Sam04202024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

L'Ijtihâd

L'Ijtihâd



L'Ijtihâd signifie des efforts assidus en vue de déduire une ordonnance à partir du Saint Coran, ou des paroles et des actes du Saint Prophète et des Saints Imams

L'Ijtihâd est donc une tâche grande et formidable pour les savants érudits (Mujtahid). C'est en fait un devoir sérieux et pénible. A l'époque du Saint Prophète, l'Ijtihâd a joué un rôle appréciable et fondamental. Puis il a été considéré comme un pont reliant l'avenir au passé. L'Ijtihâd est le passe-partout de tous les problèmes une gageure pour toutes les époques. C'est pourquoi il été désigné à juste titre comme "la force dynamique de l'Islam.

Les principes immuables et stables de l'Islam sont limités. Mais les circonstances et les événements apportent, eux, leurs problèmes spécifiques. Il est donc fondamental qu'il y ait à chaque époque une constellation de savants versés dans le code islamique et rompus aux problèmes du monde et aux exigences de l'époque, afin qu'ils soient à même d'assumer la responsabilité de trouver des solutions auxdits problèmes sur la base de 1'Ijtihâd, c'est-à-dire, de déduire, à partir du Saint Coran et de la Sunnah, un jugement applicable aux problèmes qui se posent.

Pourquoi ainsi? Le monde avance à une vitesse terrifiante et son évolution donne nécessairement naissance à des problèmes si nouveaux et si étranges qu'on n'aurait jamais pu les imaginer dans le passé. En faisant face à ces nouvelles demandes, il y a un besoin réel d'une jurisprudence tellement vivante et éclairée qu'elle puisse marcher côte à côte avec le temps et concilier la nouvelle vie de l'homme avec le vrai esprit de l'Islam, afin que celui-ci puisse être infiltré dans le cerveau et le coeur humains tout au long du cheminement progressif de la connaissance.

 

Selon les besoins de l'époque, les savants érudits ont à présenter la jurisprudence islamique de manière à pouvoir justifier les exigences, comprendre et résoudre à sa lumière et sous sa guidance les nouveaux problèmes qui se posent. Cela est essentiel pour empêcher la religion d être stagnante et de perdre son véritable esprit.

Les Hadith qui ont trait à l'Ijtihâd nous apprennent qu'Is-hâq Ibn Ya'qoub a soumis un jour à l'Imam al-Mahdi, le Douzième Imam, une lettre dans laquelle il faisait connaître le remède qu'il avait découvert pour les maux qu'il avait connus. Mohammad Ibn `Othman al-`Umari, le représentant particulier de l'Imam, a soumis la lettre à ce dernier, lequel y à répondu lui-même: "En ce qui concerne les adversités et les événements, vous devez vous référez à nos narrateurs et juristes, car ils sont pour vous notre preuve, tout comme nous sommes la preuve d'Allah. "

Ici, on entendait par adversités l'émergence de nouveaux problèmes. L'auteur de la lettre avait soulevé la question de savoir ce qu'il faut faire lorsqu'on est confronté à un problème, surtout quand on n'a pas accès à l'Imam. L'Imam a répondu que dans un cas pareil on doit soumettre l'affaire au juriste et à celui qui détient l'autorité (le faqih).

Certains juristes contemporains sont d'avis que les circonstances ne signifient pas les problèmes et leur solution religieuse, puisqu'il est très courant chez les chiites que pour de telles questions, on se réfère aux juristes. Ils pensent que par problèmes on entend les problèmes qui continuent de surgir dans la vie des Musulmans, et qui peuvent se poser dans les domaines culturel, intellectuel, social, politique et économique de la vie.

