Mar05072024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Les facteurs de l'exaucement du Do'â'

Les facteurs de l'exaucement du Do'â'


Autant les Textes islamiques nous recommandent d'accepter le non-exaucement du do'â', autant ils incitent à ne jamais désespérer de la Miséricorde d'Allah et à rechercher les moyens de faire aboutir nos prières de demande et à connaître et suivre les règles de bonne conduite qui favorisent notre exaucement.

Mais avant d'entamer le développement de ce sujet, il est nécessaire de remettre en mémoire quelques faits que nous avons signalés précédemment, à savoir qu'en règle générale et en principe: qui dit do'â' dit exaucement, ou en d'autres termes le do'â' appelle l'exaucement, alors le non-exaucement est l'exception à la règle. Toutefois, et c'est un fait difficile à admettre de prime abord, l'exception pourrait se produire plus que la règle, c'est-à-dire que le non-exaucement (l'exception) l'emporterait sur l'exaucement (la règle). Par exemple, pour trois voeux que nous formulerions dans notre Prière de demande, nous n'en aurions qu'un seul d'exaucé, et même aucun bien entendu. Mais alors, comment serait-il possible de nous convaincre que l'exaucement soit la règle, lors bien même que le non-exaucement serait le plus fréquent ?

Écoutons ce que les Textes islamiques nous affirment pour mieux comprendre ce qui nous semblerait être un paradoxe :

- «Parmi tous les actes de piété, le do'â' est le plus aimé d'Allah».

- «Le do'â' est la moelle (la meilleure partie) de la piété».

- «Ne te lasse pas de faire le do'â', car il occupe une haute position auprès d'Allah».

 

- «Le plus incapable des gens est celui qui se montre incapable d'accomplir le do'â'».

Tous ces hadith définissent pour nous l'importance du do'â' en général. Ils nous suggèrent que de même qu'il nous est demandé de nous adonner aux actes de piété recommandés: la multiplication de la Prière, l'aumône, l'aide du prochain etc... (abstraction faite des avantages terrestres qu'on pourrait en tirer ou non), de même il nous est demandé d'accomplir le do'â' en tant qu'acte recommandé, qui sera par conséquent récompensé. Bien plus, et ce qui pourrait paraître surprenant, à la question : «Vaudrait-il mieux la multitude de la Lecture ou la multitude du do'â' ?» qui a été posée à l'Imam (p), celui-ci répondit :

«La multitude du do'â'».

Et l'Imam (p) de corroborer son avis de ce verset coranique :

«Dis: Mon Seigneur ne se souciera pas de vous sans votre Do'â'» (Sourate al-Furqân, 25: 77)

Donc la recommandation de la multitude de do'â', sans tenir compte de son exaucement ou non, recèlerait sûrement des secrets particuliers.

Venons-en à présent aux facteurs de l'exaucement du do'â' et aux règles de conduite qui s'y rapporte.

L'Imam al-Sâdiq (p) dit :

«Le do'â' est la source de l'exaucement de même que les nuages sont la source de la pluie».

La signification de ce hadith est on ne peut plus claire: de même que les nuages débouchent forcément sur la pluie, de même le do'â' appelle nécessairement l'exaucement. Ce qui confirme donc la règle que nous avons évoquée plus haut, à savoir que notre Prière de demande est en principe suivie d'exaucement, si, bien entendu, elle est accomplie dans le respect des conditions et des règles de conduites qui lui sont inhérentes.

La première condition de l'exaucement du do'â' doit être notre certitude (la conviction) quant à son exaucement. En effet le Prophète dit à ce propos :

«Priez en ayant la certitude d'être exaucés».

Que signifie ce hadith et quels enseignements faut-il en tirer ? De prime abord ledit Hadith ne semble porter aucune signification particulière puisque nous savons tous qu'il est absurde d'accomplir un do'â' tout en étant préalablement désespérés de voir notre prière exaucée. On peut penser aussi que cette recommandation nous suggère qu'au cas où, atteints d'un grand malheur qui nous accule dans un désespoir total quant à la possibilité de nous y soustraire (en croyant par exemple, que notre malheur serait le produit d'un Décret divin ou un destin prescrit par la Volonté divine), nous ne devrions quand même pas cesser de prier. Mais lorsque nous examinons ce Hadith dans son contexte, nous réalisons qu'il suggère ceci : «Priez et ne dites pas que le sort est jeté, car il y a auprès d'Allah une position (où le Décret divin est susceptible de modification) qui ne peut être obtenue que par la Prière de demande».

