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Back Vous êtes ici : Accueil Bibliothèque-Chiisme Conférence des savants de Bagdad Dialogue du roi avec son vizir à propos des sunnites et des chiites

Dialogue du roi avec son vizir à propos des sunnites et des chiites

Le roi fit venir Nidham al-Moulk et l’interrogea au sujet des chiites: Sont-ils musulmans?

Nidham al-Moulk a dit : Les avis des savants sunnites divergent à ce propos : il y' a une partie qui dit qu’ils(c'est-à-dire les chiites) sont musulmans puisqu'ils attestent qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que Mohammed est Son Messager, et ils font la prière et observent le jeûne, tandis qu’une autre partie soutient qu’ils sont des infidèles.

Le roi a dit : Et combien sont-ils ?

Et Nidham al-Moulk a dit: Je ne sais pas combien ils sont exactement, mais ils représentent presque la moitié des musulmans.

Le roi a dit: Alors est-ce la moitié des musulmans qui sont infidèles?

Certains savants les considèrent comme des infidèles, mais pour ma part je m’en démarque, déclara le vizir.

Le roi a dit alors : Peux-tu, ô vizir, faire venir des savants aussi bien chiites que sunnites afin d’examiner clairement la question ?

Le vizir a répondu: Cela est difficile et je crains pour le roi et le royaume !

Le roi a dit : Pourquoi ?

Parce que la question du chiisme et du sunnisme n’est pas du tout simple, c’est une affaire qui a fait couler du sang, des bibliothèques ont été brûlées, des femmes capturées, et sur laquelle de nombreux livres ont été écrits, et à cause d'elle des guerres ont été déclenchées, expliqua le vizir.

Le jeune roi est resté ébahi devant cette étonnante affaire, et après y avoir réfléchi profondément, il a dit: Tu sais, ô vizir, que Dieu m'a gratifé avec un vaste empire et une armée nombreuse, nous devons donc remercier Dieu pour cette bénédiction, et notre reconnaissance nous l’exprimerons en recherchant la Vérité et en guidant les gens égarés vers le droit chemin. Aussi l’une des deux communautés doit-elle forcément être dans le faux et l’autre dans le vrai. Il nous appartient donc de reconnaître la vérité pour la suivre et le mensonge pour le délaisser. Et si tu pouvais, ô vizir, organiser une telle conférence, avec la présence de savants chiites et sunnites, et en présence des commandants, des écrivains et l’ensemble des grands de l'État, alors si nous voyons que la raison est du côté de l'école sunnite, nous allons y faire entrer les chiites par la force.

Le vizir a dit : Et si les chiites refusent d’accepter la vérité, qu'allons-nous faire ?

Les tuer ! a dit le jeune roi.

Le vizir rétorqua : Mais est-il possible de tuer la moitié des musulmans ?

Quelle est alors la solution, dit le roi.

C’est que tu laisses tomber cette affaire, lui répondit Le vizir.

Le dialogue s’est ainsi terminé entre le roi et son sage et érudit vizir. Mais le roi, préoccupé, passa la nuit à méditer jusqu’au petit jour sur cette importante question qui lui donna du fil à retordre.

Très tôt le matin, le roi convoqua Nidham al-Moulk et lui a dit: Eh bien, nous allons convoquer les savants des deux écoles (sunnite et chiite), et à travers les entretiens et les débats qui auront lieu entre eux, nous verrons qui a raison.  Si c’est l'école sunnite qui est dans le vrai, nous allons raisonner les chiites en employant la sagesse et la douce exhortation, et nous les séduirons par l'argent et le prestige comme le faisait le Messager d'Allah (a.s.s) avec les nouveaux convertis à l’Islam. En faisant cela, nous arriverons à servir l'Islam et les musulmans.

Le vizir lui a dit: Ton avis est pertinent, seulement j’appréhende cette conférence!

Le roi a dit: Et pourquoi l’appréhension ?

Car je crains que les chiites prennent le dessus sur les sunnites, que leurs arguments se retournent contre nous et, du coup, cela mettra les gens dans le doute et la suspicion! expliqua le vizir.

Le roi a dit: Est-ce possible?

Le vizir a répondu: Oui, parce que les chiites ont des preuves éclatantes puisées du Coran et des nobles hadiths sur la justesse de leur doctrine et leurs croyances!

Non convaincu par la réponse donnée par son vizir Nidham     al-Moulk, le roi relance celui-ci sur la nécessité de réunir les théologiens des deux écoles afin, dit-il, que se manifeste la Vérité et pour pouvoir la discerner du mensonge.

Le vizir demanda au roi de lui accorder un délai d'un mois pour exécuter l’ordre, mais le jeune roi refusa...Et finalement il a été décidé que ce soit fait sous quinzaine.

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