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Koufa: La cité et l’école islamiques

Koufa: La cité et l’école islamiques

Walid Abdul-Amir Alwan

Il avait raison l’historien qui avait qualifié l’Irak par les termes suivants: "Sous chaque mètre du territoire irakien il y a une cité et une civilisation, et sur chacun d’eux on trouve une ville et une civilité".

Koufa, est l’une des plus importantes villes islamiques que les Musulmans avaient fondées depuis le début de leurs conquêtes. Cette ville qui allait être la capitale de l’Etat islamique, abrite la plus ancienne mosquée de l’Irak, après celle de Bassora, ainsi que le Minbar de l’Imam Ali Ben Abi Taleb et la chambre dans laquelle il avait résidé, et le lieu de prière où il fut tué en martyre.

Dans cette ville, il y a aussi l’école où avait étudié Jabir Ibn Hayyane, que les Occidentaux nomment "le père de la chimie" et où ont été élaboré l’une des plus belles écritures arabes, avec laquelle fut écrit le Coran, ainsi que les grandes lignes de la grammaire arabe grâce à Abou Aswad Adda’ouli, dont l’école grammaticale est devenue célèbre et rivalisait, au niveau de la méthodologie et des outils, avec celle de Bassora. Environ 70 Compagnons du

Prophète (PSL) qui ont connu la bataille de Badr y ont vécu, ainsi que Ammar Ben Yasser et Abdullah Ben Mas 'oud. Le plus grand poète arabe Al Mutanabbi y est né.

L’Imam Ali l’avait qualifiée de "cerveau des arabes, flèche de Dieu, trésor de foi et maison d’exode des Musulmans". C’est tout cela Koufa.

Le site et l’appellation

La ville de Koufa est située à 156 km au sud de la capitale Bagdad et à seulement 10 km de Nadjaf. Elle se trouve dans un beau site, au bord du fleuve Euphrate et au milieu de forêt et de palmeraie. Elle fut appelée Koufa, selon les uns car elle avait une forme circulaire et fut le lieu de rassemblement des gens (du verbe arabe "takawwafa" qui signifie se rassembler). D’autres estiment que ce nom se réfère à son sol formé du mélange de la terre et des cailloux. Située à

22 m au-dessus du niveau de la mer, elle fut épargnée par les crues de l’Euphrate.

Histoire de la ville

La ville de Koufa est considérée comme l’une des plus importantes villes islamiques fondées dès le début de l’Etat Musulman, sous le règne de Omar Ben al Khattab. Elle fut construite en tant que garnison militaire, pour protéger Médine. Ses premières maisons furent construites en roseaux sur ordre de Saad Ben Abi Wakkass en l’an 17 de l’Hégire (H). Mais, après qu’elles aient été ravagées par le feu, elles furent reconstruites en briques sous le règne de Al- Moughira Ben Chaâba. Cette garnison fut divisée en sept zones, chacune réservée à une tribu et cela dura jusqu’au temps de l’Imam Ali, en l’an 36 de l’Hégire. Ce régime fut changé par le wali Ziad Ben Abih en l’an

50 H et remplacé par une division en 4 zones.


L’importance de cette ville s’était accrue lorsque l’Imam Ali l’avait prise comme capitale de l’Etat musulman en l’an 36 H (657) avec l’appui de plusieurs Compagnons, après sa victoire dans la bataille du chameau. Ainsi, elle était devenue un centre de l’activité scientifique, grâce notamment à son rôle commercial et par sa position sur la route du Pèlerinage à La Mecque.

Mais, avec l’avènement des Abbassides en l’an 132 H, la ville déclina, notamment avec la construction de Al-Hachimiya près d’elle et le transfert de la capitale à Bagdad en l’an 145 H. De nombreux hommes de sciences et de lettres l’avaient quittée pour s’installer dans la nouvelle capitale. Toutefois, après le transfert de la capitale à Samarra, sous le règne du khalife Al-Moatassim, Koufa a connu une certaine renaissance et s’était élargie à la région de l’Euphrate central (Kerbela- Babel- Addiwana). Puis, après l’essor de la ville de Nadjaf, proche d’elle, au milieu du 3ème siècle de l’Hégire, Koufa a connu elle aussi une certaine prospérité.

Mais, au début du 5ème siècle de l’Hégire, elle déclina jusqu’à devenir de simples ruines. Sa situation demeura ainsi jusqu’à la fin de la dynastie Ottomane, au début du 20ème siècle, où elle a commencé à renaître de ses cendres.

Koufa aujourd’hui

L’importance de cette ville provient du fait qu’elle abrite la deuxième plus vielle mosquée musulmane, après celle de Bassora; mais qui est la première du point de vue architectural, et du fait qu’elle a le plus célèbre Minbar musulman d’où l’Imam Ali prononçait ses discours d’une forte teneur rhétorique.