Donc notre connaissance ou notre conviction que notre malheur serait un destin prescrit, ne justifie nullement notre abandon du do'â'. Bien plus, le Texte laisse entendre clairement que nous ne devrions pas nous laisser gagner par le désespoir ni délaisser le do'â', lors bien même que le sort est jeté réellement (notre malheur est la conséquence du Décret divin) et non selon notre simple conjecture.

Écoutons ce que l'Imam (p) nous dit à ce sujet :

«Je vous recommande le do'â', car le do'â' s'adresse à Allah et la demande est envoyée à l'Attention d'Allah, Lequel peut conjurer un malheur, décrété et décidé par Lui, et dont il ne reste que l'exécution. Et si entre-temps on Le prie et Lui demande d'écarter le malheur, Il l'écarte».

Cette recommandation explique la portée du do'â', ses effets et buts, ainsi que l'attitude que le priant doit prendre lorsqu'il accomplit le do'â'. En premier lieu, elle nous suggère que le malheur est décrété et le sort est jeté, ce qui pourrait nous conduire à désespérer, quant à la possibilité de nous échapper à ce qui nous est imparti. Mais rapidement elle laisse entendre qu'une lueur d'espoir se pointe quand même à l'horizon «il n'en reste que l'exécution». Donc la décision n'est pas tout à fait irréversible, ni sans appel, tant qu'elle n'est pas encore mise à exécution.

Et enfin, elle nous dit comment procéder pour échapper à ce décret: «en priant Allah et en Lui demandant de conjurer le malheur». Là le désespoir s'estompe pour laisser réapparaître la lueur de l'espoir dans le coeur du priant.

Ceci confirme donc ce que nous avons dit au début de cette section: lorsque nous nous mettons à prier, nous devrions avant tout avoir la certitude et la ferme conviction que notre prière sera exaucée, lors bien même que la Décision est prise.

Maintenant, ayant bien appris que le do'â' doit dans tous les cas de figure, être associé dans l'esprit du priant à la conviction et à la certitude de son exaucement, et que le recours à Allah conjure même le malheur décrété, essayons de remplacer le mot malheur par le mot aisance ou bonheur, pour formuler une nouvelle question: la nécessité de notre conviction et certitude quant à l'exaucement de notre prière, lorsque nous prions pour conjurer un malheur, vaut-elle aussi lorsque nous accomplissons le do'â' dans l'aisance (et non lorsque nous sommes dans les difficultés ou le malheur) ? Ou en d'autres termes, l'exaucement de notre do'â', dans une situation d'aisance, est-il conditionné là aussi par notre certitude et notre conviction que notre prière sera exaucée ?

Nous savons déjà que Les Infaillibles (P) nous recommandent de nous adonner au do'â' dans toutes les situations : aussi bien quand nous sommes dans l'aisance que dans la difficulté. Mais on objecterait que le do'â' est une prière de demande, c'est-à-dire une demande de satisfaction d'un besoin. Or le besoin engendre un état psychologique de tension que nous appelons difficulté. Que signifie dès lors le recours au do'â' en l'absence de besoin ou de difficulté? Et que signifie encore la recommandation de la pratique du do'â' dans l'aisance comme la difficulté ?

Il faut savoir tout d'abord que le do'â' ne signifie pas seulement la demande de satisfaction d'un besoin terrestre, sa portée va bien au-delà pour embrasser ce qui est bien plus important: la pratique de notre devoir cultuel ou d'adoration conformément à ce qui nous est demandé, ou en un mot l'acquittement de notre tâche existentielle pour laquelle nous avons été créés, comme le dit Allah :

«Je n'ai créé les Djins et les hommes que pour qu'ils M'adorent». (Sourate al-Thâriyât, 51:56).

