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mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Le Shiisme Révolutionnaire : Les Ismaéliens

Le Shiisme Révolutionnaire : Les Ismaéliens



Outre les nombreuses révoltes qui secouèrent le pouvoir abbasside dans tout le monde arabe, on retrouva le shiisme ismaélien au coeur de l'État des Qarmates au Barheim, au Yémen, et finalement à l'origine de la révolution qui mènera à l'établissement de la dynastie fatimide en Égypte.

Issu d'une branche de l'imamisme qui avait conservé la pureté doctrinale des origines, le Califat fatimide est le premier et le seul État shiite imamiste de l'histoire; en d'autres termes, il s'agit de ce qu'on pourrait appeler le seul cas d'«immamisme réel», le retour eschatologique de l'imam comme mahdi n'étant plus rejeté dans un avenir indéfini mais considéré comme réalisé.

Mais comme on pouvait s'y attendre, la dynastie fatimide ne parvint pas à satisfaire les attentes que l'on avait envers elle : «L'établissement d'un État et d'une dynastie impliquait des exigences très différentes de celles que requérait une secte d'opposition radicale semi-clandestine. Au tout début, les pieux renâclèrent et accusèrent les nouveaux califes de compromission, et de trahison envers les principes fondamentaux de l'ismaélisme [13].»

Si les idéaux et le respect des principes religieux en prenaient pour leur rhume, en revanche l'absolutisme califal était bien loin de se voir ébranlé : «Au sommet se trouvait l'imam infaillible, monarque absolu gouvernant par droit héréditaire directement issu de la volonté divine, laquelle avec sanctifié sa famille [14].» Avec le temps, le Califat fatimide subit une dégradation assez comparable à celle du Califat Abbasside, perdant les appuis de ses partisans ismaéliens alors qu'il devenait de plus en plus dépendant de princes et militaires sunnites pour mâter les révoltes de ses anciens partisans; il fut jeté à terre par Haroun Al Rachid et l'ismaélisme, qui ne s'était jamais implanté au delà des classes dirigeantes, disparut entièrement d'Égypte.

Entre-temps, une querelle de succession avait donné naissance à l'ismaélisme réformé d'Alamut. L'imam désigné, Nizar, avait été déposé par un coup d'État militaire et remplacé par son frère Al Mustali. Les partisans de Nizar, les Nizarites, ou Assassins, durent s'exiler et prirent la place forte d'Alamut, dans les hauts plateaux du Nord de l'Iran, sous la direction de Hasan as-Sabbah, qui annonça le retour prochain du Mahdi, l'imam Nizar; mais finalement, son propre petit-fils se déclara lui-même iman. En Égypte, l'histoire n'était pas terminée puisque Al-Amir, fils de Al Mustali, fut assassiné par les Nizarites. Le fils de Al Amir, Al Tayyib, disparut et fut dès lors considéré par les partisans de Al Mustali comme le mahdi attendu.

Ce mouvement de dissémination atteignit son paroxysme chez les Assassins. À ce stade, n'importe quel chef charismatique pouvait se déclarer imam, et ne s'en privait d'ailleurs pas. Cet éclatement est certainement la conséquence de la «matérialisation» de l'imamat, devenu fonction politique réelle, et aussi de l'importance accrue que le shiisme ismaélien accordait à la gnose, réduisant d'autant le rôle de la connaissance exotérique et, par le fait même, celui du Coran et de la tradition. Quant à la secte des Assassins, elle ne dépassa jamais la dimension d'une place forte rebelle, capable de résister et d'infliger des pertes aux nouveaux détenteurs du pouvoir, les Turks Seljoukides, mais incapable de former un véritable État.

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