Dim04282024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

La Flagornerie

La flagornerie


Nous devons nous rappeler que la louange, avec tout ce qu'elle comporte comme résultats bénéfiques, doit être limitée et ne doit pas dépasser des limites acceptables et raisonables. Car, à l'instar du manque de reconnaissance qui peut conduire au dépérissement de la pensée et à l'affaiblissement des énergies, un excès de considération et de louanges peut se transformer en flagornerie de mauvais aloi, ce qui est un genre de déviances gratuites des réalités et de la vérité.

 

A ce sujet, Dale Carnegie écrit:

"La flagornerie n'a pas d'effet sur les gens éduqués car elle est vide de sens et tendancieuse. Il est alors naturel que l'auditeur averti n'est pas influencé par elle.
Il y a une différence entre une éloge qui vient du coeur et une flatterie détestable dont la nuisance est plus grande que le bienfait. Les flagorneurs sont touchés par un grand mal, car la flagornerie est un genre de vice qui sera découvert un jour. La louange et l'éloge sincères sont, par contre, d'une toute autre nature. Je veux dire par flagornerie un certain genre de pensées médiocres qui ont une incidence directe sur le parcours de l'homme dans la vie.
Il est préférable au cours d'une discussion de ne pas se laisser guider par ses propres idées, mais de chercher à découvrir les qualités et les moeurs de notre interlocuteur et de retenir les aspects positifs de cette personne pour en faire l'éloge méritée au lieu de le flatter outre mesure par des paroles dont nous ne sommes pas convaincus nous-mêmes."4

Lorsque Omar Ibn Abd Al-Azziz, qui différait du reste des califes omeyyade par ses qualités humaines profondes, monta sur le trône du califat et se chargea des affaires des musulmans et lorsque les gens accoururent pour le féliciter et le congratuler, un homme dénommé Khaled lbn Abdallah, représentant l'une des délégations, se leva et pris la parole pour dire:

"O Emir des Croyants! Beaucoup de gens sont fiers des postes et des situations qu'ils acquièrent, voyant l'honneur dans le commandement, le Califat et la fonction. Quant à toi, tu es la fierté du Califat et du commandement qui se trouvent revalorisés et honorés par ta présence. En réalité, le vers suivants d'un poête s'appliquent à toi:

Si la perle peut embellir un visage;

        la beauté de ton visage rehausse la perle

A cet instant, le poête Khaled lbn Abdallah flattait le Calife et le louait par des vers et des paroles mielleuses, mais le Calife se fatigua de son insatiable flagornerie et lui coupa la parole pour lui intimer l'ordre de s'asseoir. Il s'adressa ensuite aux gens présents et leur dit: "Votre ami a plus de langue que de raison et de logique".

La flagornerie est un des grands torts de la société qui s'est beaucoup développé, et les exemples du même genre sont nombreux. Il est rare, aujourd'hui, que les gens flattent les autres pour relever leur moral, les soutenir et les fortifier ou pour les informer de leurs droits et de la valeur de leurs travaux, en vue de les inciter à aller de l'avant et à progresser.
A ce propos, un écrit: "Ce sujet est devenu pour moi, au fil du temps, telle une loi absolue, de sorte que toute personne qui me rend visite et commence par me flatter ou louer mes écrits et mes oeuvres ne cherche qu'à me demande un service. Par exemple, elle sollicite une recommandation, une aide ou un soutien de quelque nature qu'il soit. Mais personne ne vient, en fait, pour me parler ou louer mes travaux."

Puis, il ajoute:: "Certes, il est navrant et désolant que la plupart des auteurs et orateurs à travers le monde civilisé-comme il disent: reçoivent, par fois, en un jour des dizaines de lettres à travers lesquelles les gens expriment leurs sentiments, leur considération et leur gratitude pour leurs oeuvres de valeur. Tandis qu'il est rare, en Iran, qu'un orateur ou qu'un auteur soit le sujet de considération qui ne soit pas pernicieuse ou qui ne vise pas un but inavoué."

Nous pouvons donc dire que le sentiment de contentement et de quiétude que ressent l'homme à l'issu d'un travail qui lui est confié dans le cadre de ses fonctions et responsabilités est la meilleure des gratifications qu'il puisse recevoir. Mais ceci ne concerne qu'un certain nombre de personnes qui ont atteint un haut niveau de spiritualité. Atteindre ce niveau spirituel et moral n'est possible que pour un nombre restreint de gens, la majorité des autres hommes parvient à un stade spirituel qui ne nécessite pas qu'on leur témoigne de la gratitude ou de la considération. C'est pourquoi nous ne devons pas oublier l'importance de la louange et de la reconnaissance en ce qui concerne cette dernière catégorie d'hommes.

