Mar04302024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Le Boycottage Des Gouvernants Qui S'écartent De La Ligne De L'islam

Le boycottage des gouvernants qui s'écartent de la Ligne de l'Islam


La deuxième méthode d'action politique qu'ont adopté

e les Ahl-ul-Bayt était le boycottage et l'incitation au boycottage des gouvernants qui persistaient à s'écarter de la Ligne politique islamique telle qu'elle est définie par le Saint Coran et la Sunnah.

Parmi les hadith que nous venons de citer, il y en a au moins deux qui sont attribués au Prophète et qui mettent nettement en garde quiconque se tait sur une injustice ou approuve un injuste :

«Quiconque accompagne un injuste pour l'aider en sachant qu'il est injuste, aura quitté l'Islam.» Et :

«Celui qui commet une injustice, celui qui l'y aide, et celui qui l'accepte sont tous trois des associés [des complices].»

L'appel au boycottage des injustes et au refus de les assister est donc clair, et ne souffre aucune ambiguïté. Le hadith suivant du Prophète confirme les précédents, et leur donne encore plus de précision :
 


«Le Jour de la Résurrection, un crieur s'écriera : "Où sont les injustes et leurs complices ? Qu'on place avec les injustes quiconque leur avait préparé un encrier, attaché un sac, ou tendu un crayon."»(307)

La mise en application de cet appel au boycottage des gouvernants injustes est l'attitude des Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt vis-à-vis des gouvernants omayyades et abbassides, à l'époque de l'Imamat de 'Alî ibn al-Hussayn al-Sajjâd, de Muhammad ibn 'Alî al-Bâqir, de Ja'far ibn Muhammad al-Çâdiq, de Mûsâ ibn Ja'far al-Kâdhim, de 'Alî ibn Mûsâ al-Redhâ(308), de Muhammad ibn 'Alî al-Jawâd(309)

, de 'Alî ibn Muhammad al-Hâdî, et d'al-Hassan ibn 'Alî al-'Askarî.

Tout au long de cette période de boycottage et de refus de coopération avec les gouvernants, les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt ont subi toutes sortes de persécutions, de répression, de surveillance, d'emprisonnement, de proscription et de terreur que nous expliquerons partiellement dans ce livre.

Prenons un exemple de ce boycottage dans l'attitude de l'Imam al-Çâdiq face au calife abbasside, Abû Ja'far al-Mançûr, connu pour sa brutalité, la terreur sanguinaire qu'il faisait régner, et son injustice envers les descendants de l'Imam 'Alî. Selon les historiens, al-Mançûr a écrit une lettre à l'Imam al-Çâdiq, dans laquelle il lui proposait de le fréquenter et de devenir l'un des uléma (savants religieux) du pouvoir. L'Imam al-Çâdiq a décliné cet "honneur" et a opposé un refus catégorique à l'offre du calife, malgré la terreur et la sévérité des circonstances. Dans sa lettre, al-Mançûr écrivait notamment :

«... Et pourquoi ne nous crains-tu pas, comme tout le monde ?» Al-Çâdiq lui répondit : «Nous n'avons rien pour quoi nous devrions te craindre, et toi tu n'as rien de l'Autre Monde pour quoi nous placerions notre espoir en toi. Tu ne vis pas dans un bienfait pour lequel nous devrions te féliciter, ni dans l'adversité pour que nous te présentions nos regrets.» Al-Mançûr lui écrivit alors : «Accompagne-nous donc, pour nous conseiller !» L'Imam al-Çâdiq répondit : «Celui qui veut ce bas-monde ne te conseille pas, et celui qui cherche l'Autre Monde ne saurait être de ta compagnie.»(310)

La réponse de l'Imam al-Çâdiq était on ne peut plus claire quant à son refus de collaborer ou de coopérer avec des gouvernants pratiquant l'injustice et refusant de se conformer aux stipulations de la Chari'ah, ou d'observer ses Principes.

Les faqîh de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt ont observé et suivi scrupuleusement l'attitude de leurs Imams et ont décrété l'interdiction de coopérer avec les gouvernants injustes, et d'accepter d'être leur fonctionnaire.

Tous les faqîh ont souligné cette interdiction dans les livres de Jurisprudence, au chapitre des "Gains Interdits". Citons-en un exemple , en l'occurrence ce qu'a écrit le Martyr Muhammad ibn Jamâl Makkî al-'Amilî(311), connu sous l'appellation de "Ach-Chahîd al-Awwâl" (le Premier Martyr), en parlant des gains prohibés, et en les énumérant:

«... ainsi qu'aider les injustes à commettre des injustices (...) en écrivant pour eux ou en leur amenant la victime d'une injustice, etc.»(312)

Les faqîh ont interdit l'acceptation d'un poste sous la direction d'un injuste, ou dans tout autre secteur gouvernemental, sauf si c'est dans le but de servir l'Islam et de réparer l'injustice à partir du poste que l'on accepte d'occuper.


Notes


307. Ibid., p. 13.

308. L'Imam 'Alî ibn Mûsâ ar-Redhâ a boycotté les gouvernants de son époque, mais il a accepté, dans des circonstances particulières, de devenir l'héritier présomptif d'al-Ma'mûn, en posant des conditions et des réserves qui lui permettaient de retirer sa caution à tout acte et à tous agissements non conformes aux Enseignements islamiques.

309. Quant à l'Imam Muhammad ibn 'Alî al-Jawâd, il n'a pas vécu longtemps. Le calife al-Ma'mûn lui a donné sa fille en mariage et a essayé d'établir des relations avec lui pour s'attirer le soutien ou la sympathie des Partisans des Ahl-ul-Bayt. Toutefois, l'Imam al-Jawâd s'est abstenu d'aider al-Ma'mûn dans son dessein, et de coopérer avec lui.

310. Mahmûd Abû Zahrah, "L'Imam al-Çâdiq", p. 139.

311. L'un des grands faqîh de l'Ecole d'Ahl-ul-Bayt. Il a vécu entre 734 et 786 de l'hégire.

312. Al-Chahîd al-Thânî, "Al-Rawdhah al-Bahiyyah fî Charh al-Lam'ah al-Dimachqiyyah", d'al-Chahîd al-Awwâl, tome III, p. 213, 2e éd.

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