En tout cas, que les problèmes se rapportent aux événements et aux circonstances, ou qu'il s'agisse de ceux qui se posent nouvellement et qui apparaissent et disparaissent à chaque époque et à chaque temps, dans tous cas semblables, vous devez vous référer aux juristes et aux commentateurs afin de connaître votre devoir à cet égard. C'est par une approche rationnelle que la jurisprudence chiite voit que les anciennes lois n'offrent pas de solution. Donc il est essentiel pour les juristes de prendre connaissance du problème, et de le résoudre et d'en fournir une réponse appropriée, après avoir étudié ses complications à la lumière du Coran, de la Sunnah et des précédents.(15)

L'étude de la jurisprudence musulmane révèle que des problèmes se sont posés aux différentes époques et que les juristes en ont fourni les solutions. Ainsi, peu à peu le champ de notre jurisprudence s'est élargi de plus en plus. Par exemple, lorsque nous étudions les livres de jurisprudence antérieurs à Cheikh Abou Ja`far al-Touci (385-460 A.H.), nous constatons combien ils étaient brefs et combien les problèmes dont ils traitaient étaient limités. Le Cheikh a élargi le champ de la jurisprudence et a opéré une révolution dans ce domaine par la compilation de son célèbre livre, "Al-Mabsout".

De cette façon, d'une époque à l'autre, le volume de la Jurisprudence a grandi grâce aux efforts des juristes et des savants, pour atteindre au siècle dernier le stade qui a permis à l'auteur de "al-Jawâhir" de compléter une série de Jurisprudence, à laquelle il a consacré sa vie.

La jurisprudence a atteint de nos jours un tel degré d'extension qu'il n'est pas possible pour une personne de faire toute seule une étude exhaustive, une recherche, une rédaction ou un enseignement couvrant tout ce sujet.

Cela montre clairement combien l'Islam s'est appliqué à toutes les époques de son histoire à s'intéresser aux problèmes du changement, de la révolution et de la nouveauté, et combien la solution desdits problèmes est due à ces savants et juristes érudits.

Le rôle de l'Ijtihâd en Islam est donc d'une importance majeure, car elle renferme toutes les décisions et tous les commandements qui doivent être promulgués et transmis jusqu'au Jour du Jugement, et ce bas-monde aura besoin de ces décisions et commandements pour son bien propre et pour la réalisation de son évolution (voir Dr. Beheshti et Dr. Bâhonar, "Philosophie de l'Islam"

Il y a dans al-Kâfi un chapitre qui souligne que tous les besoins de l'humanité sont couverts par le Saint Coran et le Hadith.

Le Saint Coran explique toutes choses. L'Imam a affirmé en jurant que tous les besoins des Musulmans, qui surgissent à toutes les époques, peuvent trouver sans l'ombre d'un doute leur satisfaction en Islam.

Cette affirmation ne comporte aucune exagération. Au contraire, c'est une réalité reconnue par des experts autorisés de l'Est et de l'Ouest, qui admettent, en outre, que l'Islam est une école dynamique de système juridique durable.

Santayana(16), un philosophe occidental estimable, dit: "Le code islamique de jurisprudence est si complet dans ses rapports avec les dispositions juridiques qu'il faut admettre qu'il constitue un système judiciaire parfait pour l'organisation de la société musulmane."

Le professeur Hockings, le savant américain rénovateur, commentant la jurisprudence islamique, affirme: "Le moyen du progrès des pays musulmans ne réside pas dans l'imitation et l'adoption dans leur vie des valeurs et des modes de la vie occidentale. D'aucuns se demandent s'il y a lieu de créer de nouvelles pensées en Islam et s'il serait possible d'établir un code stable et distingue, capable de répondre aux nouveaux besoins et demandes de la vie? La réponse à cette interrogation est que non seulement l'Islam a la potentialité pour toute sorte de progrès, mais qu'il a aussi une capacité d'évolution plus grande que celle d'autres systèmes. La difficulté des pays musulmans n'est pas que leur système de vie soit fermé au progrès. Leur vrai difficulté réside, en fait, dans un déplorable manque de volonté, de leur part, de tirer profit des clauses des lois islamiques qui nous mènent vers le progrès."


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