Font partie de la tâche existentielle :

- La demande de la satisfaction des besoins liés à notre Vie future;

- La glorification, la sanctification d'Allah etc. (thikr).

- La prière pour autrui... et bien d'autres actes cultuels que nous mentionnerons dans le chapitre des «sujets du do'â'».

Ce qui importe maintenant, c'est de clarifier le sens de l'«aisance» et de son rapport à la «difficulté» ou la «tension», puisque l'Islam nous recommande d'accomplir dans l'aisance un acte (le do'â') censé manifestement nous secourir dans une situation de tension et de difficulté.

Notons tout d'abord, que les Textes islamiques nous demandent et recommandent de faire acte de reconnaissance et de gratitude envers Allah, lorsque nous jouissons de l'aisance et des bienfaits divins. Cet acte se traduit par des do'â' spécifiques qu'on trouve dans le Coran et dans les Hadiths des Infaillibles (P).

Notons ensuite que les Textes islamiques nous demandent et recommandent de nous protéger du malheur ou des difficultés par le do'â', lorsque nous vivons dans l'aisance.

Maintenant examinons deux recommandations islamiques relatives à ce sujet pour essayer de comprendre pourquoi il faut prier dans nos situations d'aisance pour conjurer des malheurs éventuels qui nous guetteraient ?

- La première recommandation dit :

«Quiconque anticipe la Prière de demande (de protection), serait exaucé si le malheur venait à le frapper. Car on (les Anges) dit alors : "C'est une voix familière" et on ne l'empêche pas de parvenir au Ciel. Mais celui qui ne fait pas le do'â' par anticipation, ne sera pas exaucé, s'il venait à être frappé par le malheur, car les Anges diraient alors : " C'est une voix inconnue" ».

- La seconde recommandation précise :

«Celui qui craint d'être atteint d'un malheur à venir, et qui prie par anticipation (pour s'en prémunir), Allah ne le fera jamais voir ce malheur».

Bien que la signification de cette seconde recommandation soit implicitement indiquée dans la première, nous la mentionnons à part en raison de son caractère indépendant.

Lorsque nous examinons de près la première recommandation, nous constatons qu'elle implique une conversation entre les Anges, dont les uns disent aux autres qu'ils entendent des voix familières et d'autres inconnues. Que veulent-ils dire exactement par là ? «Que la voix de ce priant-ci, qui fait le do'â' lorsqu'il se débat dans les difficultés ne nous est pas familière, car il ne prie pas Allah lorsqu'il jouit dans l'aisance. Nous allons donc empêcher sa voix de parvenir au Ciel. Tandis que la voix de ce priant-là, qui implore Allah dans toutes les circonstances, nous est connue, donc elle pourra franchir les barrières».

Ainsi, le message est clair: il faut prier constamment et dans toutes les circonstances afin que notre do'â' lors d'un malheur soit exaucé.

Il en va de même pour la seconde recommandation : elle se résume comme suit : si nous accomplissons le do'â' par crainte d'être frappé d'un malheur à venir, notre do'â' sera exaucé, si le malheur venait à nous frapper effectivement. Mais pourquoi ? La réponse est claire. Il nous est demandé de maintenir des rapports constants et permanents avec le Miséricordieux. Car, même dans nos relations avec les gens ordinaires, si nous traitions avec les autres qu'en fonction de nos intérêts et que nous les contactions uniquement lorsque nous avons besoin d'eux, ces relations seraient froides, artificielles et dépouillées de toute dimension humaine. Que dire alors de nos relations avec notre Créateur !

Le Hadith suivant du Prophète (P) résume parfaitement tout ce qui vient d'être dit à cet égard:

«Rappelle-toi Allah quand tu es dans l'aisance, IL S'occupera de toi lorsque tu t'empêtreras dans la difficulté».(6)


* * *

L'un des facteurs de l'exaucement du do'â' est de faire précéder (ou de commencer) la Prière de demande par la glorification d'Allah et la prière sur Son Prophète (P) et les Membres bénis de Sa Famille (Les Ahl-ul-Bayt -p-).

