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mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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L'enregistrement Du Hadith


  L'Enregistrement du Hadith  

                           
Le Prophète avait à sa disposition un nombre de scribes dits “les scribes de la Révélation”, dont la fonction consistait à écrire les Révélations sur les peaux, les branches de palmier, les os etc., auxquels s'ajoutaient des “mémorisateurs” et des lecteurs parmi les Compagnons, dont la tâche était d'apprendre par coeur et d'étudier le Texte révélé.
En revanche, la Sunnah du Prophète ne connut pas les mêmes soins, du vivant de ce dernier et ne bénéficia pas de la présence de scribes particuliers chargés de l'enregistrer sous ses différentes formes: parole, acte et approbation tacite (taqrîr). Pourtant, on rapporte du Saint Prophète qu'il a autorisé ses Compagnons d'écrire le Hadith.
En effet, Abû Dawûd, al-Hâkim et bien d'autres ont rapporté le témoignage suivant de `Abdullâh Ibn `Amr Ibn al-`Âç:
«J'ai demandé au Saint Prophète: “Lorsque je t'entends dire quelque chose, pourrais-je le noter?” Il m'a répondu: «Oui». Je lui ai dit: “Aussi bien lorsque tu parles en état de colère qu'en état de contentement?” «Oui, répondit le Saint Prophète. Car je ne dis que la vérité dans les deux cas».
Abû Hurayrah, cité par al-Bokhârî, dit à ce sujet: «Aucun des Compagnons du Prophète n'a entendu de lui plus de Hadith que moi. À l’exception de `Abdullâh Ibn `Amr, car lui, il écrivait, moi non».
Selon al-Tirmithî, citant Abû Hurayrah: «Un Ançârî qui avait l'habitude de fréquenter le Saint Prophète, de l'écouter et de s'intéresser à ce qu'il disait sans pouvoir le mémoriser, s'en plaignit un jour auprès du Messager d'Allah. Celui-ci, faisant un signe de la main, lui dit: «Aie recours à ta main droite».
Selon d'autres hadith, le Saint Prophète dit: «Enregistrez le savoir dans les livres».
 


Râfî` Ibn Khodayj témoigne à ce propos: «J'ai demandé au Saint Prophète: “O Messager d'Allah! Lorsque nous t'entendons dire quelque chose, pouvons-nous le noter?”. Il répondit: “Écrivez-le sans aucun embarras”».

Tous ces récits confirment l'autorisation donnée par le Saint Prophète à ses Compagnons d'enregistrer le Hadith.

D'autres récits affirment qu'il a appelé ses disciples à mémoriser le Hadith et à le diffuser parmi les Musulmans. En voici quelques exemples:

«Qu'Allah embellisse la face de quiconque ayant entendu ma parole, l'apprend par coeur, l'assimile et la transmet telle quelle; car peut-être qu’un porteur de connaissance (fiqh) ne serait pas connaisseur (faqîh) lui-même, et peut-être qu’un porteur de connaissance pourrait transmettre celle-ci à quelqu'un qui soit meilleur connaisseur que lui».

Et:

«Quiconque parmi ma Communauté aura appris par coeur quarante de mes paroles relatives à sa religion, pour la Face d'Allah (et dans l'espoir d'en être récompensé dans) l'Au-delà, Allah le ressuscitera en érudit et en savant le Jour de la Résurrection».

Il est évident que l'un des moyens de la mémorisation et de la diffusion du Hadith est l'écriture. Par conséquent, le fait de donner l'ordre de mémoriser le Hadith implique l'autorisation de tout ce qui serait à même de mener à bien l'exécution dudit ordre. Bien plus, il implique l'obligation d'écrire le Hadith si la sauvegarde de la Sunnah (la Tradition du Saint prophète) et sa protection contre tous dangers de perte en dépendaient.

Un autre fait tendant à corroborer la pratique de l'écriture à l'époque du Saint prophète est constitué des lettres qu'il envoya à des rois et des chefs d'Etat, sans parler des pactes et des accords qu'il fit rédiger et qui ont été conservés.

Enfin, on rapporte d'Ibn `Abbâs: «Lorsque la maladie du Prophète s'aggrava, il dit: “Apportez-moi de quoi écrire à votre intention une lettre qui vous évitera de vous égarer après moi.” `Omar intervint alors et dit: “Le Prophète est sous l'emprise de la douleur. Nous avons le Livre d'Allah. Cela nous suffit.” Les gens présents tombèrent en désaccord et les bruits grandissant de la dispute indisposa le Prophète qui s'écria: “Allez-vous-en! Il n'est pas convenable que vous vous disputiez chez moi.” Sur ce Ibn `Abbâs sortit en disant: “Le grand malheur, tout le grand malheur réside dans l'empêchement du Messager d'Allah d'écrire (son testament)”».

