gré ou de force. Devant son refus, la police califale l'emmena à la Cour, une corde au cou(31). La maison de Fâtimah al-Zahrâ' où il se trouvait lors de son arrestation, fut incendiée(32). La porte de la maison avait été forcée et tombée sur Fâtimah, lors de l'intervention policière, ce qui lui occasionna une fausse couche (elle était enceinte d'un enfant mâle) (Voir "al-Milal Wal-Nihal" d'al-Chahristânî).
 

Sur le même sujet, al-`Allâmah Mullah Mu`în Kâchifî écrit qu'à cause du choc qu'elle reçut lorsqu'on força la porte de sa maison, Fâtimah tomba malade et ne tarda pas à succomber à cette maladie(33).

De la même façon, tous ceux qui avaient refusé de prêter serment d'allégeance à Abû Bakr furent forcés sans ménagement et d'une main de fer, de reconnaître le califat d'Abû Bakr. Certains d'entre eux furent sauvagement battus, comme Salmân al-Fârecî que le Prophète avait inclus dans les membres d'Ahl-ul-Bayt en raison de sa piété exceptionnelle et de sa position particulière auprès de lui. Il reçut tellement de coups que son cou resta tordu pour le reste de sa vie.

Voici les noms de ceux des Compagnons qui se trouvaient à Médine et qui refusèrent de prêter serment d'allégeance à Abû Bakr:

- L'Imam `Ali

- Abû Tharr al-Ghifâri

- Salmân al-Fârecî

- `Ammâr Ibn Yâcir

- Al-Miqdâd Ibn al-Aswad

- Khâlid Ibn Sa`ïd

- Burayda Aslamî

- Ubay Ibn Ka`b

- Huthaymah Ibn Thâbit

- Suhayl Ibn Hanîf

- `Othmân Ibn Hanîf

- Abû Ayyûb al-Ançârî

- Huthayfah Ibn al-Yamân

- Sa`d Ibn `Obaydah

- Qays Ibn Sa`d

- `Abdullâh Ibn `Abbâs

- `Abbâs Ibn `Abdul-Muttalib

- `Abdul Haytham Ibn Tayhân

- Jâbir Ibn `Abdullâh

- `Abdullâh Ibn Thâmit

- `Ubayd Ibn Thâmit

- Abû Sa`ïd Khudarî

(Voir "Tabçarat al-`Awâm", p. 24, et "`Ayn al-Hayât", p. 5).

Il est dit dans la page 43 de "Tabçarat al-`Awâm" que quelques jours plus tard, Sa`d Ibn `Obaydah fut tué par une flèche pour avoir refusé de prêter serment d'allégeance.

En tout état de cause, cette politique sauvagement répressive contre des Compagnons éminents se poursuivit après la mort du Saint prophète. Certains historiens écrivent que la terre de Fadak, propriété légale des Ahl-ul-Bayt leur fut confisquée uniquement à cause de leur refus de prêter serment d'allégeance. Ils affirment, diverses preuves irréfutables à l'appui, que le Califat était un droit inaliénable de `Ali et il aurait dû lui revenir. `Ali lui-même explique et énumère les détails des arguments de son droit inaliénable au Califat, dans son très célèbre sermon "al-Chiqchiqiyyah" qui fait partie de son chef-d'oeuvre "Nahj al-Balâghah". Il y dit clairement que le Califat était son droit confisqué, et il y explique, comme le fait Ibn al-Athîr dans "al-Nihâyah", comment il avait essayé vainement de faire valoir ce droit.

Nous essayons ci-après d'extraire de "Târikh-é-Ahmadî" un résumé de cet événement tragique et lourd de conséquence, dont avaient tant souffert les descendants du Saint Prophète et ses plus fidèles Compagnons, seulement deux semaines, après la mort du Messager d'Allah, et de mettre en évidence le rôle joué par Abû Tharr dans cette conjoncture.