«Pourquoi cela?» peut s'interroger un esprit rationnel. Rappelons d'abord qu'il n'appartient pas au priant, ou à quiconque traite avec Allah en général, de rechercher absolument les secrets ou les causes cachées des instructions de la Charia concernant les modalités de l'accomplissement de ses devoirs religieux. Cependant lorsque nous interrogeons les textes islamiques relatifs à ce sujet, nous pouvons découvrir grâce à notre clairvoyance, nos expériences de la vie, ou notre culture, une partie de ces secrets.

Écoutons donc ce que l'Imam Ali (p) dit à cet égard :

«Il faut faire les louanges d'Allah et prier sur Son Prophète, avant de formuler les voeux, car lorsque l'un de vous va voir quelqu'un pour lui demander de lui rendre un service, il doit commencer par le saluer (ou lui dire un mot aimable) avant d'exposer sa requête».

L'Imam al-Sâdiq (p), quant à lui, dit à peu près la même chose :

«Si quelqu'un d'entre vous demande à Allah de lui satisfaire un besoin, qu'il commence par Le louanger et Le complimenter, car lorsqu'un homme a un besoin chez le gouvernant, il lui dit la plus belle parole qu'il soit capable de dire».

Ces deux recommandations prennent à témoin nos expériences de la vie quotidienne, pour nous dire que les règles naturelles de la politesse requièrent que nous adressions les meilleures paroles à des gens ordinaires ou de haut rang social, lorsque nous avons besoin d'eux, et que par conséquent le Très-Haut mérite bien plus que quiconque d'être louangé pour les bienfaits que nous Lui demandons de nous accorder. Mais on objectera qu'Allah est loin d'avoir besoin de nos compliments, alors que les hommes si, et que subséquemment la comparaison ne tient pas debout. Et nous répondons que, certes, Allah est la Perfection même et qu'Il n'a absolument besoin de rien ni de personne, mais qu'il s'agit d'apprendre à l'homme d'acquitter ses devoirs cultuels de la meilleure façon. Nous savons tous en effet, que l'être humain fonde tout son comportement sur une valeur (quelle qu'elle soit). Or, pour ce qui nous concerne, étant conscients qu'Allah est notre Créateur et le Créateur des valeurs auxquelles nous croyons, ne devrions-nous pas, spontanément et en nous fondant sur ces valeurs elles-mêmes, apprécier au plus haut degré leur Créateur ?! Bien plus, ne devrions-nous pas nous sentir coupables de manquement à notre devoir cultuel à cet égard !? Surtout lorsque nous nous référons à cette affirmation des Infaillibles (P) : «Allah n'est jamais adoré comme Il le mérite vraiment» ou en d'autres termes, nous ne louangeons jamais assez notre Bienfaiteur Suprême. C'est seulement lorsque nous prendrons conscience de l'insuffisance criante de nos témoignages de reconnaissance envers notre Créateur, que nous comprendrons le sens et le pourquoi de la recommandation de commencer notre Prière de demande par l'éloge d'Allah. Sachant que cette conscience cultuelle n'est le fait que de l'élite des serviteurs d'Allah, il ne nous est pas difficile de saisir que cette recommandation vise à entraîner et à éduquer le commun des mortels, à se comporter le plus parfaitement possible avec Allah. Ainsi, nous nous entraînons d'abord à sortir de notre ego pour nous diriger objectivement vers Allah en Le glorifiant. Nous nous entraînons ensuite à la prise de conscience qu'Allah s'ouvre à Son serviteur autant que celui-ci s'ouvre à Lui, en Le glorifiant.

Ce qui précède explique partiellement le pourquoi de la recommandation de la glorification d'Allah par laquelle on doit commencer le do'â'. Passons maintenant à la justification de la recommandation de la prière sur le Prophète d'Allah et sur les membres bénis de sa Famille (les Ahl-ul-Bayt).