Face à ces récits concordants qui indiquent la tendance du Saint Prophète à l’encouragement de la pratique de l'enregistrement des Traditions, il y a deux récits attribués au Messager d'Allah laissant croire à son opposition à une telle pratique. En effet, selon Ibn Sa`îd al-Khidrî: «Le Prophète a dit: “N'écrivez de ce que je dis que lCoran” et “Quiconque a écrit de ce que je dis, autre chose que le Coran, qu'il l'efface”».

Lorsqu'on confronte les récits parfois contradictoires et opposés relatifs à la position du Saint Prophète vis-à-vis de l'enregistrement de la Sunnah, il n'est pas difficile de déduire qu'il tendait à y souscrire. Aussi, une partie des grands Compagnons, tels que l'Imam `Ali et son fils l'Imam al-Hassan comprirent-ils cette tendance, l'adoptèrent et s'y conformèrent. En témoigne cette déclaration de l'Imam `Ali, cité par al-Suyûtî: «Lorsque vous écrivez le Hadith, faites-le en en mentionnant la chaîne de “transmetteurs”». Ils furent suivis par les autres Imams d'Ahl-ul-Bayt et par la deuxième génération des compagnons (al-Tâbi`în). D’autre part, les uléma musulmans finirent par adopter définitivement la même attitude, en s'appliquant à l'écriture systématique du Hadith. Sans cet enregistrement, la Sunnah du Prophète aurait disparu et l'humanité aurait perdu la plus grande richesse de son histoire.

Ibn Salâh soulignant l'importance capitale de l'enregistrement du Hadith écrit: «Sans son enregistrement dans des livres, le Hadith aurait disparu pendant ces derniers siècles».

Et c'est justement la crainte de voir disparaître les traces du Hadith, qui a conduit le Calife `Omar Ibn `Abdul-Azîz à donner l'ordre de l'enregistrer sous son califat (99 - 101 A.H.).

Mais entre-temps, malheureusement, de longues décennies s'étaient écoulées, pendant lesquelles les autorités califales qui s'étaient succédé à la tête du jeune État islamique avaient pris une position très hostile à l'enregistrement du Hadith, sous divers prétextes, laissant le champ libre aux falsificateurs de tous poils et à tous ceux qui désiraient manier la Tradition au gré de leurs intérêts ou de leurs sentiments.

En effet, l'histoire nous apprend que les Califes Abû Bakr, `Omar et `Othmân, suivis par les Califes Omayyades - jusqu'au califat de `Omar Ibn `Abdul-`Azîz - interdirent l'enregistrement du Hadith.

Ainsi, Abû Bakr avait rassemblé les gens après le décès du Prophète et leur dit: «Vous attribuez au Messager d'Allah des propos sur lesquels vous divergez, et les gens après vous, encore plus que vous. Abstenez-vous donc de rapporter les paroles du Prophète. Et si on vous pose une question, répondez: “Il y a entre vous et nous le Livre d'Allah. Considérez comme licite tout ce qu'il a rendu licite et comme illicite tout ce qu'il a rendu illicite.”»

Parlant du même sujet sous le Califat de `Omar, Ibn Sa`d écrit dans ses "Tabaqât": «Les hadith attribués au Messager d'Allah ayant crû considérablement sous le Califat de `Omar Ibn al-Khattâb, celui-ci demanda aux gens de les lui apporter. Lorsqu'ils s’exécutèrent, il donna l'ordre de brûler tous les hadith ainsi rassemblés».

Quant à `Othmân Ibn `Affân, il donna l'ordre, lors d'un discours, d'interdire la citation de tout hadith attribué au Messager d'Allah, s'il n'était pas rapporté sous les Califats d'Abû Bakr et de `Omar: «Personne, dit-il, n'a le droit de rapporter un hadith qui ne fût entendu ni à l'époque d'Abû Bakr ni à l'époque de `Omar».

Mu`âwiyah, exploita cette interdiction de l'enregistrement du hadith, et s'en servit dans son conflit avec l'Imam `Ali d'abord et dans la campagne qu'il mena par la suite contre sa famille, lorsqu'il s'empara du pouvoir en vertu du Traité de réconciliation avec l'Imam al-Hassan, où il donna l'ordre aux traditionnistes et aux rapporteurs de Hadith de s'abstenir de citer tout propos du Messager d'Allah évoquant les vertus et les hautes qualités de `Ali Ibn Abî Tâlib.

Al-Madâ'inî écrit à ce propos dans son livre "Al-Ahdâth": «Mu`âwiyah rédigea une note à l'intention de ses gouverneurs, après le Traité de Réconciliation, dans les termes suivants:

“Quiconque rapporte quoi que ce soit des vertus d'Abî Turâb (`Ali Ibn Abî Tâlib) et de sa famille son sang sera répandu...”»
On comprend facilement, dans ces conditions pourquoi et comment la Sunnah du Prophète souffre de tant de controverse depuis la disparition du Messager d'Allah.   
 

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