Son importance est également due au Musalla (esplanade de prière) de l’Imam Ali et au Mihrab sur lequel fut tombé en martyr alors qu’il y effectuait la prière de l’aurore en l’an 40 H. On y trouve également le lieu où l’Arche de Noé avait été porté après le Déluge, certains lieux de saints qui sont passés par cette mosquée, la maison de l’Imam Ali lorsqu’il était Khalife et le puits avec l’eau de laquelle il fut lavé après sa mort. Près de cette mosquée, il y a la tombe de Moslim Ben Aqil. La ville abrite aussi les vestiges du palais de l’émirat, où habitait le wali de la ville.

La maison de l’Imam Ali


La maison de l’Imam Ali est mitoyenne du palais de l’émirat. Elle fut construite après son refus d’habiter dans ce palais lors de son Khalifat. Cette maison a une superficie de 300 m. Elle a été récemment restaurée. La maison comporte une cour se terminant par un long couloir qui fait une courbe vers la droite, afin d’éviter que les étrangers puissent voir les femmes qui sont à l’intérieur. Au bout, il y a la chambre où l’Imam dormait et recevait les gens et où il fut lavé après son assassinat.

Près d’elle, se trouve le puits, d’où la famille s’approvisionnait en eau et d’où ses deux fils Al Hassan et Al Hussein avaient puisé l’eau pour le laver après sa mort. L’eau de ce puits est particulièrement pure et douce. Aussi, les

visiteurs en boivent pour bénéficier de ses qualités exceptionnelles. L’eau y a une profondeur d’une 10 de mètres et elle est puisée grâce à un seau. Près de cette chambre, on trouve celle de ses deux fils Al Hassan et Al Hussein, appelée maintenant, la bibliothèque de Al Hassan et Al Hussein. Les récits historiques indiquent qu’elle fut réservée à la lecture du Saint Coran. Cette chambre dispose de ce que les Irakien appellent "razouna", une sorte de rayons ou étagères dans les murs où l’on met des livres, notamment le Saint Coran.

La maison se compose aussi d’autres chambres. Une pour sa femme, Fatima Bent Hazzam Al-Kalabia, surnommée Oum Albanine (mère des enfants, dont ses quatre fils morts en martyre le jour de Achoura). Une chambre pour ses filles, Zaynab, Oum Kalthoum et Atika. On trouve aussi dans cette maison la "dakka", (petit espace surélevé) sur laquelle on mit l’Imam Ali dans le linceul.

Le palais de l’émirat


C’est le palais où résidaient les walis d'Al Koufa. Il fut démoli en l’an 72 H sur ordre de Abdoul Malek ibn Marwan; lors d’un célèbre événement historique. Sa longueur est de 33 m et l’épaisseur de ses murs atteignait 3,5 m. il n’en reste que les fondations. Ses chambres nombreuses ne sont que des ruines. Outre l’habitat, ce palais fut utilisé pour se débarrasser des opposants

Ainsi, on avait jeté du haut de sa muraille les corps de Moslim Ben Aqil, oncle de l’Imam Al-Hussein et Hani Ben Aroua, chef de la tribu Madhaj, après leur assassinat en l’an 60 H. Le palais avait de nombreuses portes menant à la mosquée de Koufa.

La mosquée de Koufa

Cette mosquée fut construite en l’an 17 H par Saad Ben Abi Wakkass. En dehors de Médine, elle fut la seconde mosquée construite pour les Musulmans après celle de Bassora. D’une superficie de 12 660 m, cette mosquée avait trois portes. Chacune portait le nom d’une grande tribu de l’époque: Bab Sudda, qu’empruntait l’Imam Ali, Bab Kenda et Bab Al-anmat. Aujourd’hui, elles portent les noms suivants: Bab Athoaban (porte du serpent); Baba Arrahma

(Porte de la miséricorde) et Bab al-File (porte de l’éléphant). Cette mosquée comporte, outre 14 sites de la Kibla, 60 halls construits selon le modèle architectural islamique, avec arcades et arabesques.

La mosquée de Koufa se distingue particulièrement par le grand nombre de lieux de visite. Les gens croient que la plupart des prophètes ont visité le site de cette mosquée avant sa construction et y ont leur lieu saint. Ainsi, il y a les lieux saints du Prophète Ibrahim Al-Khalil, de Khodr, du Prophète Mohammad (PSL), d’Adam, de Gabriel, du Prophète Noé (certains récits indiquent qu’il y est né).

