Mar04302024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Le Soulèvement, Le Soutien Aux Révoltés Et L'usage De La Force

Le soulèvement, le soutien aux révoltés et l'usage de la force



Le principe du soulèvement contre l'injuste et du refus de l'injustice est un Principe islamique que l'obligation de la Commanderie du Bien et de l'Interdiction du Mal approuve et engage les Musulmans à observer.

En effet, le Prophète a dit :

«Le Maître des Martyrs Hamzah s'est soulevé contre un gouvernant injuste. Il lui a ordonné de faire le Bien, et lui a interdit de faire le Mal, et le gouvernant injuste l'a tué.»

Or quiconque retrace la vie politique des Ahl-ul-Bayt, ainsi que leur lutte, remarque qu'ils formaient une ligne d'opposition, les tenants de la réforme et de la lutte contre l'injustice, et les Dirigeants de la marche politique de la Ummah. Ils ont ainsi refusé la pratique du règne héréditaire imposé à la Ummah à l'époque de Mu'âwiyeh ibn Abî Sufyân, et l'accession du fils de celui-ci -Yazîd- au califat malgré le refus des Musulmans, en raison de son incompétence et de son absence de qualification pour cette dignité, puisqu'il ne remplissait aucune des conditions requises pour le califat. Lorsque Yazîd ibn Mu'âwiyeh a pris la direction de l'Etat islamique, et a conduit la Ummah à la corruption et à la déviation, l'Imam al-Hussayn, le petit-fils chéri du Prophète, ne pouvait que proclamer l'Insurrection contre cette atteinte honteuse à la dignité et à l'honneur de l'Islam, incarnée par l'avènement de Yazîd. L'Imam al-Hussayn a quitté Médine pour l'Iraq, après être resté quatre mois à La Mecque pour préparer son Soulèvement. Une fois en Iraq, plus précisément à Karbalâ', son Soulèvement a pris sa forme finale, et il a décidé de s'engager dans un combat désespéré contre les forces de Yazîd, combat héroïque au terme duquel il est tombé en Martyr avec plus de soixante-dix de ses Compagnons. Ce Combat, et ce Martyre du petit-fils du Prophète et de dizaines de Musulmans pieux, ont brisé le coeur de l'ensemble de la Ummah, réveillé sa conscience, et attiré l'attention des Musulmans sur le caractère hideux et déviationniste du règne de Yazîd et des autres descendants des Tulaqâ'(313)

.

 

Ce Soulèvement fut le premier soulèvement en Islam contre un gouvernement injuste, et une protestation contre le serment d'allégeance obtenu par la force et illégalement. Il s'opposait ainsi aux appels à la résignation et à la soumission à l'injustice -en un mot à l'intoxication- lancés à l'époque par les "uléma" de la cour, les agents stipendiés du pouvoir, qui préconisaient la nécessité de respecter le serment d'allégeance prêté -même par duperie- au gouvernant injuste, et d'accepter tous les péchés dont celui-ci se rendrait coupable, oubliant les affirmations du Prophète qui avait dit :

«Le serment d'un pécheur est nul.» et :

«Il ne faut pas obéir à une créature qui demande la désobéissance au Créateur.»

et ignorant cette Parole d'Allah :

«Ne vous appuyez pas sur les injustes, sinon le Feu vous atteindra.»(314)

Quant au petit-fils du Prophète, le Martyr al-Hussayn ibn 'Alî, il a lancé l'Appel au Soulèvement et il est tombé en Martyr, le 10 Muharram de l'an 61 de l'hégire, à Karbalâ', en Iraq, réduisant à néant tous les appels au faux et toutes les explications spécieuses. Ce faisant, il a laissé le Cri du Sang et du Martyre étouffer les voix de ces esprits portés à l'avidité et à la soumission.

Le Martyr al-Hussayn a défini pour la Ummah la voie et les motifs de son Soulèvement en s'écriant :

«... Je ne me suis pas soulevé de gaieté de coeur, ni pour une quelconque insatisfaction personnelle... Je me suis soulevé pour réformer la Ummah de mon grand-père, le Messager d'Allah, et pour commander le Bien et interdire le Mal, et pour suivre les traces de mon grand-père et de mon père.»(315)

Puis, dans une lettre adressée aux Kûfites, il a défini les qualités requises pour un Imam et un Dirigeant qui prétend diriger les Musulmans : «Je le jure par ma Religion : l'Imam ne peut être que celui qui gouverne selon le Livre, qui établit l'équité, qui a pour religion la Religion Vraie, qui s'en tient scrupuleusement aux Prescriptions d'Allah.»(316)

Et dans une lettre adressée aux notables de Basrah, il leur expliquait pourquoi ils avaient le devoir de le suivre dans son Soulèvement contre le "calife" usurpateur : «Je vous appelle au Livre d'Allah et à la Sunnah de Son Prophète, car la Sunnah est réduite à néant et l'hérésie est ravivée. Je vous demande d'écouter ma parole et d'obéir à mon commandement, car je vous conduis vers la Voie de la Guidance. Que la Paix et la Miséricorde d'Allah soient sur vous.»(317)

De cette façon, l'Imam al-Hussayn a instauré la légitimité du Soulèvement contre le gouvernant injuste, et a posé le principe de la lutte et du Jihâd sacré contre lui.