Le célèbre psychologue Schachter nous dit:

"Si la nécessité se fait sentir de faire oeuvre de critques à propos d'une problématique ou de l'oeuvre de quelqu'un, alors il est important, au début, que vous vous rappeliez l'une de ses oeuvres bénéfiques pour en faire l'éloge et lui montrer de la considération afin d'assouvir son besoin de considération et d'être loué. Si vous agissez ainsi et puis que vous lui présentiez vos critiques, vos observations et critiques paraîtront moins amères. Il se pourrait même que vos conseils et critiques soient accueillis avec intérêt et gratitude."

Si un supérieur n'est pas satisfait du travail qu'a accompli l'un de ses secrétaires, il serait préférable qu'il lui dise par exemple: votre lettre d'hier était claire et précise, celle-ci par contre parait un peu obscure; je souhaiterais que vous la relisiez et, le cas échéant, que vous la réécriviez. De la sorte, le secrétaire ne prendra pas mal cette critique; il est même possible qu'il soit reconnaissant à son supérieur de l'attention que celui-ci lui porte et agira ainsi de son mieux.
De même, lorsque vous voyez qu'un serveur de restaurant est diligent dans son service mais qu'il tarde à vous présenter votre repas, il n'est pas séant de se montrer coléreux et critique à son égard; il faut plutôt tenir compte de ses efforts et de son zèle dans le travail et lui manifester votre sympathie. Il sera alors certainement plus diligent à vous servir votre repas.

Chaque homme, à tout âge et dans toute situation, aime profondément que les gens le remarquent et apprécient son travail et le louent. Même le professeur expérimenté, après avoir passé des années à enseigner et á recevoir des louanges, est heureux et au comble du bonheur lorsqu'il entend le petit élève lui dire: Aujourd'hui, Monsieur, nous avons appris beaucoup de votre cours!
Il est important que nous tenions compte des besoins des autres en matière de considération et d'attentio.n pour que les relations humaines soient plus détendues et aisées. Ne laissez passer aucune occasion qui vous est offerte de louer et de montrer de la considération pour les travaux bénéfiques des autres pour que ceux-ci, en retour, pensent à assouvir vos propres besoins."6

Nous devons faire attention au fait que si les hommes peuvent avoir de grandes qualités, ils peuvent aussi avoir leurs défauts et leurs faiblesses et que nous mêmes sommes dans ce cas. En conséquence, au lieu d'épier les défauts de ceux qui nous entourent, il serait préférable que nous nous attachions à remarquer leurs qualités profondes et leur bonté intérieure. A ce sujet, le Calife Ali disait justement:

"Soit comme l'abeille qui se nourrit du meilleur, donne le meilleur et lorsqu'elle se pose sur un rameau ne le brise pas" 7 Si vous voyez que les sentiments que vous portent vos amis et vos proches et que leur attitude envers vous sont empreints d'amour et de bonté, et qu'ils font tout pour vous venir en aide, alors vous devez les remercier et leur témoigner les mêmes sentiments et attitude qui sont les qualités de l'homme.

La considération peut se traduire par une oeuvre positive, loin de toute hypocrisie et de toute ostentation. Cronin a dit:

"Mon fils qui enseignait à la faculté de médecine me raconta ce qui suit: Il était nécessaire, pour soigner un malade à l'hôpital, de lui faire une transfusion sanguine, ce qui fut fait, après le traitement, ce malade se mit à la recherche de celui qui lui avait fait don de son sang pour le secourir. On lui répondit: les noms des donneurs de sang doivent rester anonymes. Il quitta l'hôpital et, après plusieurs semaines, il y revint pour offrir son sang. Il répéta ce noble geste plusieurs fois. Intrigué, un chirurgien lui demanda: Qu'est ce qui vous pousse à agir de la sorte? Il répondit simplement et naîvement: Un inconnu m'a offert son sang et je le remercie par mon geste."8

Ainsi, si faire le bien et montrer de la bonté ne sont pasà tout le moins-payé en retour par la plus simple des marques de considérations-c'est-à-dire par des mots de gratitude, c'est prouver qu'on manque d'humanité et qu'on manque de respect envers le droit des hommes en général et de la société en particulier.

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