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mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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2- la rupture entre la science et la foi:

2- la rupture entre la science et la foi:


Nous avons déjà noté que la science et la foi ne se contredisent pas. Mieux, nous pouvons affirmer qu'elles se complètent également.

Une question pourrait ici se poser: l'une peut-elle remplacer l'autre? Nous avons répondu dans une grande mesure à cette question lorsque nous avons abordé les rôles de la science et de la foi. En effet, la science ne peut remplacer la foi, car celle-ci crée l'enthousiasme et l'espérance, élève le niveau de nos aspirations, transforme nos objectifs fondés naturelle-ment sur l'individualisme et l'égoïsme en des objectifs fondés sur l'amour, la spiritualité, la morale, et change notre contenu intérieur. De même, la foi ne peut suppléer la science car celle-ci nous fait découvrir la nature et ses lois, et elle nous fait connaître nous-mêmes.

Les expériences historiques confirment que la rupture entre la science et la foi a causé le plus grand préjudice à l'humanité. L'homme doit nécessaire-ment avoir la foi à la lumière de la science, car celle-ci immunise cette foi contre la pollution des superstitions.

La séparation entre la science et la foi conduit cette dernière au figement, à la stagnation et au fanatisme aveugle.

Là où le terrain est dépouillé de la science et du savoir, les croyants ignorants deviennent un jouet dans les mains des hypocrites chevronnés. L'exemple en est les Kharijites et leurs semblables à travers différentes époques islamiques.

 

La science, si elle n'est pas doublée de la foi, est comme une épée entre les mains d'un sot téméraire, comme une lampe à la disposition d'un voleur qui s'en sert pour augmenter son butin lors d'un vol.

La nature du comportement des incroyants est toujours la même et ne diffère pas selon les époques. Les incroyants restent, en effet, les mêmes: ceux de notre époque - l'époque de la science - sont comme ceux des époques écoulées. C'est pourquoi on ne constate pas de différence entre des hommes contemporains comme Churchill, Johnson, Nixon, Staline et des hommes passés tels que Pharaon et Gengis Khan.

Peut-être objectera-t-on que la science est une force et une bonne orientation qui ne se limite pas au monde extérieur mais éclaire aussi notre monde intérieur, et qu'elle peut, par conséquent, changer notre contenu intérieur, recréer le monde et l'homme et jouer ainsi, outre son propre rôle: un rôle de foi.

Cette objection est valable, mais la capacité et la force de la science sont celles d'une machine et dépendent de la volonté et des directives de l'homme. Celui-ci peut, en effet, en se servant de la science, faire mieux dans tous les domaines. De là, la science est le meilleur secours de l'homme dans la réalisation de ses buts. Il reste le problème des buts que la science, malgré tous ses développements et découvertes, ne peut changer.

L'homme possède, d'une façon infuse, des propriétés animales; quant aux qualités humaines, il les acquiert. C'est dire que les dispositions humaines apparaissent chez l'homme progressivement, grâce à la foi.

L'homme est poussé par sa nature à la réalisation de ses buts animaux et à la satisfaction de ses désirs personnels et individuels. Il utilise, dans cette voie, tous les outils, y compris l'outil de la science. De là l'impuissance de cet outil à changer la marche de l'homme et à élever ses aspirations.

L'homme a besoin d'une force qui fasse se mouvoir les énergies humaines latentes, déclenche une révolution au plus profond de lui, et l'oriente dans une nouvelle direction. Un tel changement ne peut se faire que par la foi en quelques valeurs et par la pénétration de ces valeurs. Celles-ci sont le produit des tendances sublimes de l'homme, tendances qui émanent à leur tour d'une vision spécifique du monde et de la vie. Cette vision ne peut être engendrée ni par les laboratoires, ni par le contenu des syllogismes et des inductions. C'est ce que nous allons voir plus loin.

La séparation entre la science et la foi a beaucoup nui à l'humanité. C'est du moins ce que l'histoire nous apprend et ce que nous constatons dans notre monde actuel.

Lorsque la foi prévalut sans la science, les efforts humains s'orientèrent vers des questions stériles et conduisirent parfois au figement, au fanatisme, à la fossilisation et à des conflits banals et destructifs. L'histoire nous en offre de nombreux exemples.

De même, lorsque la science se développa loin de la foi, les énergies scientifiques s'orientèrent vers la satisfaction des sentiments de vanité, d'orgueil, et tendirent à l'hégémonisme, à l'exploitation, à la colonisation, à la ruse et à la tromperie. Les deux ou trois derniers siècles pourraient être considérés comme les époques du culte de la science et de l'éloignement de la foi.

Beaucoup de savants se sont imaginés, à un moment donné, que tous les problèmes de l'humanité pourraient être résolus par la baguette magique de la science. Mais l'expérience aboutit à un tout autre résultat. Ainsi, aujourd'hui, il ne se trouve pas un savant qui nie que l'homme ait besoin d'une sorte de foi, extérieure à la science, même s'il ne s'agit pas d'une foi religieuse.

Bertrand Russell, bien qu'il fût de tendance matérialiste, a écrit: "Le travail qui vise seulement un but lucratif ne mènent pas à un résultat utile, il faut effectuer un travail qui comporte la "foi" en quelqu'un, en une doctrine ou en un but"(11).

Les matérialistes, eux aussi, sont aujourd'hui obligés de prétendre qu'ils sont matérialistes sur le plan philosophique et idéalistes sur le plan moral, c'est-à-dire qu'ils sont matérialistes au niveau de la théorie et spiritualistes au niveau de l'action et du but(12).

Comment peut-on être matérialiste au niveau de l'idée et spiritualiste au niveau de l'action ou du but? C'est aux matérialistes eux-mêmes d'y répondre.

Georges Sartin, le savant qui s'est illustré par son célèbre livre "L'Histoire de la Science", affirme l'impuissance de la science à créer des relations humaines entre les hommes et confirme le besoin qu'a l'homme de motivations doctrinales. Il dit à ce propos: "La science a réalisé des triomphes grandioses et merveilleux dans quelques domaines, mais nous nous trompons encore dans quelques domaines - tels que la politique intérieure et internationale - relatifs aux rapports inter-humains"(13).

Georges Sartin affirme aussi que l'homme a besoin d'une foi religieuse et du trio art-religion-science, et dit: "L'art dévoile la beauté; de là, il est une source de bonheur. La religion incite à l'amour..., la science traite avec le vrai, la vérité, la raison et conduit à la sagesse du genre humain (...). Nous avons besoin de ces trois éléments: l'art, la religion et la science. La science, dans sa forme absolue, est nécessaire à la vie, mais elle n'est absolument pas nécessaire toute seule"(14).

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