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mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Réflexion 2: Le changement psychique du converti

Réflexion 2:

 

Le changement psychique du converti


J'ai cru qu'une fois trouvé ce que je cherchais, ma vie serait plus simple. Mais les choses n'ont pas été ainsi, un parcours du combattant venait de se dresser devant moi. Il fallait que je concilie les disputes avec ma famille à propos de la conversion, faire face à son incompréhension et son incrédulité. Par la suite, j'ai été contraint de rompre des liens avec elle, pour un temps. Cela fut une expérience douloureuse à vivre, mais il fallait passer par là... Egalement affronter la moquerie, le regard des gens bornés dans de mon entourage. A l'époque, vivre avec le peu de connaissances que j'avais de l'islam était terriblement frustrant car je ne pouvais m'en justifier. D'autant plus qu'avec ma foi toute neuve j'étais obligé de faire face à une société peu tolérante, qui n'a pas une estime très élevée des musulmans et de notre religion en général, car elle véhicule énormément des préjugés qui pourraient paraître à des esprits simples plus ou moins fondés.

Au début, je n'arrivais pas à saisir, après être devenu musulman, pourquoi encore des problèmes après ma conversion! J'ai cru que Dieu allait me dérouler un GRAND tapis rouge! Mais il n'en était rien...

J'ai compris bien plus tard, que plus Allah aime un serviteur et plus Il va l'éprouver, afin qu'il progresse dans sa foi, sa science, sa sagesse et son amour pour Lui. Et Dieu «ne charge pas une âme plus que ce qu'elle peut supporter ...».

Une des premières difficultés à laquelle je devais faire face en moi-même est ce que j'ai nommé «le changement psychique du converti». En effet, lorsqu'une personne entre dans une religion telle que l'islam, elle doit changer sa façon de penser, de regarder, de manger, d'écouter, de parler, d'agir... en somme toutes ses habitudes. Il était nécessaire de rééduquer son âme. Certains font ce changement avec une plus grande facilité lorsqu'ils ont une «prédisposition». Cette faculté s'acquiert.

 

Je prends le cas de celui qui s'est perverti dans les choses harams (interdites en islam), alors plus son amour de ces choses perverses est grand et plus il lui faudra travailler pour s'améliorer. C'est pourquoi je parle de «prédisposition acquise». Un non-croyant qui avait passé une partie de sa vie à se cacher et à se voiler à lui-même la fitra (l'instinct originel qui permet à tout être humain de croire en Dieu), devait opérer un changement psychique profond, très profond... c'était mon cas. En quelque sorte, regarder la vérité cette fois-ci, sans détour ni fuite.

En premier lieu, il était urgent que j'affronte mon éducation parentale car celle-ci se transmet et s'implante dans l'âme. Après quoi, il fallait que je lutte contre mes mauvaises habitudes acquises durant la vie de non-croyance. Enfin, faire face à mon environnement, qui est un facteur très influent, d'après ce que j'ai compris. C'est tout simplement un changement total à l'intérieur de moi-même, et cela m'a demandé énormément de temps, de sacrifices et de souffrances personnelles...

Ainsi, pour mettre ce processus en marche, j'ai compris qu'il fallait d'abord admettre les mauvaises habitudes que je voulais changer. Le pire d'entre nous est celui qui n'accepte pas ses propres défauts. Il n'y a point de honte à avoir conscience de cette faiblesse, au contraire, cela nous permet de progresser. Tout être humain est imparfait, mais le plus intelligent est celui qui cherche à être meilleur en qualité. Je sais combien il est difficile de regarder ses défauts, sa poubelle intérieure car elle est désagréable et rabaisse l'orgueil! Mais il fallait passer par là. C'était la première étape de ma thérapie personnelle...

Puis, je devais comprendre d'où me venaient ces insuffisances. J'essayais de saisir, par exemple, pourquoi j'avais l'habitude d'être constamment pessimiste, négatif. En principe, je découvrais toujours une partie de la réponse dans l'éducation de mes parents. Ont-ils l'habitude d'interpréter tous les événements d'une façon négative? Dans ce cas, je reproduisais instinctivement, systématiquement ce que j'avais observé chez eux jusqu'à ce que j'en devienne conscient. Ce défaut, un véritable poison, était l'un des plus pénibles à changer, car il fallait sans cesse lutter et lutter à nouveau... sans jamais baisser les bras, sinon cette habitude reprenait le dessus sur moi!

Puis, j'ai aussi découvert qu'une autre partie de l'explication pouvait être trouvée dans mes fréquentations et dans mon environnement. Est-ce que mes amis aimaient-ils le côté sombre? Là encore je suivais aveuglément le groupe et un adage dit «qui se ressemble s'assemble...». J'ai dû aussi observer un espace plus vaste, à savoir la société dans laquelle je vivais. Si cette terre était remplie de pessimistes alors il aurait été bien difficile pour moi de ne pas suivre «la tendance» car j'aurais été à l'encontre de ces moeurs. En dépit de tout, après ces longues années d'intenses efforts, Allah m'a aidé à vaincre tous ces stimuli (Al-hamdullillah!). J'ai transposé et appliqué le même raisonnement à d'autres de mes nombreux défauts.