De même, on y trouve ceux de l'Imam Zine El Abidine, fils de l’Imam Al Hussein, où l’Imam Jaafar Sadiq donnait ses leçons religieuses (appelé l’école Imam Sadiq), le lieu où l’Imam Ali effectuait sa prière (appelé Nafilate Al Imam), le Minbar et le Mihrab sur lequel il décéda. Les visiteurs ont pris l’habitude d’effecteur une prière (deux génuflexions) devant chacun de ces lieux saints. Aussi, la visite de cette mosquée prend-elle un certain temps.

En outre, le lieu le plus excitant est sans doute celui appelé "lieu de l’Arche de Noé". Certains historiens indiquent que cette arche avait accosté à ce lieu après le Grand Déluge. On descend à ce lieu par un escalier menant à une vaste cour à la forme octogonale, avec une esplanade comportant un hall.

Il y a aussi un coin de la mosquée appelé "Dakkat al kada’", où s’installait l’Imam Ali pour accomplir sa fonction de juge, ainsi que le lieu appelé "Bayte Attachte", au sujet duquel on raconte que l’Imam Ali avait sauvé de la lapidation une jeune vierge du Yémen accusée injustement d’adultère.

La seconde partie du paysage, séparée de la mosquée et des lieux de visites par une haute muraille, comprend quelques mausolées, dont le plus célèbre est celui de Moslim Ben Aqil, fils de l’oncle de l’Imam Al Hussein et son messager qu’il avait envoyé en Irak et fut tué par le wali de Koufa. Le mausolée a une forme rectangulaire, de 3m x 5 m et d’une hauteur de 2,5 m. Comme tous les mausolées de l’Irak, il est entouré d’une grande grille en argent comportant dix petits grillages carrés répartis sur ses quatre côtés.

Il est surplombé par une caisse de 25 cm de largeur. Le cimetière au sein duquel se trouve le mausolée est recouvert de marbre sur son sol et sur une partie de ses murs. Le haut de ces derniers est orné de versets coraniques gravés en belle calligraphie sur le tissu en kachin. Et le plafond est orné de verre. A l’extrémité, à droite de la porte d’entrée, près de la tombe de Moslim, on trouve le lieu où fut emprisonné Al Mokhtar Ben Abi Obaida Attaqafi, le révolté de Koufa, qui fut exclu des assassins de l’Imam Al Hussein. Ce lieu est entouré d’un grillage en argent sur lequel il y a un panneau précisant le rituel à respecter lors des visites.

Au sommet du mausolée, il y a un dôme en or, visible de loin et un minaret orné en kachin et en calligraphie.

En face du mausolée de Mouslim, au-delà de la vaste cour, on trouve le mausolée de Hani Ben Arwat, auquel on peut accéder par un étroit couloir. De forme octogonale, ce mausolée comporte un beau grillage en argent. Il est peut-être unique en son genre au niveau de l’Irak. A son sommet, il y a un dôme orné en kachin bleu et un haut minaret.

Sa façade se compose de 8 arcades islamiques ornées en kachin et de versets coraniques.

D’autres mausolées

A gauche du mausolée de Moslim, on trouve le mausolée de Khadija, la fille de l'Imam  Ali Ibn Abou Taleb et de Fatima Bent Hazzam AlKalabiya. Situé au milieu d’une petite chambre ornée de kachin et de versets coraniques, ce mausolée est recouvert de grillage en argent. Il est visité essentiellement par les femmes qui espèrent bénéficier des "dons" de cette dame pour exaucer leurs vœux.

A quelques centaines de mètres de la mosquée de Koufa, il y a le mausolée de

Maytam Attammar, un des Compagnon de l’Imam Ali qui a été tué sur ordre d'Obaïd Allah Ben Ziad, wali de Koufa en l’an 61 H. Il est très fréquenté par les visiteurs qui viennent y lire sourate Al Fatiha pour en recueillir une certaine bénédiction.

Le mausolée comporte une vaste esplanade de 26 000 m, avec plus de 60 pavillons pour accueillir les visiteurs. La tombe, dont la hauteur ne dépasse pas 2 mètres, est recouverte d’un grillage en argent au milieu d’une chambre de 400 m. Celle-ci a des murs ornés par des motifs et des versets coraniques, ainsi qu’un grand dôme décoré de kachin bleu.

La mosquée de Assahla

A deux kilomètres environ au nord de la mosquée Koufa, se trouve la mosquée d'Assahla, considérée comme la 5ème mosquée de l’Islam, après celles d'Al

Harem, de Jérusalem, du Prophète et de Koufa. Des récits évoquent les bienfaits de cette mosquée qui aurait été visitée par de nombreux prophètes. Elle comporte 7 lieux saints. Celui du prophète Ibrahim, qui serait parti de cette région pour combattre les géants du Yémen. Le lieu saint du prophète

Idriss (tailleur) qui aurait été emporté grâce à Dieu de ce lieu. Ceux de Al Khodr, et des Imams Al Mahdi, l'Imam Sadiq et l'Imam Zinelabidine, ainsi que celui des prophètes et saints.

