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mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Les Imams Et Le Pouvoir

Les Imams Et Le Pouvoir



On peut voir dans l'imamisme une tentative de recréer l'âge d'or du vivant de Mahomet, en dotant la communauté d'une guide inspiré divinement, dont les attributions seraient les mêmes que celles du prophète, à l'exception de la révélation. La «théorie» de l'imamat s'élabora graduellement et n'atteignit son plein développement qu'après la disparition du douzième imam.

Dès 684, le chef d'un groupe de rebelles, Mokhtar, partisan de l'imam Ali le Hanafite, avait donné au shisme sa dimension escatologique et ésotérique en insistant sur le rôle de l'imam comme «mahdi», c'est-à-dire «celui qui est guidé au sens absolu» par Dieu. Au cours du siècle suivant, le sixième imam, Ja‘far Al Sadeq, donna un sens plus spirituel à l'imamat, en renonçant à s'impliquer dans l'action politique avant le moment propice, et insista avant tout sur ses fonctions d'intercession auprès de Dieu et de transmission du savoir.
Une autre figure importante est celle de Ali Al Reza qui, nommé comme successeur par le calife Al Mammoun, fut empoisonné en 818, peut-être par Al Mammoun lui-même, que l'opposition populaire avait contraint de renoncer à son projet. La personnalité de Ali Al Reza, passionné d'études de médecine et de théologie mais peu intéressé à la politique, exprime bien «le malentendu général pesant sur la conception shiite du pouvoir : la revendication de légitimité ne semble pas destinée à diriger réellement le gouvernement historique des hommes, mais à rassembler les musulmans dans un projet religieux où le politique devient secondaire [11].»

Partant d'une position idéaliste et empreinte de martyrologie, les imams ne se révélèrent pas plus que Ali et Hoseyn des chefs politiques «efficaces». En fait, leur situation devenait de plus en plus inconfortable : «Prétendants théoriques au pouvoir, politiquement impuissants, soutenus par des partisans mécontents des califes ommayades et abbasides, se réfugiant dans une justification ésotérique de leur quiétisme, les imams gênaient tout le monde.
Présents physiquement, ils démentaient certaines des allégations que leur prêtaient les Shiites. Absents, leur "efficacité" eschatologique ne pouvait plus être mise en cause et l'aspiration au retour de leur règne de justice trouvait une quasi-réalité [12].»

La tradition des imams cachés qui se développa en réponse à ces contradictions était une nouvelle tentative de concilier un impossible idéal et une réalité toujours décevante. Le shiisme se scinda dans deux directions opposées : le shiisme duodécimain glissa vers l'apolitisme et la collaboration avec le pouvoir califal, tandis que le shiisme ismaélien prenait la tengente révolutionnaire.

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