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mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Ii- le récit des "gens de la droite"

Ii- le récit des "gens de la droite"



Le milieu des "Gens de la droite" au Paradis est caractérisé par les éléments suivants:

1- «Ils se tiendront au milieu de jujubiers sans épines»(118) ce qui épargne au consommateur de ces jujubiers tout effort d'en enlever les épines lorsqu'il veut en manger;

2- «d'acacias bien alignés»(119): une sorte de fruit ou de plante qui se distingue par son goût délicieux ou par la beauté de sa forme;

3- «des ombrages spacieux»(120): dont l'effet ne risque pas d'être aboli par le soleil;

4- «d'une eau courante»(121): inépuisable pour le consommateur;

5- «des fruits abondants»(122): qui ne disparaissent à aucune saison et dont les bénéficiaires ne seront privés pour aucune raison;

6- «des lits élevés»(123): qui peuvent être soit des tapis élevés soit le symbole des houris.

Ce qui nous intéresse dans cette description, c'est d'abord son lien avec notre conduite terrestre, et c'est ensuite sa différence avec la description du milieu eschatologique (paradisiaque) des "Premiers", et le rapport de cette différence à notre conduite terrestre également.

 

Concernant la différence entre les deux milieux paradisiaques, destinés respectivement à chacune des deux catégories de personnages précitées, elle est très évidente.

Ainsi, les hauts degrés de luxe ou de bien-être (relatif aussi bien au lieu de séjour qu'au boire, au manger et au service) que nous avons remarqués dans la description du milieu paradisiaque des "Premiers" ont totalement disparu ici (dans la description du milieu paradisiaque des Gens de la droite).

Par exemple, lorsqu'on parcourt tous les versets coraniques qui décrivent (dans différents endroits et à diverses occasions) les "lits" ou les "tapis" au Paradis, on constate que la seule fois où les lits sont décrits comme étant tressés, c'est-à-dire tissés et enchevêtrés, c'est lors de la description du milieu des "Premiers". Il en va de même pour ce qui concerne la qualité du "service" dont bénéficient ceux-ci: nulle part ailleurs dans le Coran, on ne retrouve réunies les "cratères", les "aiguières" et les "coupes", comme elles le sont ici. On remarque la même chose pour la qualité de la nourriture, puisque le seul endroit où il est question de manger la chair des oiseaux, c'est lorsqu'il s'agit des "Premiers".

Ces détails sont, à n'en pas douter, très significatifs, et porteurs d'un message: la satisfaction des besoins dans la vie de l'Au-delà est directement proportionnelle à la non-satisfaction des désirs (ou des besoins) dans la vie terrestre. En d'autres termes plus on fait de sacrifices (de désirs et de besoins) dans la vie d'ici-bas, plus ces désirs et besoins seront satisfaits dans l'autre monde.

Les "Premiers" sont l'élite de l'humanité, des gens pieux et proches d'Allah, qui n'ont jamais fait montre d'une conduite reprochable.

Tandis que ceux qui sont classés derrière ou après eux, ils oscillent selon différents degrés entre la bonne conduite et l'erreur, mais en règle générale, ils orientent leurs regards vers Allah et consacrent leurs énergies au service de la "lieutenance" de l'homme sur terre.

Pour illustrer l'expression "différence de degrés" dans l'obéissance à Allah qui les caractérise, disons que la personne qui se dévoue totalement à Allah dans ses actions et activités n'est pas pareille à celui dont la bonne oeuvre ne se dépouille pas totalement de relents d'égoïsme. De même celui qui accourt au champ de bataille pour le Jihâd est traité différemment par Allah de celui qui reste éloigné du combat sur le chemin d'Allah, et celui qui fait le Jihad avec son sang n'a pas la même récompense que celui qui se contente de faire le Jihâd avec son argent ou ses biens.

Moralité, répétons-le encore: le message idéologique du récit est que: autant le croyant renonce à la satisfaction de ses désirs égoïstes dans la vie terrestre, autant il aura des satisfactions dans la vie de l'Au-delà. En d'autres termes le degré de la satisfaction dans la vie future est proportionnel au degré du renoncement dans la vie de ce bas-monde. Telle est la leçon à tirer de ce récit coranique.

Peut-être ce qui renforce cette vérité est-ce le rappel par lequel le récit a débuté la description des "Gens de la gauche", après avoir terminé la description du milieu des "Premiers" et celui des "Gens de la droite".