Chaque lieu porte une désignation sur le kachin bleu orné de blanc. Le plus beau de ces lieux saints est celui de Al Mahdi, surnommé "Saheb azzaman" (le maître du temps). Ce fut le dernier Imam chiite, qui, selon certains récits, paraîtrait le jour du dernier jugement à Koufa afin de rétablir l’égalité et la justice. Ce lieu comporte un grillage en argent, avec au sommet des versets coraniques brodés sur le kachin. Sur ses murs de droite et de gauche, il y a des panneaux où sont inscrites les injonctions rituelles spécifiques à ce lieu. La chambre est recouverte de beau marbre.

La mosquée se compose de deux cours de prière, l’une pour les hommes, et l’autre pour les femmes. Elle est surplombée d’un grand dôme recouvert de kachin et d’un haut minaret, construit dans les années 60 du siècle dernier. Selon les gens, il est préférable de visiter ce lieu le mardi après la prière de l'Icha (le soir), moment où les vœux pourraient être exaucés. Cette mosquée est entourée d’une haute muraille et comporte plusieurs pavillons construits suivant le style abbasside. Chacun de ces derniers a une superficie de 5 m, et peut accueillir une dizaine de visiteurs. Ils comportent des arcades ornées de kachin.

La mosquée abrite également d’autres belles constructions aux formes architecturales variées qui sont en cours de restauration.

Actuellement, il y a une vaste campagne de restauration et de développement de ces lieux saints, avec le recours aux matériaux locaux (pise…) et dans le respect de leur cachet architectural ancien.

D’autres mosquées

Outre cette mosquée, il y a pas loin, la mosquée de Zayd Ben Sohane, du nom de l’un des Compagnons de l’Imam Ali, mort lors de la bataille du chameau; ainsi que la mosquée de son frère Saasaa Ben Sohane, qui avait assisté aux funérailles de l’Imam Ali, et fut le premier, après les membres de la famille du défunt, à avoir visité son tombeau. Les visiteurs de la mosquée de Assahla visitent également ces 2 mosquées.

L’écriture koufie

Parmi les célèbres paroles de l’Imam Ali: "la belle écriture rend le droit plus évident".

Aussi, après sa venue à Koufa, s’était-il intéressée à l’écriture et a aidé à l’élaboration du style d’écriture qui sera connu sous le terme " koufi". Le Coran fut écrit de cette écriture et de nombreux exemplaires ont été diffusés dans plusieurs contrées. Deux de ces exemplaires se trouvent à Nadjaf, le premier dans le "Riad haydari" et l’autre dans la bibliothèque du Commandeur des croyants. Deux autres exemplaires existent encore, l’un au Caire et le second à Istanbul.

Ce fut là le début du style d’écriture koufi qui allait surclasser les autres styles et devenir le préféré des calligraphes arabo-musulmans.

Université de Koufa

Si la ville de Koufa s’était distinguée comme une prestigieuse école de grammaire arabe au même titre que la ville de Bassora, grâce à

Al-Kasai et Al-Farra, au second siècle de l’Hégire, et comme école de théologie musulmane, grâce au Imam Jaafar Sadiq, qui a formé plus de 3000 prédicateurs, dont le plus célèbre est Noaman Ben Tabet, connu par Abou Honaifa, le fondateur du rite hanafite, elle n’a renoué avec son passé scientifique qu’aux années 60 du siècle dernier, avec la création de la faculté d’agronomie, en tant que noyau de son université.

Celle-ci comprendra progressivement, d’autres facultés, de lettres, d’éducation pour filles, de médecine, d’économie gestion, d’ingénierie, de pharmacie, de la charia/ droit, ainsi qu’un Centre d’études de Koufa. Ces facultés sont réparties entre Koufa et Nadjaf.

Nouveau projet touristique

Du fait de sa position au bord de l’Euphrate central (L’ancien chott de l’indienne), Koufa dispose d’une belle rive avec une verdoyante palmeraie qui attire les visiteurs, notamment les familles après l’accomplissement de leurs

visites à Nadjaf. De nombreux fervents religieux et de prestigieux savants chiites y élirent leur domicile. Il est prévu, après la stabilisation sécuritaire, de transformer cette région en un grand complexe touristique et de la relier par voie ferrée à Nadjaf, afin de faciliter la tâche aux visiteurs.

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