Les Infaillibles (le Noble Prophète et les Imams d'Ahl-ul-Bayt -P-) constituent l'Élite qu'Allah a choisie parmi les serviteurs, en tant que pratiquant la piété et l'obéissance à Allah à la perfection. À ce titre, leur amour des gens constitue l'un des traits de leur conduite. De là, leur position particulière auprès d'Allah d'une part, et leur amour des gens d'autre part, expliquent en partie pourquoi nous devons prier sur eux avant de demander la satisfaction de nos besoins, sans oublier qu'en priant sur eux, nous nous exerçons en fait à nous départir de notre ego, à sortir des murs de nous-mêmes vers l'extérieur, pour porter notre intérêt à des valeurs plus sublimes, aux autres, c'est-à-dire être altruiste ou cultiver notre altruisme(7) et notre abnégation.

Un autre facteur de l'exaucement du do'â' consiste à prier de mémoire (par coeur) pour les autres ou pour nos frères musulmans en général. Cette règle de politesse du do'â' revêt une importance particulière, car elle a trait à l'hygiène psychologique (ou mentale) et vise, entre bien d'autres, à entraîner le croyant à l'acquisition et à l'apprentissage d'un comportement sain et normal. En effet, l'un des traits les plus saillants de la personnalité normale ou saine est le détachement du soi, d'une part, et l'ouverture sur les autres, d'autre part. Le détachement du soi consiste à ne pas concentrer notre intérêt sur nous-mêmes et à ne pas nous soucier de nous-mêmes, ou en un mot, être non égoïste; et l'ouverture sur les autres signifie : nous soucier principalement des problèmes et des soucis des autres, ou en un mot être altruiste.

Les spécialistes de l'hygiène psychique s'accordent pour affirmer que le fait de s'occuper et de se soucier des soucis des autres fait oublier nos propres soucis. Autrement dit, lorsque nous nous occupons et préoccupons d'autrui, nous n'avons plus le temps de nous en faire pour nos propres affaires et nos propres soucis. Or quelle manne pour l'homme et quelle meilleure santé psychique que d'être mis hors d'atteinte du stress et des angoisses qu'engendrent généralement les soucis personnels! À cet avantage de taille que nous procure notre comportement altruiste s'ajoute un autre qui en dérive ou s'y enchevêtre : notre do'â' pour autrui est un entraînement à l'amour d'autrui ; or l'amour d'autrui c'est l'essence de la constitution humaine, car sans l'amour l'homme est dépouillé de son humanité.

Précisons avant de présenter les recommandations de prier pour autrui, que celles-ci font partie évidemment des recommandations islamiques qui nous incitent à nous ouvrir aux autres dans toute notre conduite et non seulement pendant le do'â'. Mais ici nous nous limitons bien entendu au cadre de la Prière de demande. Passons en revue les recommandations qui nous occupent : L'Imam al-Redhâ (p)dit :

«Il n'y a pas un Musulman qui prie pour ses frères et soeurs croyants et Musulmans, vivants ou morts, sans qu'Allah ne lui attribue des récompenses au nom de chaque croyant et chaque croyante depuis qu'Il a envoyé Adam et jusqu'à la résurrection de l'Heure».

Il est clair que cette recommandation nous invite à prier à tous les Musulmans, et nous promet pour cela une immense récompense. Mais ce qui mérite notre attention dans ladite recommandation, c'est sa portée psychologique aussi, puisque le simple fait de nous soucier des affaires et du sort des autres (que nous ne connaissons pas) rehausse notre conduite au niveau du sommet de l'altruisme, du désintéressement et de l'abnégation, ou de la conduite normale et saine. Car la recommandation nous suggère que plus le nombre des croyants pour lesquels nous prions augmente, plus notre récompense sera élevée, et plus notre altruisme s'élargit, plus le caractère sain de notre conduite s'affirme.

En ce qui concerne notre prière pour un frère ou nos frères en général, nous remarquerons que les recommandations des Infaillibles (P) laissent entendre que notre récompense ne sera pas seulement spirituelle ou eschatologique mais également terrestre, et expliquent la raison de ces récompenses par notre amour de nos frères :

«La Prière de demande, dite par coeur, pour ton frère, t'apportera la subsistance, éloignera de toi le malheur, et tu obtiendras une récompense spirituelle».

