4- l'homme est-il une superstructure?
Elle prétend que l'humanité de l'homme n'est absolument pas originale, que l'originalité appartient seulement à son animalité. Les partisans de cette théorie tiennent le même discours que ceux qui nient l'existence de toute différence essentielle entre l'homme et l'animal.
Cette théorie récuse l'originalité des penchants humains, tels que le penchant à la vérité, à la beauté, à Dieu etc, tout en refusant d'admettre le "réalisme" de la vision que l'homme a du monde, car elle ne croit pas à une vision objective réaliste et estime que toute vision est le reflet d'un matérialisme particulier.
Il est curieux que les partisans de cette théorie, qui se disent humanistes et humanitaristes, prêchent des pensées supprimant l'humanité de l'homme.
La vérité est que la marche évolutive de l'homme commence par l'animalité et traverse en les comprimant les étapes de la transformation de l'être, de l'état animal à l'état humain. Ce principe vaut aussi bien pour l'individu que pour la société.
L'homme est, au début de son existence, un corps matériel qui se transforme, grâce à son mouvement substantiel, en une âme ou en une substance spirituelle. "L'âme de l'homme" naît, se complète et atteint l'autonomie dans le corps.
L'animalité de l'homme est comme un nid ou une niche où se "développe" et se perfectionne son humanité.
Plus l'être "complet"-conformément aux caracté-ristiques du transformisme - se perfectionne, plus il tend à maîtriser et à contrôler son environnement et à en être indépendant; plus l'humanité de l'homme se complète - au niveau individuel et social - et plus elle tend à être indépendante et à contrôler ce qui l'entoure.
L'individu humain perfectionné est un être qui contrôle plus ou moins les influences de son milieu extérieur et intérieur. C'est un être libéré de la contrainte des penchants intérieurs et des influences du milieu extérieur. Il est attaché à la foi et à la doctrine.
La transformation évolutive de la société se déroule de la même façon dans les structures économiques, alors que ses aspects culturels et moraux en représentent l'âme sociale.
De même qu'il y a influence mutuelle entre l'âme et le corps, de même il y a influence réciproque entre les structures à caractère moral et celles à caractère matériel.
De même que la marche évolutive de l'individu tend à affirmer la liberté de l'âme, son indépendance et le renforcement de sa domination, la marche évolutive de la société suit un processus parallèle: c'est dire que la vie culturelle de la société aura, au fur et à mesure que l'évolution sociale progressera, plus d'indépendance vis-à-vis de la vie matérielle et plus de contrôle sur elle.
L'homme de l'avenir sera donc un animal culturel et non un animal économique; un homme de doctrine, de foi, d'engagement et non de ventre et de sexe.
Mais ceci ne signifie pas forcément que la société humaine marche inévitablement et dans tous les pas qu'elle effectue, d'une façon linéaire vers le perfectionnement des valeurs, ni qu'elle franchisse, dans chacune des étapes de son existence, un pas en progrès par rapport au précédent. Il est possible que l'humanité traverse une phase sociale où la courbe de son évolution "humaine" régresse. C'est justement ce que l'on dit de l'humanité contemporaine, malgré tous les progrès qu'elle a réalisés dans le domaine de la technologie.
Ceci signifie plutôt que la ligne générale du mouvement de l'humanité s'achemine matériellement et moralement vers le développement, et c'est cela que nous entendons par "l'avenir brillant de l'homme".
L'homme du passé n'avait, selon cette théorie, que peu de chance de bénéficier des dons de son existence et des dons de la nature; il vivait plutôt dans la captivité de la nature et dans celle de son animalité; à l'avenir, il exploitera ces dons; ce qui lui permettra de se libérer relativement des chaînes de la nature et de ses penchants animaux et même d'y imposer son contrôle.
Toujours selon cette théorie, l'humanité de l'homme n'est pas considérée comme la conséquence ou le reflet de son évolution matérielle, bien qu'elle se manifeste en même temps qu'elle (cette évolution).
L'humanité de l'homme est une réalité originale, indépendante, complète. Elle influence les aspects matériels et est influencée par eux. Ce qui décide du sort définitif de l'homme c'est le perfectionnement de son aspect humaniste originel et non pas le perfectionnement des moyens de production.
Ce qui continue à se mouvoir et à développer toutes les activités de la vie - y compris les moyens de production - c'est le réalisme de l'humanité originale de l'homme et non pas le contraire!