Selon "Ta'rîkh Ibn Jarîr", `Omar était présent à Médine au moment de la mort du Saint Prophète, tandis qu'Abû Bakr se trouvait chez lui dans le village de Sakh. Lorsque le Prophète décéda `Omar dit: «D'après la présomption des Hypocrites le Prophète est mort, mais moi, je jure par Allah qu'il est vivant».

Selon "al-Milal Wal-Nihal" d'al-Chahristânî, `Omar menaça de tuer avec sa propre épée quiconque dit que le Prophète est mort. Ce récit est rapporté dans bien d'autres références telles que: "Ta'rîkh `Abul-Fidâ", Vol. 1, p. 164; "Al-Tabaqât al-Kubrâ", Vol. 2, p. 271; "Sunan Ibn Mâjah", Vol !, p. 571, Hadith 1618; "Musnad Ahmad Ibn Hanbal", Vol. 1.

Selon Rawdhat al-Ahbâb les gens commencèrent à avoir des doutes sur la mort du Prophète lorsqu'ils entendirent la menace de `Omar. Abû Bakr qui était chez lui à ce moment-là, se rendit à Médine dès que la nouvelle de la mort du Prophète lui fut parvenue. Lorsqu'il arriva à Masjid al-Nabî, il remarqua que les gens étaient dans la confusion. Selon "Ta'rîkh `Abdul-Fidâ", en voyant les gens dans cet état, Abû Bakr se mit à réciter le verset suivant: «Mohammad n'est qu'un Prophète; des prophètes ont vécu avant lui. Reviendriez-vous sur vos pas s'il mourait, ou s'il était tué?» (sourate `Ale `Imrân, 3;144). Ayant entendu réciter ce verset, les gens eurent la conviction que le Saint Prophète était mort. Aussi accoururent-ils à Saqîfah Banî Sâ`idah.

Selon "Ta'rîkh Ibn Khaldûn", lorsqu'Abû Bakr arriva à Saqîfah, il dit; «Nous sommes les Compagnons et les proches du Prophète. Aussi, sommes-nous à ce titre mieux placés que quiconque pour accéder au Califat».

Selon "Ta'rîkh al-Tabarî" d'Ibn Jarîr, `Omar dit alors à Abû Bakr: «Tends ta main pour que je te prête serment d'allégeance». Abû Bakr répondit: «Non! C'est à toi de tendre ta main car tu es à tous égards plus puissant que moi». Cet échange d'invitation au Califat entre les deux hommes dura un certain temps. A la fin `Omar tira la main d'Abû Bakr, y mit la sienne, lui promit loyauté et lui dit: «Tu pourras compter sur ma force, conjuguée avec la tienne».

Dans "Ta'rîkh al-Kâmel" d'Ibn al-Athîr, il est dit que `Omar et d'autres promirent loyauté à Abû Bakr, mais que tous les Ançar (les Partisans médinois) ou certains d'entre eux déclarèrent: «Nous ne prêterons de serment d'allégeance à personne d'autre que `Ali».

"Ta'rîkh Khamis", note que lorsqu'Abû Bakr s'était soulagé des formalités de la prestation du serment d'allégeance, il quitta Saqîfah pour retourner au Masjid al-Nabî où il prit place sur la chaire, pour recevoir le serment d'allégeance de ceux qui ne l'avaient pas fait à Saqîfah. Cela dura jusqu'à la fin de la journée, et les gens manquèrent ainsi d'assister aux cérémonies de l'enterrement du Saint prophète. C'était le mardi soir.

Selon "Kanz al-`Ummâl" citant `Urwah, «Abû Bakr et `Omar n'étaient pas présents à l'enterrement du Saint Prophète. Ils se trouvaient dans le rassemblement des Ançâr (Saqîfah Banî Sâ`idah), et le prophète fut inhumé avant leur retour».