«Lorsque les Anges entendent un croyant prier pour son frère croyant par coeur ou dire du bien de lui, ils diront : "Quel bon frère tu es pour ton frère! À cause de ton amour pour ton frère, tu es exaucé».

Il ressort de ces Textes que la Prière de demande en faveur de nos frères nous apporte des avantages que nous n'aurions pas si nous priions pour nous-mêmes: l'exaucement de notre do'â', le redoublement de la récompense spirituelle, la croissance de la subsistance, l'éloignement de malheurs etc. Tout ceci renforce donc notre motivation de continuer à prier pour nos frères, développe en nous par conséquent la tendance à l'altruisme et contribue en fin de compte à l'équilibre et à l'hygiène psychiques de notre personnalité, car le fait d'être assurés de notre gagne-pain de la sorte, sans passer par un conflit d'intérêt ou de compétition avec les autres - conflit qui engendre en nous généralement la tension et la haine - mais bien au contraire par notre bienveillance envers eux, nous avons tout intérêt à cultiver notre allocentrisme(8) en nous souciant de nos frères.

On remarque d'autre part que les recommandations précitées, nous demandent de prier «par coeur» pour nos frères et de prier pour eux avant de prier pour nous-mêmes dans nos do'â'. La raison de cette priorité donnée à l'autre aux dépens de soi-même, s'explique facilement, puisque nous savons déjà que la prière pour autrui vise à cultiver en nous l'altruisme, et que faire passer l'intérêt des autres avant l'intérêt personnel ne fait que confirmer et renforcer cet altruisme.

Les recommandations de prier pour autrui visent encore d'autres objectifs, dont le développement du sentiment collectif ou social. Il s'agit d'entraîner les croyants à la transformation de leurs sentiments individuels en sentiments sociaux et communs. En fait la Prière de demande pour un frère ou pour les croyants en général constitue un acte social et non individuel, puisque l'acte social se réalise par l'établissement d'une relation entre deux parties, c'est-à-dire entre deux individus ou plusieurs, entre les membres d'un groupe, d'une communauté, d'un peuple ou d'une société. De quelle façon le do'â' peut-il engendrer ce sentiment collectif ?

L'Imam al-Sâdiq (p) dit :

«Il n'y a pas un groupe de quarante personnes qui se réunissent pour prier les uns pour les autres en vue de la réalisation de leurs voeux sans qu'Allah ne les exauce».

Il n'est pas difficile de constater que cette recommandation concorde avec l'ensemble et les différentes recommandations islamiques qui nous invitent à coopérer entre nous, les croyants, à échanger des visites, à nous aider les uns les autres, à nous solidariser, à établir des liens permanents entre nous, à consolider constamment nos liens, à nous aimer les uns les autres, à engendrer en nous l'esprit collectif au détriment de l'esprit individualiste. Donc l'importance particulière de l'accomplissement du do'â' de cette façon collective réside en ceci que lorsque ces quarante croyants se réunissent pour prier les uns pour les autres en vue de l'exaucement de leurs voeux respectifs, ils ont la garantie d'être tous exaucés d'une part, et gagnent d'autre part un avantage social de taille: la constitution d'un groupe solidaire ou la consolidation de leurs relations sociales.

Il y a une autre forme de do'â' collectif ou commun qui mérite d'être soulignée. Elle consiste en la réunion de deux parties en vue d'une prière de demande commune. Dans cette réunion une partie se charge de formuler le do'â', l'autre de prononcer le mot "âmmine" après la formulation faite par la première. Cet acte social accompli par deux individus ou deux parties sous-tend un acte commun entre les deux participants qui sont mus par les mêmes sentiments et qui poursuivent le même but (l'exactement, comme l'ont fait les quarante individus).

Les deux modes précités d'accomplir le do'â' appartiennent à un même type de do'â' commun et favorisent l'exaucement de celui-ci. Une autre recommandation confirme l'importance de ce mode de do'â' et nous dit que si nous voulons que notre Prière de demande soit exaucée, nous devrions inviter des frères croyants à un repas et leur demander de prier pour nous à table. Ces différents hadiths soulignent donc la pertinence de la pratique sociale ou collective du do'â', pratique qui a l'avantage de nous apprendre un comportement sain et de contribuer à l'exaucement de nos voeux.