En guise de rappel, j'ai dû chercher l'origine de chaque défaut, soit dans mon éducation parentale, soit dans mon environnement, soit en moi-même ou les trois facteurs combinés. J'ai découvert que généralement un problème a plusieurs sources. L'important est de savoir quel pourcentage représente chaque cause pour produire de tels effets. Comprendre l'origine de ses déficiences pour mieux les accepter et essayer de les changer, est signe d'une âme de très grande noblesse. J'ai adopté cette attitude enrichissante du mieux que j'ai pu et du mieux que je peux encore...

Pour exécuter mon programme, j'ai classé mes défauts et j'ai mis en priorité les «grosses mauvaises habitudes» qui empoisonnaient le plus ma vie au quotidien. Une des pires pour ma propre vie et la vie des gens qui m'entouraient, c'était l'insatisfaction continuelle. Je vais essayer de détailler dans les pages et chapitres qui suivent certains thèmes dont celui-ci qui me semble le plus crucial.

Comme vous le savez le non-croyant a cette spécificité de ne pas croire en Dieu; ainsi il compte sur lui-même, sur le matériel et sur les autres humains qui l'entourent. Une fois qu'il obtient une chose tant espérée, il fait preuve de mécontentement de ce qu'il a acquis. Et comme il en veut toujours plus, toujours mieux, il ne peut jamais être heureux de ce qu'il a entre ses mains, même s'il a la plus magnifique des familles, la plus belle des maisons, la meilleure des réussites sociales, le meilleur bienfait du monde etc... Cette insatisfaction perpétuelle ruinait et empoisonnait mon existence. J'ai dû lutter avec acharnement contre cette maladie de l'âme (je donnerai une solution personnelle dans la suite des réflexions).

Accepter, comprendre ses faiblesses et dans la même perspective, se changer pour mieux vivre et s'épanouir avec son environnement, avec ceux et celles qui nous aiment et que nous aimons, c'est essentiel pour moi... et vous?

Après avoir passé ces deux stades, il était normal désormais de réussir l'étape la plus difficile, la plus longue et la plus douloureuse: l'application, le concret. Comment ai-je procédé? Pour être pédagogue, je prends l'exemple d'un de mes défauts qui me poussait à penser et à interpréter toujours mal les faits et les dires des autres. Un rendez-vous raté, je commençais à maudire l'ami sans lui laisser la moindre chance de s'expliquer. Un mauvais regard non intentionnel et je manifestais mon mécontentement. Pour m'aider, j'ai lu le magnifique livre «Comment aimer Allah?», dans l'édition de la Cité du Savoir (Abbas Ahmad al-Bostani) et le très didactique livre «Problèmes psychologiques et moraux» de Sayyed Mojtaba Moussavi Lâri, qui ont été de véritables remèdes pour moi, pour mon âme.

Alors pour mon cas, comment ai-je changé? En tant que croyant, lorsque ces mauvaises pensées traversaient mon esprit, je récitais un, dix, vingt versets du Coran (ou je répétais les mêmes ayats plusieurs fois) ou je faisais le zikr (Allahou akbar, al-hamdullillah, subhan Allah...) ou j'essayais de trouver des raisons positives. Autant de versets ou de raisons nécessaires pour qu'elles disparaissent. Malheureusement, ces idées noires ressurgissaient à tout moment. Dans ce cas, je recommençais le processus autant de fois que le besoin se faisait sentir. A force, au bout de deux mois, deux ans, huit ans... ce défaut est parti (Al-hamdullillah). J'ai résisté en n'étant pas défaitiste, oui j'ai essayé de ne pas l'être. Autrement, j'aurais pu enlever tout espoir dans ma vie... Cela était difficile mais je savais que c'était possible. Des amis libanais m'ont soutenu et aidé dans cette tâche très ardue. Qu'ils trouvent ici, eux et leur famille, toute ma gratitude. Je ne les remercierai jamais assez pour ce qu'ils m'ont apporté. Ils sont... comme ma famille.

En résumé de mon travail intérieur, le changement d'un défaut:

- c'était d'abord l'admettre, le reconnaître;

- ensuite, le comprendre et être convaincu que cet immense effort était pour mon bien, pour que je puisse m'épanouir pleinement;

- enfin, l'étape la plus longue et la plus pénible, était de mettre tout ceci en application avec beaucoup de ténacité et de vaillance sans jamais désespérer.

C'était un très grand jihad (en arabe, cela veut dire «faire l'effort intérieur») contre moi-même pour devenir meilleur, et pour me perfectionner tous les jours. J'espère avoir réussi... Allahou 'Alam (Dieu Seul le sait). Par l'effort qu'il avait fourni pour trouver son chemin, le nouveau musulman que j'étais, a bénéficié de l'ouverture du coeur et de l'âme qu'Allah, le Pardonneur Absolu, lui a prodiguée. Par conséquent, il était plus disposé à changer par rapport aux autres. En remerciant Dieu qu'il ne s'était pas trop perverti dans les péchés avant sa conversion ce qui l'aurait empêché de réaliser cette rééducation psychique en profondeur.

Qu'Allah, Le Clément, nous renforce les sens et le coeur pour que nous puissions nous améliorer, nous rapprocher de Lui jour après jour, et qu'à la fin, être parmi les véridiques, ceux élevés aux rangs les plus sublimes, les plus intimes avec Lui...

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