Selon "al-Nihâyah" d'Ibn al-Athîr al-Jazarî, "Majma` al-Bihâr" de Molla Tâhir Qutnî et "al-Milal Wa-l-Nihl" d'al-Chahristânî, `Omar dira plus tard à propos de la prestation de serment d'allégeance à Abû Bakr «C'était une erreur dont Allah nous a épargné les mauvais effets».

D'après "Ta'rîkh `Abul-Fidâ" un groupe de Hâchimites ainsi qu'Abû Tharr, Zubayr Ibn al-`Awwâm, al-Miqdâd Ibn `Amr, Salmân al-Fârecî, `Ammâr Ibn Yâcir, al-Barâ' Ibn Athîb etc. qui étaient dans le camp de `Ali, s'abstinrent de prêter serment d'allégeance à Abû Bakr.

Selon "al-Istî`ab" de `Abdul-Barr, lorsqu'on demanda aux gens de promettre loyauté à Abû Bakr, `Ali ne le fit pas et resta à la maison.

"Murûj al-Thahab" d'al-Mas`ûdî, fait remarquer que le jour de Saqîfah où on prêta serment d'allégeance à Abû Bakr, `Ali dit à ce dernier: «Tu as détruit notre affaire, tu ne nous as pas consultés et tu n'as pas respecté notre droit». Abû Bakr lui répondit: «Ton grief est justifié, mais j'ai agi ainsi par crainte d'une révolte».

Selon "Rawdhat al-Ahbâb", losqu'Abû Bakr finit de recevoir la prestation d'allégeance, il convoqua `Ali par l'intermédiaire de certains Muhâjirîn et Ançar. `Ali se présenta et lui demanda: «Pourquoi m'a-t-on convoqué?». `Omar dit: «Tu as été convoqué pour que tu prêtes serment d'allégeance à l'instar des autres». `Ali répondit: «J'invoque à votre égard le même argument que vous avez invoqué devant les Ançâr pour justifier votre prétention au Califat»(34). `Omar ignorant les remarques de `Ali, lui dit: «Nous ne te laisserons pas partir d'ici avant d'avoir prêté serment d'allégeance». `Ali rétorqua: «Réponds d'abord à mon observation, et par la suite tu pourras me demander de prêter serment d'allégeance». Abû `Obaydah al-Jarrâh intervint: «O Abul-Hassan (surnom de `Ali)! Tu es le seul à mériter le Califat et le gouvernement en raison de ta préséance dans l'Islam et de ta proche parenté avec le Prophète, mais étant donné que les Compagnons ont accepté Abû Bakr, il vaut mieux que tu te joignes à eux». `Ali répondit: «O Abû `Obaydah! Tu veux transférer ailleurs la grande bénédiction qu'Allah a placée chez la Famille du Prophète! Ecoute! Nous sommes le lieu de la descente de la Révélation, le siège de l'arrivée des Commandements et des Interdictions, la source de la vertu et du savoir, la mine de la sagesse et de l'endurance». Un autre Compagnon, Bachîr Ibn Sa`ïd tenta à son tour de faire infléchir `Ali: «O Abul-Hassan! Lorsque nous avons remarqué que tu es resté à la maison (du fait que tu n'as pas assisté à Saqîfah) nous avons présumé que tu avais renoncé au Califat». `Ali lui dit: «Tes amis estiment-ils qu'il était convenable de laisser le corps du Saint prophète sans lavage, sans mise en bière et sans inhumation, pour pouvoir venir disputer le Califat?».

Selon "Usud al-Ghâbah", `Ali évoqua à ce moment-là ce que le Prophète lui avait dit un jour: «O `Ali! Tu es comme la Ka`bah vers laquelle tout le monde doit se diriger, alors qu'elle, elle ne va vers personne (c.-à-d. qu'elle reste à sa place). Ainsi, si les gens venaient vers toi pour te prêter serment d'allégeance, accepte leur démarche. Ne vas donc pas vers eux, mais attends jusqu'à ce qu'ils viennent vers toi».