Nous avons déjà traité de certaines règles de politesse du do'â', telle celle qui requiert que nous commencions celui-ci par les louanges d'Allah, la prière sur le Prophète (P) et ses Ahl-ul-Bayt (p) etc...

À présent nous allons aborder d'autres règles de politesse du do'â', dont certaines concernent le rapport du priant aux finances ou plus précisément au gain et aux dépenses, et d'autres se rapportant à ses gestes et à sa tenue corporelle.

Mais quel rapport y a-t-il entre le mode de gagner ou les activités mercantiles du priant et l'exaucement du do'â' ? dira-t-on.

Lorsqu'on examine les Textes législatifs islamiques, on remarque que les recommandations du gain et de la recherche du revenu légal y occupent une grande place. En fait, ces recommandations ne se rapportent pas uniquement à la question de l'exaucement du do'â', mais dépassent de loin ce cadre pour concerner l'ensemble de la conduite cultuelle de l'homme en général et ses conséquences sur son destin eschatologique. L'une des raisons de cette insistance sur le comportement financier du croyant tient sans doute au caractère impérieux de l'instinct du gain et de la possession de la nature humaine. Car si l'on admet que les pulsions, les instincts ou les inclinations de l'homme sont répartis entre ce qui est impérieux (dont la satisfaction est impérative) tel que le besoin de nourriture (le manger et le boire), ce qui est nécessaire, tel que le besoin de logement, de vêtements etc., et ce qui est accessoire ou secondaire, tel que le besoin de loisirs, de voyage, de confort etc., on constate que l'argent est le moyen par excellence dont l'homme se sert pour satisfaire toutes ces catégories de besoins. Cela revient à dire que notre effort en vue de nous procurer de l'argent demeure notre premier souci ou notre première obsession, abstraction faite de la nature légale ou illégale du moyen utilisé. Ceci dit, notre vie terrestre étant une épreuve à laquelle Allah nous a soumis, la législation islamique nous commande de ne recourir qu'aux moyens légaux (le gain halâl) pour satisfaire nos besoins. Et si le gain légal ou halâl favorise l'exaucement de notre do'â', c'est parce qu'il se rapporte à la purification du corps et du coeur, conformément au principe qui veut que celui qui purifie son argent purifie nécessairement son corps et son coeur, car la purification du corps est liée à la nourriture saine et pure qui le développe, et conduit à la purification du coeur (ou de l'esprit), donc au psychisme de la personnalité, puisque comme on le sait - les psychiatres et les psychologues le confirment - le fondement chimique influe sur les aptitudes mentales et psychiques pendant toutes les étapes du développement de l'homme : de l'enfance à la maturité.

Si le gain légal - le revenu - est l'un des moyens de la purification de l'argent, un autre moyen de cette purification est l'aumône - les dépenses -. Et comme il y a un rapport de cause à effet entre la purification de l'argent et l'exaucement du do'â', les Textes islamiques présentent l'aumône comme un facteur de l'exaucement de notre Prière de demande. Ce rapport de causalité s'explique d'autant plus facilement que la législation islamique insiste sur la nécessité pour les croyants de dépenser (sacrifier) une partie de leurs biens sur le Chemin d'Allah et d'offrir généreusement l'aumône aux nécessiteux afin de s'approcher d'Allah, de gagner Sa faveur et de se conformer aux exigences de leur épreuve terrestre, laquelle passe comme nous l'avons dit par le sacrifice. D'autre part, de même que nous subvenons au besoin de quelqu'un par notre aumône, de même Allah nous en récompense par la satisfaction de notre besoin ou par l'exaucement de notre Prière de demande. Par ailleurs, lorsque nous offrons une aumône à un nécessiteux, il est normal que celui-ci prie pour nous en signe de reconnaissance. Or, nous avons noté plus haut, que la Prière de demande faite par une tierce personne en notre faveur a plus de chance d'être exaucée que celle que nous faisons pour nous-mêmes. De là, on peut comprendre l'importance du rôle de l'aumône dans l'exaucement du do'â'.

