Jeu05162024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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«Mon dieu fasse que le califat soit jahilite, le règne usurpateur, et les épieux de la terre, les om

«Mon dieu fasse que le califat soit jahilite, le règne usurpateur, et les épieux de la terre, les omayyades»..(92)


Mu'âwiyeh sera-t-il moins ingrat que son père?! La faveur dont le Prophète le gratifia en l'amnistiant et en faisant de lui un de ses scribes - ce qui permit au 2ème Calife de le nommer par la suite Gouverneur de Damas - aura-t-il raison de l'esprit sectaire, tribal et haineux dans lequel son père considérait et regardait la Famille du Messager?!

Rien de moins sûr. Autant le sentiment de haine et de jalousie envers la Famille du Prophète était ancien chez les Omayyades, autant ce sentiment semblait profond chez Mu'âwiyeh. La démonstration en est ce récit incontestable de Matraf Ibn al-Mughirah Ibn Cho'bah, que l'histoire nous laisse comme un document irréfutable:

«Un jour, mon père revenant de chez Mu'âwiyeh (...) refusa de manger et me parut affligé. J'attendis une heure ainsi, pensant qu'il m'en voulait peut-être pour quelque chose qui se serait passé entre nous ou dans notre travail. Je finis par lui demander:

- Je te vois si affligé! Que se passe-t-il?

- Ô mon fils! Je viens de chez l'homme le plus perfide de du monde, dit-il.

- Comment cela? lui ai-je demandé.

- Voilà, lorsque j'ai dit à Mu'âwiyeh:
 

»Ô Commandeur des Croyants! Maintenant que tu as réalisé ce que tu désirais, essaie de te montrer équitable et bon. A présent, tu as vieilli. Tu pourrais faire preuve de bienveillance envers tes frères Bani Hâchim. Par Dieu, il n'y a rien que tu puisses craindre d'eux!», il me répondit:

- Jamais! Jamais! Le frère de Taym(93) a gouverné et il a été juste. Pourtant, par Dieu, dès qu'il est mort, sa mémoire a été enterrée avec lui. Puis, c'est le frère de 'Adi(94) qui a gouverné pendant dix ans. Pourtant, par Dieu, dès qu'il est mort, sa mémoire a été enterrée avec lui. Enfin c'était notre frère 'Othman qui a gouverné. C'était un homme d'un lignage au niveau duquel aucun homme ne pouvait s'élever. Il a fait ce qu'il a fait, et on lui a fait ce qu'on lui a fait. Pourtant, par Dieu, dès qu'il est mort, sa mémoire a été enterrée avec lui, ainsi que ce qu'on lui avait fait. En revanche, le frère de Hâchim(95) est proclamé cinq fois par jour avec cette formule: "J'atteste que Muhammad est le Messager de Dieu". A part cela (la mémoire du Messager), toute autre action sera totalement enterrée!».(96)

Quel Musulman pourrait regretter avec un tel sentiment de frustration que l'on prononce pendant les cinq Prières quotidiennes (le pilier de l'Islam), le second volet de la profession de foi de l'Islam: "et j'atteste que Muhammad est le Messager de Dieu"? Quel tribalisme! Quelle conception de l'Islam et de la Prophétie!

Pis, si le père de Mu'âwiyeh, Abu Sufyiân, réduit à un homme sans pouvoir ni gloire depuis la victoire de l'Islam sur les Jahilites, ne pouvait que manifester sa haine envers la famille du Prophète, sans parvenir à lui porter réellement atteinte, Mu'âwiyeh, lui, par contre, fort de tous les pouvoirs qu'il avait su accumuler surtout sous le mandat du 3e Calife, a traduit ce sentiment haineux, en actes détestables qui font la honte de l'Islam, des Compagnons et de tout Musulman pieux!

Ecoutons ce que dit à cet égard al-'Allamah 'Aboul A'lâ al-MAWOUDI, qui n'épargne pourtant pas d'effort pour ménager Mu'âwiyeh:

«Une autre hérésie hideuse est apparue sous Mu'âwiyeh. Celui-ci et - avec lui et sur ses ordres - ses gouverneurs injuriaient notre maître 'Alî du haut de leurs chaires. Ce qui est plus grave encore, ils le maudissaient - lui qui était le plus aimé du Prophète parmi ses proches parents, et le plus proche de son noble cur - du haut de la Chaire de la Mosquée même du Prophète, devant la maison du Prophète et en présence des fils et des plus proches parents de notre maître 'Alî, lesquels entendaient ces injures».

Et d'ajouter, indigné:

«Injurier quelqu'un après sa mort est déjà une chose contraire à l'éthique humaine, et ce, sans compter qu'elle est aussi contraire à la Chari'a. Pis, mêler le Prône de la Prière du vendredi à de telles bassesses était du point de vue religieux et moral une action grossière et trop détestable».(97)

Poussant cette haine irréductible jusqu'à son paroxysme, Mu'âwiyeh n'a pas hésité à assassiner, décapiter et mutiler les cadavres de ces Musulmans pieux, de ces Compagnons augustes qui avaient pour seul tort de s'opposer à cette pratique abjecte et contraire à l'esprit et aux préceptes de l'Islam que constituait le fait de proférer des injures à l'égard de la Famille du Prophète lors de la prière du vendredi.