Selon "Rawdhat al-Ahbâb", Abû Bakr ayant remarqué que les arguments avancés par `Ali étaient indiscutables, solides et irréfutables, il lui dit aimablement: «O Abul-Hassan! J'avais présumé que tu ne me refuserais pas ton allégeance. Si j'avais su que tu allais refuser de me prêter serment d'allégeance, je n'aurais pas accepté le Califat. Maintenant, les gens m'ont prêté serment d'allégeance, tu devrais faire comme eux. Mais si tu hésites là-dessus, je ne te blâme pas». Sur ce, `Ali se leva et retourna à la maison.

Selon "al-`Iqd al-Farîd" de Chahâb al-Dîn Ibn `Abd Rabbih al-Andulsî, les Compagnons qui refusaient de prêter serment d'allégeance à Abû Bakr étaient: `Ali, Al-`Abbâs, Zubayr et Sa`d Ibn `Ubâdah. `Ali, al-`Abbâs et Zubayr restèrent dans la maison de Fâtimah jusqu'à ce que Abû Bakr envoyât `Omar pour les faire sortir, sous la menace de l'épée, s'il le fallait. `Omar se présenta à la porte de la maison de Fâtimah avec du feu pour l'incendier. Lorsque Fâtimah vit ce qui se passait, elle lui dit: «O fils de Khattâb! Es-tu venu pour mettre le feu dans ma maison?!». `Omar répondit: «Bien sûr, je suis venu dans cette intention, sauf si ceux qui s'y réfugient sortent en promettant leur allégeance à Abû Bakr». Ta'rîkh Abul-Fidâ rapporte cette même version des faits.

Selon "Ta'rîkh al-Tabarî" d'Ibn Jarîr, `Omar se présenta à la maison d'al-Murtadhâ (surnom de l'Imam `Ali) où se trouvaient Talhah, Al-Zubayr et quelques autres Emigrants à l'adresse desquels il s'écria: «Par Allah! Je vais brûler la maison, à moins que vous ne sortiez pour prêter serment d'allégeance».

Selon "Al-Imâmah wal-Siyâsah" d'Ibn Qutaybah Dînûrî, lorsqu'Abû Bakr constata l'absence du groupe des partisans de `Ali parmi les gens qui lui avaient prêté serment d'allégeance, il envoya `Omar pour les lui amener. Ces gens qui se trouvaient dans la maison de `Ali, refusèrent de sortir. `Omar fit apporter des fagots et s'écria: «Sortez, sinon par Allah, je brûlerais les gens qui s'abritent dans la maison en y mettant le feu». Ces gens lui firent remarquer: «Fâtimah, la fille du Prophète y est aussi». `Omar répondit: «Peu importe». En entendant cette menace sérieuse tout le monde sortit de la maison, sauf `Ali qui s'adressa aux gens envoyés par ABû Bakr: «O Emigrants! J'ai droit au Califat plus que personne à tous égards. D'ailleurs vous devez prêter serment d'allégeance à moi. Ecoutez-moi bien. Vous avez obtenu le Califat en brandissant contre les Partisans l'argument de votre lien de sang avec le Prophète, et maintenant vous essayez d'écartez ce Califat des Gens de la Maison du Prophète (Ahl-ul-Bayt). N'avez-vous pas invoqué l'appartenance du Prophète à votre tribu pour faire valoir votre priorité sur les Partisans (Ançâr)? Maintenant je retourne contre vous l'argument que vous avez brandi contre les Partisans, à savoir que nous les Ahl-ul-Bayt, sommes plus proches parents que vous à tous égards, et ce, aussi bien de son vivant qu'après sa mort. Soyez donc justes et aimables, si vous croyez en Allah et que vous Le craigniez. O Emigrants! Rappelez-vous Allah et ne transférez pas la direction du Message du Prophète de sa Maison vers les vôtres». Ensuite Fâtimah dit du seuil de sa porte: «O gens! En nous laissant le corps du Prophète, vous avez détourné en votre faveur l'affaire du Califat, ignorant notre droit».