Passons à l'autre catégorie de règles de la politesse du do'â, ou de facteurs de son exaucement. Il s'agit de la tenue corporelle du priant. Par tenue corporelle nous entendons l'attitude corporelle du priant, les expressions corporelles: le fait de lever les mains vers le ciel, abaisser la tête, courber le buste, pencher le cou etc, ainsi que toute autre expression corporelle qui exprime le recueillement, l'humilité et la servitude devant le Tout-Puissant. Pour mieux comprendre le rôle de l'attitude corporelle du priant dans l'exaucement de sa Prière, il faut se rappeler ce qui à été dit à ce propos lorsque nous avons abordé la place des pleurs ou de l'affectation des pleurs pendant le do'â'. Nous avons montré comment le versement de larmes (expression extérieure) reflète l'état intérieur ou psychique (la tendresse du coeur, entre-autres). Certes, les expressions extérieures diffèrent les unes des autres, mais elles versent toutes dans un seul et même confluent: le recueillement, la componction et l'humilité devant le Pourvoyeur des besoins. Écoutons ce que l'Imam Ali al-Redhâ (p) dit à l'un de ses compagnons, qui lui avait demandé la raison du lever de nos mains pendant le do'â' :

«Allah a prescrit à Ses créatures différentes sortes de culte ou de témoignage de servitude... Ainsi, Il leur a prescrit, lors du do'â', de la requête et de l'imploration, le lever des mains vers le ciel par soumission, comme signe de servitude et d'humilité envers Lui...».

Si on contemple ce Hadith, on voit bien qu'il établit un lien entre le principal trait de l'attitude du serviteur vis-à-vis du Créateur (la servitude absolue) et le trait spécifique de son attitude lors du do'â': la soumission. Ceci dit, il est clair que le do'â' étant une prière de demande de la satisfaction d'un besoin, l'état d'âme associé au désir ardent de la réalisation de notre voeu, nous impose de faire montre d'humilité devant la Source de la Satisfaction ou le Pourvoyeur des besoins.

L'Imam al-Sâdiq (p) nous fait découvrir une autre raison de ce lien entre le lever des mains et l'exaucement du do'â' :

«Il n y a pas un serviteur qui tend la main vers Allah, le Puissant, le Terrible, sans qu'Allah ne se sente gêné de la retourner vide et n'y mette tout ce qu'Il veut de la Grâce de Sa Miséricorde».

Sachant que c'est notre main qui est censée recevoir ce que nous demandons ou sollicitons, nous pouvons saisir toute la signification du fait «qu'Allah ne la retourne pas vide». Et c'est ce que nous aurons l'occasion de développer dans d'autres chapitres.




********************************   Notes   **********************************

1. Thikr: l'invocation d'Allah sous ses différentes formes: les louanges d'Allah, la glorification, le takbîr, le tahlîl (proclamer; La ilâha illâ-llâh, il n'y de Dieu qu'Allah) etc.

2. Voir, par exemple, "Mafâtîh al-Jinân", de Cheikh Abbâs al-Qummî.

3. "Béhaviorisme," Encyclopédie Microsoft (R) Encarta (R) 97. (c) 1993-1996 Microsoft Corporation.

4. Sourate Ghâfir, 40:60.

5. Sourate al-Baqarah, 2:186.

6. Rapporté par Abû-l-Qâcim Ibn Buchrân dans son "Amâlî", en citant le témoignage d'Abû Hurayrah.

7. L'altruisme est une doctrine qui considère le dévouement à autrui comme la règle idéale de la moralité. (Voir "Le petit Robert), Ndt.

8. Allocentrisme : Attitude psychologique qui consiste à considérer les autres comme centre d'intérêt. (Le Petit Robert) Ndt.

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#1 RE: Les facteurs de l'exaucement du Do'â'cim 31-01-2013 23:26
quelle la periode dattente pour lexaussement dun doua,,,

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