Si tu tombes sur un indigent qui accepte de porter pour toi ta provision jusqu’au Jour de la Résurrection et qu’il te la rendra au moment où tu en auras grand besoin, saisis cette occasion et fais-la-lui porter, et donnes-en encore davantage, si tu en a les moyens, car tu pourrais rechercher une telle occasion sans la trouver jamais. Et profite de la présence de quelqu’un qui voudrait t’emprunter quelque chose quand tu es riche, et te le rendra le jour où tu seras dans la gêne.
اِنَّما لَكَ مِنْ مالِكَ ما قَدَّمْتَهُ لِآخِرَتِكَ وَ ما اَخَّرْتَهُ فَلِلْوَارِثِ
C’est seulement ce que tu auras dépensé de tes biens (en œuvre de bienfaisance) pour ta Vie future, qui t’appartiendra (te sera utile), alors que ce que tu en auras gardé, ira à ton héritier.
اَعْظَمُ المَصائِبِ والشَّقاءِ الوَلَهِ بالدُّنيا
* L’amour fou de ce monde est la plus grand des calamités et des misères.
Le bas monde rapproche la mort, éloigne l’espoir, anéantit les hommes, et change les états. Quiconque tente de le vaincre, il le vaincra, et quiconque essaie de l’abattre, il l’abattra. Mais celui qui lui désobéit, il lui obéira, et celui qui l’abandonne, il viendra vers lui.
Sortez (l’amour de) ce bas monde de vos cœurs avant que n’en sortent vos corps, car vous n’y êtes que pour passer une éprouve, et c’est pour un autre monde que vous avez été créés.
Ne laisse rien de ce monde derrière toi, car ce que tu lèguerais ira à l’un de deux types d’hommes : ce sera soit un homme qui l’utilisera dans la voie de l’obéissance à Allah Gloire à Lui- auquel cas il se sera réjoui du produit de tes efforts et de tes souffrances, soit un homme qui le dépensera dans la voie de la désobéissance à Allah – Gloire à Lui – et auquel cas tu auras été son complice dans le péché. Or, aucun de ces deux genres d’hommes ne mérite que tu le préfères à toi-même.
Si tu te tournes vers le monde d’ici-bas, il se détourne de toi, et si tu t’en détournes, il se tourne vers toi.
اِنَّ الدُّنْيا كالشَبَكَةِ تَلْتَفُّ عَلى مَنْ رَغَبَ فيها وَتَتَحَرَّزُ عَمَّنْ اَعْرَضَ عَنْها فَلا تَمِلْ اِلَيْها بِقَلْبِكَ وَلا تُقْبِلْ عَلَيْها بِوَجْهِكَ فَتُوقِعْكَ في شَبَكَتِها وَتُلْقيكَ في هَلَكَتِها
Le bas monde est comme le filet : il entoure celui qui le désire et évite celui qui s’en détourne. Ne penche donc pas vers lui ton cœur ni ne tourne vers lui ton visage, sous peine de tomber dans son filet et de subir son œuvre d’anéantissement.
Ce bas monde pourrait parfois sourire fortuitement à un homme non avisé et se détourner à raison([1]) d’un homme réfléchi (averti). Ainsi, si la chance venait à te sourire un jour alors que tu n’as rien fait pour la mériter, ou que tu rates un objectif escompté pour la réalisation duquel tu avais travaillé judicieusement, garde-toi d’être conduit par cet apparent paradoxe à désirer l’ignorance et à abandonner la raison, sous peine d’être entraîné par une telle attitude vers la misère et à la ruine.
Ce bas monde change promptement, se déplace fréquemment, trahit durement et ruse continuellement. Ses états s’ébranlent, son bienfait change, sa prospérité diminue, ses plaisirs se gâtent : celui qui le sollicite est voué à l’humiliation et celui qui s’y embarque trébuche.
Ce bas monde est une demeure de périssement et de fatigue, de vicissitudes et d’épreuves. Demeure de périssement, car le Temps a l’arc tendu, ses flèches ne manque pas leurs cibles et ses blessures ne se cicatrisent jamais. Il lance la mort sur le vivant, la maladie sur le bien portant et la destruction sur le survivant. C’est un mangeur insatiable et un buveur inapaisable. Demeure de fatigue, car l’être humain accumule des aliments qu’ils ne mange pas et construit des bâtiments qu’il n’habite pas, puis il retourne vers Allah sans porter ses biens ni transporter ses bâtiments.
