1. Un Modèle de Démonstration Philosophique de L'Existence de Dieu:
A propos de ces différentes formes de l'existence, une question se pose: leur différence est-elle une simple différence quantitative du nombre de molécules et d'éléments, et des relations mécaniques entre eux? Ou bien, s'agit-il d'une différence qualitative et modale(27), traduisant des degrés différents de l'existence et des étapes de l'évolution et du perfectionnement? En d'autres termes, la différence entre la Terre et l'Homme qui en est issu, est-elle numérique seulement, ou bien une différence entre deux degrés de l'existence, deux étapes de l'évolution et du perfectionnement, comme la différence entre une lumière faible et une lumière intense?
L'Homme a cru d'une manière infuse, depuis qu'il s'est posé cette question, que ces formes représentent des degrés de l'existence et des étapes du perfectionnement. La vie est un degré supérieur de l'existence par rapport à la matière et le degré lui-même, n'est pas absolu; il est subdivisé lui aussi en sous-degrés. Plus la vie acquiert un nouveau contenu, plus elle exprime un degré supérieur. C'est pourquoi, la vie de l'être sensible et pensant exprime un degré supérieur à la vie du végétal et ainsi de suite.
Mais la pensée matérialiste s'est opposée à cette vérité depuis deux siècles parce qu'elle croyait à la conception mécanique de l'interprétation de l'univers, selon laquelle le monde extérieur se compose de corpuscules identiques qui sont affectés, dans le cadre de lois générales, par des forces simples, attractives et répulsives, dont la fonction se borne au rôle de catalyseur, permettant aux corpuscules de se mouvoir et de se déplacer. Par cette action d'attraction et de répulsions mutuelles, des particules se rassemblent. D'autres se dispersent, permettant ainsi, à la matière de se diversifier. C'est pourquoi le matérialisme mécanique réduit l'évolution et le mouvement à un simple déplacement de corps et de corpuscules dans l'espace. Il a expliqué la diversité des formes de la matière par les différentes façons de rassemblement et de répartition de ces corpuscules, et a exclu de ces transformations la création de tout élément nouveau, affirmant que la matière ne croit pas dans son existence, ni ne se développe dans son évolution, mais qu'elle se rassemble et se disperse comme un pâté que la main façonne en différentes formes, sans qu'il acquière rien de nouveau.
Cette hypothèse a été inspirée de la science mécanique, - première des sciences à être libérale dans ses méthodes de recherche - et encouragée par les succès que cette science a réalisés dans les découvertes des lois du mouvement dynamique et dans l'interprétation sur la base de ces lois - des mouvements habituels des corps ordinaires - y compris les mouvements des astres dans l'espace.
Mais la continuation de l'évolution de la science et l'extension des méthodes de la recherche scientifique vers d'autres domaines divers ont démontré la fausseté de cette hypothèse et son incapacité d'expliquer mécaniquement tous les mouvements mécaniques, et de contenir, d'autre part, toutes les formes de la matière dans le cadre du mouvement mécanique des corps et des corpuscules d'un endroit à l'autre. Quant à la science, elle a confirmé ce que l'Homme a perçu naturellement, à savoir que la diversité des formes de la matière ne s'explique pas par le simple déplacement de ces corpuscules, d'un point à l'autre, mais par une variété d'évolutions qualitatives et modales. Les expériences scientifiques ont démontré qu'une combinaison numérique de corpuscules ne représente ni une vie, ni une sensibilité, ni une pensée; ce qui nous met devant une conception totalement différente de celle que le matérialisme mécanique nous présente. Car aussi bien dans la vie que dans la sensation ou la pensée, nous assistons à un processus de véritable développement de la matière et à une évolution qualitative dans ses degrés d'existence, et ce, quel que soit le contenu de cette évolution qualitative: matériel (exprimé par le passage d'un degré à un autre plus élevé) ou immatériel.
Récapitulons pour résumer les trois postulats que nous venons d'énumérer. Ce sont:
1. Chaque événement a une cause.
2. "l'inférieur" ne peut être la cause du "supérieur".
3. La diversité des degrés de l'existence et la variété modale dans notre univers.
A la lumière de ces trois postulats, nous savons que nous rencontrons dans les formes qualitatives évoluées un véritable développement, c'est-à-dire un perfectionnement dans l'existence de la matière ainsi qu'une croissance qualitative. Nous sommes en droit, dès lors, de nous interroger sur l'origine de cette croissance et de nous demander comment ce supplément nouveau est apparu alors que chaque événement a une cause, comme nous venons de le souligner?
Il y a deux réponses à cette interrogation:
1. Ce supplément proviendrait de la matière elle-même, laquelle était, à l'origine, dépourvue de vie, de sensibilité et de pensée, mais qui les aurait créées a travers son évolution; autrement dit, la forme inférieure de l'existence serait la cause de l'existence de la forme supérieure en degré et la plus riche en contenu.
Mais cette réponse est en contradiction avec le deuxième postulat précité et selon lequel la forme au degré inférieur ne peut être la cause d'une forme d'existence supérieure en degré et plus riche en contenu. Car la supposition selon laquelle la matière morte et dépourvue de vie peut donner à elle-même ou à une autre matière, la vie, la sensibilité et la pensée, ressemble à la supposition selon laquelle un individu qui ignore la langue anglaise peut l'enseigner; ou à celle selon laquelle une lumière faible peut nous fournir une lumière plus forte, telle la lumière du Soleil par exemple; ou encore à celle selon laquelle un pauvre désargenté peut financer des projets capitalistes.
2. Ce surplus résultant de l'évolution de la matière provient d'une source dotée de toute la vie, de toute la sensibilité et de toute la pensée dont il est lui-même pourvu; et cette source, c'est Dieu. Seigneur des Mondes. Dans ce cas, la croissance de la matière (le surplus) n'est qu'un développement et une éducation accomplis par la Sagesse, la conduite et la Maîtrise du Seigneur:
"Et très certainement, nous avons créé l'homme d'un choix d'argile, puis nous l'avons consigné, goutte de sperme dans un reposoir sûr, puis nous avons fait du sperme un caillot, puis du caillot nous avons créé un morceau de chair, puis du morceau de chair nous avons créé des os, puis nous avons revêtu de chair les os. Ensuite, nous en avons produit une tout autre créature. Béni soit Dieu, donc le meilleur des créateurs!". (Coran XXIII, 12-14)
C'est la seule réponse qui concorde avec les trois postulats en question. Elle peut fournir une interprétation raisonnable du processus de la croissance et du perfectionnement intervenus dans les formes de l'existence sur ce vaste univers.
Cette démonstration que le Coran fait allusion à travers plusieurs versets, en s'adressant à la nature saine de l'homme et à sa raison normale:
"Voyez-vous donc cela que vous éjaculez: est-ce vous qui le créez? ou si c'est nous le créateur?". (Coran LVI, 58-59)
"Voyez-vous donc cela que vous cultivez; est-ce vous qui le cultivez? ou si c'est Nous le cultivateur?". (Coran LVI, 63-64)
"Voyez-vous donc le feu que vous obtenez en frottant: est-ce vous qui en produisez le bois? ou si c'est Nous le producteur?". (Coran LVI, 71-72)
"Il est de Ses signes de vous avoir créés de poussière; puis vous voilà des hommes qui se dispersent". (Coran, XXX, 20)