Selon "Ta'rîkh Ibn Qutaybah", `Omar dit à Abû Bakr après le refus de `Ali de prêter serment d'allégeance: «Pourquoi n'arrêtes-tu pas `Ali pour refus de prestation de serment d'allégeance?». Abû Bakr, envoya alors son esclave Qanfaz pour convoquer `Ali. Qanfaz dit à `Ali: «Le Calife du Prophète d'Allah te demande». `Ali répondit: «Les tiens ont trahi si vite le Prophète». Qanfaz retourna chez Abû Bakr et répéta devant lui ce qu'il avait entendu de la bouche de `Ali. Abû Bakr se mit alors à pleurer pendant un certain temps. `Omar demanda à Abû Bakr une seconde fois: «Ne laisse pas de répit à `Ali qui refuse de te prêter serment d'allégeance». Abû Bakr ordonna à Qanfaz de retourner chez `Ali et de lui dire: «Le Commandeur des Croyants t'appelle pour que tu lui prêtes serment d'allégeance». Qanfaz transmit le message d'Abû Bakr à `Ali, lequel lui dit: «Allah soit loué! Ton maître s'est attribué une parenté avec laquelle il n'a rien à avoir». Qanfaz répéta devant Abû Bakr les propos de `Ali, et Abû Bakr se mit à pleurer de nouveau. `Omar se leva alors, et se faisant accompagner de quelques hommes, il se dirigea vers la maison de Fâtimah et frappa à sa porte. Fâtimah, exaspérée, se mit à pleurer et à crier: «O mon père! O Prophète d'Allah! Quels troubles nous causent le fils de Khattâb (`Omar) et le fils de Quhâfah (Abû Bakr)». Lorsque les gens accompagnant `Omar entendirent les lamentations de Fâtimah, la plupart d'entre eux repartirent, les larmes aux yeux. Seuls quelques-uns d'entre eux restèrent derrière `Omar. `Ali sortit alors de la maison de Fâtimah et les accompagna chez Abû Bakr. Là, ce dernier lui demanda de prêter serment d'allégeance. `Ali lui dit: «Et si je ne le fais pas?!». Abû Bakr répondit: «Par Allah nous te tuerons». `Ali dit: «Allez-vous tuer celui qui est le serviteur d'Allah, frère du Messager d'Allah?». `Omar répondit: «Nous admettons que tu es un serviteur d'Allah, mais nous ne reconnaissons pas que tu sois aussi le frère du Prophète». Abû Bakr était resté silencieux pendant cet échange de propos. `Omar lui dit alors: «Pourquoi ne donnes-tu pas tes ordres et pourquoi restes-tu assis sans faire quelque chose?». Abû Bakr répondit: «Je ne forcerai pas `Ali à prêter serment d'allégeance tant que Fâtimah est vivante». Sur ce, `Ali se leva, et sortant de chez Abû Bakr, il se dirigea vers le tombeau du Prophète, à qui il adressa ses complaintes: «O frère! Les gens de la tribu m'ont insulté tellement, et ils allaient même me tuer...!».