Là encore citons Aboul A'lâ al-Mawdoudi en gage d'impartialité:

«Cette pratique nouvelle - l'assassinat des Compagnons qui refusaient d'injurier l'Imam 'Alî a été inaugurée par Mu'âwiyeh avec l'assassinat, en l'an 41 H. de Hojr Ibn 'Adi, un Compagnon auguste, un adorateur ascète, l'un des plus grands, pieux de la Ummah. En effet lorsque la pratique d'injures et d'invectives proférées du haut de minbar (chaire) contre l'Imam 'Alî fut instituée, les Musulmans des quatre coins du monde s'en étaient affligés tout en se taisant douloureusement. Toutefois, notre maître Hojr, n'a pu le supporter. Aussi s'est-il mis à louer l'Imam 'Alî et à critiquer sévèrement Mu'âwiyeh (...).

»Un jour, Ziyâd, le Gouverneur omayyade de Kûfa et de Basrah ayant retardé la prononciation du prône du vendredi (parce qu'il était occupé à injurier l'Imam 'Alî), Hojr protesta contre ce retard. Il fut tout de suite arrêté avec douze de ses compagnons. On les transféra tous au siège de Mu'âwiyeh. Celui-ci ordonna qu'on les tue.

Les bourreaux dirent à Hojr:

- Mu'âwiyeh nous a donné l'ordre de vous proposer de renier 'Alî et de le maudire. Si vous acceptez, vous serez libres; sinon nous vous tuerons.

Hojr et ses Compagnons refusèrent et dirent:

- Nous ne ferons pas ce qui courrouce Dieu.

»Sur ce, Hojr fut exécuté avec sept de ses compagnons. Mu'âwiyeh renvoya un autre des compagnons de Hojr à Ziyâd avec une lettre dans laquelle il lui demandait de le tuer de la façon da plus horrible. Ziyâd s'exécuta et l'enterra vivant!»(98)

Commentant cette atrocité de Mu'âwiyeh, Aboul A'lâ al-Mawdoudi écrit:

«Cet événement a fait trembler d'indignation tous les hommes pieux et bouleversa toute la Communauté Musulmane».(99)

S'il est difficile de trouver les mots justes pour qualifier la haine de Mu'âwiyeh envers les membres de la Famille du Prophète, les crimes barbares qu'il a commis contre eux sont encore plus inqualifiables. Poursuivant son énumération des sauvageries commises par les gouverneurs de Mu'âwiyeh avec son consentement ou à son instigation, Aboul A'lâ al-Mawdoudi ajoute:

«Plus injuste encore, était ce que Bosr Ibn Arta'ah a commis lorsque Mu'âwiyeh l'a envoyé au Hijâz et au Yémen pour les arracher au contrôle de notre maître 'Alî (le Calife en titre). Il a arrêté deux petits enfants de 'Obeidullah Ibn 'Abbas, le gouverneur de Yémen, représentant d'Ali, et les a tués.

»Leur mère a perdu la tête, traumatisée par le choc. Une femme de Bani Kanânah, voyant cette injustice, s'est écriée (à l'adresse de Yosr):

- Tu as tué les hommes, d'accord. Mais pourquoi ces deux enfants! Par Dieu, pas plus à l'époque jahilite que sous l'Islam, on n'aurait jamais commis un tel acte. Ô fils d'Abi Arta'ah! Un pouvoir qui ne s'établit que par l'assassinat impitoyable d'enfants et de vieillards, et par l'ingratitude envers le prochain est un pouvoir de mal.

»Mu'âwiyeh ne s'arrêta pas là. Il envoya par la suite ce même Bosr, à la tête d'une expédition contre Hamdân - sous le contrôle du gouvernement de 'Alî. Là, il ajouta à ces autres crimes celui de mettre en captivité les femmes Musulmanes arrêtées à la suite d'une bataille, ce qui est strictement interdit par le Chari'a (...).

»C'était là une proclamation publique de la liberté totale - accordée aux gouverneurs et aux commandants - de la pratique de l'injustice envers les peuples sans s'embarrasser d'aucune loi de la Chari'a».(100)

Non content de sévir de la sorte contre les femmes et les enfants innocents de la Famille du Prophète et de ses partisans, Mu'âwiyeh encouragea la mutilation de leurs cadavres, comme pour exorciser la haine qui le rongeait contre cette Famille bénie. Citant Ahmad Ibn Hanbal et Ibn Sa'ad, Aboul A'lâ al-Mawdoudi constate:

«De même, à cette époque (de Mu'âwiyeh) s'est répandue la décapitation de cadavres et l'envoi des têtes coupées d'un lieu à un autre. En outre on a assisté au retour d'une pratique courante à l'époque jahilite, que l'Islam avait interdite catégoriquement: les méthodes les plus horribles de profaner et de mutiler les cadavres. La première tête coupée - sous l'Islam - fut celle de notre maître Ammâr Ibn Yâcir. En effet, Ibn Hanbal a rapporté dans son "Mosnad" d'après une chaîne de transmission saine (Çahih) - ainsi que Sa'ad dans "Al-Tabaqât"- un récit relatant comment la tête de notre maître 'Ammâr fut coupée pendant la guerre de Çiffîne et amenée à Mu'âwiyeh à Damas où elle fut l'objet d'une exposition itinérante, avant d'être jetée dans le giron de sa femme...»(101)

«On fit subir le même sort sauvage et horrible à Muhammad Ibn Abi Bakr gouverneur d'Egypte, nommé par notre maître 'Alî. Lorsque Mu'âwiyeh s'empara de l'Egypte, il le tua, mit son cadavre dans la peau d'un âne mort et le brûla».(102)

Après avoir énuméré les exemples de mutilation et de profanation de cadavres, pratique devenue monnaie courante chez les Omayyades depuis que Mu'âwiyeh l'avait inaugurée, Aboul A'lâ al-Mawdoudi conclut par cette interrogation indignée:

«Même si on oublie que ces gens dont on a mutilé et profané les cadavres après leur mort étaient de grandes figures augustes Musulmanes, on doit se poser la question suivante: Est-ce que l'Islam a autorisé cette pratique même contre les mécréants...»(103)

Si ces crimes abominables dont l'Islam refuse la perpétration même contre ses pires ennemis, s'expliquent par la haine héréditaire que les Omayyades vouaient à la Famille du Prophète de l'Islam et à ses fidèles, cette même haine semble susciter chez ses tenants un sentiment d'irrespect envers les prescriptions du Message qu'Abou Sufiyân considérait - comme nous l'avons vu - comme une affaire personnelle des Bani Hâchim.

Soulignant comment les "rois-califes" omayyades n'ont pas hésité à "passer outre les prescriptions et les restrictions de la Chari'a pour préserver leurs intérêts personnels, servir leur politique personnelle et surtout pour conserver leur pouvoir", et comment ils ne se souciaient guère de distinguer "le licite" de "l'illicite", Aboul A'lâ al-Mawdoudi écrit:

1- «Selon Ibn Kathîr, Mu'âwiyeh a changé la Tradition du Prophète et des Califes-Bien-Dirigés en ce qui concerne la "diyyah"(104). Ainsi alors que la "diyyah de Mu'âhid(105) était égale à celle du Musulman, Mu'âwiyeh l'a réduite à la moitié, conservant l'autre moitié pour lui-même».(106)

2- «De plus, Mu'âwiyeh a enfreint de façon flagrante le Livre de Dieu et la Sunna du Prophète quant à l'argent des butins. Alors que le Livre de Dieu et la Sunna du Prophète stipulent que le cinquième du montant des butins doit aller à la Trésorerie et que le quatre cinquième restant doit être réparti entre les soldats qui ont participé au combat, Mu'âwiyeh a donné l'ordre d'exclure l'argent et l'or des biens du butin, pour se les attribuer, et de distribuer seulement les autres composants dudit butin selon la règle légale».(107)

3- «De même, Mu'âwiyeh a commis - pour des raisons politiques personnelles - une infraction à l'une des évidences de la noble Chari'a, lorsqu'il a rattaché Ziyâd Ibn Somayyeh à son lignage. En effet ce dernier était le fils d'une esclave de Tâ'if nommée Sommayyeh. II est né d'un accouple-ment adultérin qui eut lieu avant l'avènement de l'Islam, entre cette femme et Abou Sufiyân, le père de Mu'âwiyeh (...) Voulant soumettre à lui ce garçon devenu un homme doué, et désirant en faire son protecteur et son soutien, Mu'âwiyeh fit venir deux témoins pour attester que Ziyâd était le fils naturel de son père, donc son propre frère et un membre à part entière de sa famille. Or, outre le fait que cette action était en soi détestable sur le plan moral, elle était illégale sur le plan juridique, car la Chari'a ne reconnaît pas la filiation adultérine et le jugement émis par le Prophète à ce sujet ne laisse aucune équivoque: "Le fils est issu du lit conjugal, alors que la liaison adultérine exclut tout droit à la filiation"».(108)

Ainsi, le fils d'Abou Sufiyân qui dissimulait à peine ce mépris pour les nobles principes de la Chari'a qu'avait apportée le Prophète Hâchimite, n'était pas quelqu'un que le prestige de l'Imam al-Hassan et sa haute position dans la Ummah arrêtaient. Tout au contraire, le fait d'avoir pour adversaire, le petit-fils du Prophète, semblait lui fournir l'occasion idéale d'étancher sa soif de pouvoir et d'assouvir la haine Ommayade envers celui qu'il considérait au plus profond de lui-même comme l'héritier de tous ceux qui avaient réduit les siens au rang de Tulaqâ'(109)

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