En effet, le récit commence la description des "Gens de la gauche" par ce prologue:

«Ils vivaient auparavant dans le luxe».(124)

Or qu'est-ce que le luxe, sinon le sommet de la satisfaction des désirs!

Certes, le récit en parlant par la suite des attitudes des "Gens de la gauche" fait un lien entre ces attitudes et la négation du Jour dernier; mais en fait, c'est le luxe dans ce bas-monde qui se trouve à l'origine de cette négation. Et c'est cela qui explique pourquoi le concept de "luxe" a constitué le début de la narration et est venu avant d'évoquer la négation du Jour dernier par ces "Gens de la gauche".

Par ce procédé romanesque, le récit veut signifier que le luxe ou la recherche de la satisfaction des désirs se trouve à l'origine ou derrière toute attitude négative, peu importe que celle-ci se traduise par la négation du Jour dernier ou par la préférence donnée aux jouissances de la vie d'ici-bas.

La personne qui s'abstient de s'engager dans le Jihâd tout en croyant en sa légitimité, agit ainsi parce qu'elle reste attachée au luxe de ce bas-monde, avec tout ce que ce luxe comporte d'attachement à la vie et à ses attraits.

De la même façon, celui qui s'adonne à la duperie, aux mensonges, à la tromperie, à la calomnie, au dénigrement, ou qui fait montre de vanité, d'esprit de dominance etc., incarne sans aucun doute la recherche du luxe de ce monde avec sa jouissance éphémère.

Certes, le plus haut degré du "luxe" demeure incarnée par la négation du Jour dernier, mais cela ne signifie nullement que les croyants soient dégagés pour autant de leur responsabilité lorsqu'ils donnent la priorité au "luxe" de la vie d'ici-bas dans leurs actes et comportements quotidiens.

Peut-être la différence que le récit a établie entre les "Premiers" et les "Gens de la droite", en la liant d'abord au degré de renoncement aux désirs de ce monde, ou au "luxe", et en la liant par la suite au phénomène de "luxe" par lequel a débuté le récit des "Gens de la gauche", nous suggère-t-elle, d'une façon artistique indirecte, la nécessité de comprendre ce message idéologique: notre renoncement aux désirs, dans notre conduite terrestre reste le seul critère de la place qui nous sera réservée dans le Ciel, et c'est le degré de ce renoncement qui détermine le niveau de l'étage auquel nous aurons droit dans l'échelle des valeurs célestes.


* * *

Lorsque nous suivons la description du milieu infernal, nous remarquons que l'enfoncement de ses personnages dans le "luxe" terrestre est symétrique à leur enfoncement dans le supplice céleste. En effet le récit commence par l'introduction de toutes les caractéristiques du contexte ou milieu sensoriel auquel est confronté celui qui s'y trouve:

«Les compagnons de la gauche! Quels sont donc les compagnons de la gauche?

»Ils seront exposés à un souffle brûlant, dans une eau bouillante, sous une ombre de fumée chaude...»(125)

Il y a ainsi trois stimulateurs ou excitateurs: souffle brûlant, eau bouillante, fumée chaude.

Le sens du toucher qui demeure la matière qui subit le supplice est associé aux sens de l'ouïe et de la vue, outre le sens de l'odorat (le souffle et la fumée). Il suffit que la terreur de la brûlure soit associée à la terreur du souffle brûlant et à celle de la fumée pour que le supplicié ressente l'immensité de la terreur que subissent quatre de ses sens: le toucher, l'odorat, la vue et l'ouïe.

En outre, le cinquième sens, le "goût", a droit à une séquence particulière que le récit lui consacre, en s'adressant aux négateurs:

«Vous mangerez les fruits de l'arbre Zaqqoum; vous vous en emplirez le ventre».(126)

Ceci concernant le manger.

Quant au boire: «vous boirez ensuite de l'eau bouillante; vous boirez comme des chameaux altérés».(127)

Donc tous les organes des sens qui reçoivent les stimulateurs et les traduisent en réactions physiques et psychologiques se conjuguent pour infliger le supplice au supplicié, ce qui révèle l'étendue de la terreur par opposition à l'étendue du "luxe", ou l'étendue de la différence entre l'obéissance et la désobéissance et les degrés qui les séparent dans la conduite terrestre avec la conséquence de celle-ci sur le milieu de l'Au-delà.
 
 

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