Abû Tharr voyait toutes ces choses incroyables se dérouler sous ses yeux. Le sermon de Ghadîr Khum était ancré dans son esprit. Il imaginait mal que de tels écarts puissent survenir alors que le Prophète venait à peine d'être enterré. Ne supportant plus ce qui se passait, médusé, indigné, sa foi et son amour indéfectible pour la justice, le poussèrent à agir et à réagir. Il se dirigea donc à Masjid al-Nabî, l'esprit révolté, le sang en ébullition. Une fois arrivé à la Mosquée (Masjid al-Nabî) il y vit un rassemblement autour d'Abû Bakr et de `Omar. Il prit place sur un terrain élevé et fit le discours suivant: «O gens de Quraych! Que vous arrive-t-il? تtes-vous inconscients! Vous avez totalement ignoré les proches parents du Saint Prophète! Par Allah, un groupe d'Arabes a apostasié et a suscité des doutes dans la Foi. Ecoutez-moi! Le Califat est le droit des Ahl-ul-Bayt. Cette violence et ces querelles sont injustifiées. Que vous arrive-t-il? Vous estimez capable celui qui est incapable, et incapable celui qui est capable. Par Allah, chacun de vous sait ce que le Prophète a déclaré à maintes reprises, à savoir: «Le Califat et la direction reviendront après ma disparition à `Ali, puis à al-Hassan, puis à al-Hussayn et après à ma progéniture infaillible». Vous avez ignoré la parole du Prophète et le Commandement d'Allah! Vous avez oublié votre engagement et votre promesse. Vous avez obéi aux impératifs de ce monde éphémère et vendu la Vie future qui est éternelle et dans laquelle le jeune ne vieillira pas, les bénédictions seront inépuisables, l'affliction et la tristesse n'auront pas d'existence, et à laquelle l'Ange de la mort n'aura pas d'accès. Oui, vous avez vendu cette inestimable chose pour presque rien. Vous avez fait ce que les peuples des Prophètes précédents avaient fait. Ils rompirent leur allégeance et abandonnèrent leur foi après la mort de leurs Prophètes respectifs. Ils résilièrent les conventions, modifièrent les Commandements et métamorphosèrent la foi. Vous vous êtes montrés semblables à eux. O gens de Quraych! Vous ne tarderez pas à subir les conséquences de vos agissements inconvenables et la punition de votre mauvaise action. Ce que vous avez lancé à travers votre conduite se retournera contre vous. Rappelez-vous! Ce qui vous arrivera, vous l'aurez mérité et sera juste, car Allah n'est pas injuste envers Ses serviteurs» ("Al-Ichtirâkî al-Zâhid", p. 113).

Ce discours montre le courage d'Abû Tharr et confirme le trait principal de son caractère et de sa conduite, à savoir: dire la vérité sans craindre rien ni personne, et ce, quelles que soient les circonstances. En effet, Abû Tharr fit ce discours à un moment où personne n'osait prononcer un mot contre le Pouvoir. L'armée du Calife s'acharnait sur tous les Compagnons qui faisaient preuve d'une velléité d'opposition à l'arrangement de la Saqîfah. Quiconque refusait de prêter serment d'allégeance était décapité. Quiconque hésitait à le faire, était muselé. Un homme aussi courageux et aussi prestigieux que `Ali fut pourtant emmené, le cou attaché à une corde, et un Compagnon éminent aussi intouchable que Salmân al-Farecî fut tellement battu qu'il en gardera des séquelles jusqu'à la fin de sa vie.

Cheikh `Abbâs al-Qummî écrit que Fâtimah, la fille du Prophète, était morte des suites de sa maladie provoquée par la chute sur elle, de la porte de sa maison lorsque celle-ci fut attaquée par les hommes du Calife, venus chercher `Ali pour l'obliger à prêter serment d'allégeance. Selon la volonté et le testament de Fâtimah, `Ali n'informa pas ceux qui avaient troublé la vie de la fille du Prophète, de la mort de celle-ci(35). Lorsqu'il finit de laver le corps de son épouse (Fâtimah), il demanda à son fils al-Hassan d'aller appeler Abû Tharr pour l'aider à l'inhumer. ("Safinat al-Bihâr" de Cheikh `Abâs al-Qummî, Vol. 1, p. 483).

Al-Hâfidh Muhammad Ibn `Ali Ibn Chahr آchûb (mort en 588 H) écrit que la prière funèbre sur Fâtimah fut accomplie par `Ali, al-Hassan et al-Hussayn. Selon une autre version, s'ajoutent à ces noms ceux de `Abbâs Ibn `Abdul-Muttalîb, al-Fadhl, Huthayfah, et Ibn Mas`ûd ("Manâqib ibn Chahr آchûb", Vol., p. 62, imprimé à Multan).

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