On peut lire également dans la biographie politique des Ahl-ul-Bayt comment ceux-ci ont soutenu les soulèvements 'alawites qui se sont poursuivis pendant plus d'un siècle, aux quatre coins de la Nation islamique, après le Soulèvement béni d'al-Hussayn.

Ainsi, lorsque Zayd, fils de l'Imam Zayn al-'Abidîn 'Alî ibn al-Hussayn, et petit-fils du Martyr l'Imam al-Hussayn, s'est soulevé, en l'an 121 de l'hégire et à l'époque de l'Imam al-Çâdiq, celui-ci l'a soutenu et s'est affligé de sa disparition.(318)

En effet, Fudhayl al-Rassan témoigne :

«Je suis allé chez Abî 'Abdullâh [al-Çâdiq] après l'assassinat de Zayd ibn 'Alî. J'ai été conduit dans une maison à l'intérieur d'une autre, et là, il m'a dit : "O Fudhayl ! Mon oncle a-t-il été tué ?

- Oui, que je sois sacrifié pour toi ! lui ai-je répondu. Il m'a dit alors : Que la Miséricorde d'Allah soit sur lui. C'était un Croyant pieux, un Connaisseur, un Savant, un Homme Véridique. S'il avait gagné, il se serait acquitté [de sa promesse] et s'il avait obtenu le pouvoir, il aurait su à qui le confier."»(319)

Parmi les exemples merveilleux de ce type d'action politique est la position de l'Imam al-Kâdhim vis-à-vis d'al-Hussayn ibn 'Alî ibn al-Hassan, l'auteur du célèbre soulèvement de Fakhkh, qui eut lieu à Médine, au mois de Thî-l-Qa'dah de l'an 169 H.

Selon différentes déclarations et divers documents historiques, l'Imam al-Kâdhim a appuyé le principe de ce soulèvement contre le gouvernant injuste, et il a soutenu de tout coeur les insurgés, bien qu'il ait émis des doutes quant à leurs chances de succès car il estimait que les conditions requises pour celui-ci n'étaient pas réunies. C'est pourquoi, s'adressant au dirigeant de ce soulèvement -qui lui paraissait bien déterminé à mener jusqu'au bout son action, il lui dit : «Tu seras tué ! Aiguise donc tes épées, car ces gens-là sont des pervers, ils extériorisent la Foi, mais ils cachent l'hypocrisie et "l'associationnisme"(320).

Nous appartenons à Allah et nous retournerons à Lui. C'est auprès d'Allah que je vous compterai parmi mes Partisans.»(321)

De même, l'Imam al-Jawâd, le petit-fils de l'Imam al-Kâdhim, a professé son soutien au soulèvement d'al-Fakhkh et aux insurgés, dans les termes suivants : «Nous n'avons pas eu, depuis al-Taf [la Tragédie de Karbalâ'], un acte de Martyre qui soit plus grandiose que celui d'al-Fakhkh.»(322)

 


Notes


313. Al-Tulaqâ' (les "Amnistiés") : C'étaient des polythéistes -et à leur tête Abû Sufyân, le père de Mu'âwiyeh- récalcitrants, qui ont combattu jusqu'à la fin le Saint Prophète et ses adeptes, et qui ne se sont rendus, après la conquête de La Mecque, que contraints et forcés. De ce fait, ils avaient mérité la peine de mort, mais le Saint Prophète les a amnistiés pour leur donner une chance de se repentir. Entrés en Islam à contrecoeur, et ayant fait preuve d'une haine noire envers l'Islam, ils furent considérés pendant longtemps et à juste titre comme suspects et comme des "Coeurs à rallier" (al-Mu'allafah Qulûbuhum) selon les termes du Saint Coran. C'étaient surtout les Omayyades qui formaient les figures de proue des Tulaqâ'.

314. Sourate Hûd, 11 : 113.

315. Al-Khawârizmî, "Maqtal al-Hussayn", tome I, p. 88.

316. Al-Chaykh al-Mufîd, "Al-Irchâd", p. 204.

317. 'Abdur-Razzâq al-Muqarram, "Maqtal al-Hussayn", pp. 141-142.

318. Il est à noter qu'Abû Hanîfah, l'imam de l'Ecole hanafite, a soutenu le soulèvement de Zayd, et ordonné la légalité du fait de destiner la Zakât à ce soulèvement.

319. Al-'Allâmah al-Majliçî, "Bihâr al-Anwâr", tome 47, p. 325, 3e éd.

320. C'est-à-dire l'association d'autres "divinités" à Allah - Qui n'a pas d'associé.

321. Al-`Allâmah al-Majlicî, "Bihâr al-Anwâr", tome 48, p.151.

322. Ibid., p. 165.

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