Allah –Il est sublime- a créé ce bas monde en vue d’un autre monde. Il y éprouve les gens pour voir lesquels d’entre eux sont les meilleurs dans la bonne action. Nous n’avons donc pas été créés pour ce bas monde, ni n’avons reçu l’ordre d’œuvrer pour lui. Nous avons y avons été placés plutôt pour y être éprouvés et pour y œuvrer en vue du monde suivant.
Soyez de ceux qui ayant pris conscience de la nature périssable de ce bas monde, y observent l’abstinence, et de la nature éternelle de l’autre monde, œuvre pour lui.
Le monde d’ici-bas est pareil au serpent dont le toucher est doux, alors que dans son creux s’agite un poison mortel : l’ignorant berné y succombe, alors que le sage averti l’évite.
La fortune et les enfants sont l’ornement de la vie ici-bas, alors que la bonne œuvre est la moisson de la vie future.
أِنَّ الدُّنْيا كالحّيَّةِ لَيِّنُ مَسُّها قاتِلٌ سَمُّها فاعْرِضْ عَمَّا تُعْجِبْكَ فيها القِلَّةُ ما يَصْحَبُكَ مِنْها وَ كُنْ آنَسُ ما تَكونُ بِهااَحْذَرَ ما تَكونَ مِنْها
Ce bas monde est comme le serpent : il a le toucher doux mais son poison est mortel. Détourne-toi de ce qui t’y plaît, car trop peu de ce monde pourra t’accompagner. Et sois le plus prudent avec ce qui te réjouit le plus en lui.
Je vous mets en garde contre ce bas monde, car il est une maison d’instabilité et non une demeure d’établissement. Il s’est orné de sa vanité et il séduit par son ornement. Son bien est peu et son mal est prêt. Ses biens sont faits pour être repris et ses constructions sont destinées à la destruction.
Ce que tu as de ce monde entre les mains, avait un propriétaire avant toi et il en aura un autre après toi. Tu n’es en tout cela qu’un thésauriseur pour un des deux hommes suivants : soit un homme qui utilisera ce que tu auras thésaurisé dans la voie de l’obéissance à Allah, auquel cas, il se réjouira du produit de ton labeur, soit un homme qui l’utilisera dans la voie de la désobéissance à Allah, auquel cas, tu auras été misérable avec ce que tu auras thésaurisé pour lui. Or aucun de ces deux types d’homme ne mérite que tu le préfères à toi, ni que tu portes une telle charge pour lui. Contente-toi donc de souhaiter pour celui qui t’a précédé, la Miséricorde d’Allah, et pour celui qui te succédera, la subsistance d’Allah.
Ce bas monde est une demeure dont le début est fatigue et difficultés et la fin anéantissement. Ce qu’il a de licite demande des comptes, et ce qu’il comporte d’illicite est passible de châtiment. Celui qui s’y enrichit succombe à la séduction et celui qui y reste pauvre, est en proie aux soucis.
Ce bas monde n’a pas été créé pour vous comme une maison de séjour, ni un lieu d’établissement, mais comme un passage (étape, relais) pour que vous vous y approvisionniez en bonnes oeuvres pour la demeure d’établissement éternel. Soyez-y donc prêts à un prompt départ, et ne vous laissez surtout pas berner par ce monde éphémère et ne soyez pas envoûtés par sa séduction.
Ce bas monde et le Monde futur (al-âkhirah) sont deux ennemis opposés et forment deux voies différentes. Ainsi, quiconque aime ce bas monde et lui livre son cœur, détestera le Monde futur et lui deviendra hostile. Et ils sont pareils à l’orient et à l’occident avec un passant entre les deux : plus celui-ci s’approche de l’un, plus il s’éloigne forcément de l’autre. En fin de compte, les deux mondes ressemblent à deux femmes rivales.
La vie d’ici-bas est la fin de la portée de la vue de l’aveugle (de cœur), lequel ne voit rien au-delà, alors que la vue du clairvoyant perce la fin visible de ce bas monde et sait que la Demeure éternelle se trouve derrière (au-delà). Ainsi, le clairvoyant se détourne de ce bas monde, alors que l’aveugle de cœur se tourne vers lui, et tandis que le premier s’y approvisionne pour l’au-delà, le second s’y approvisionne pour en jouir.
Allah qu’Il soit glorifié- a créé le monde comme un relais vers un autre monde, et pour y éprouver les gens en vue de savoir lesquels d’entre eux sont les meilleurs par leurs actes. Nous ne sommes pas créés pour ce monde, ni n’avons reçu l’ordre d’œuvrer pour lui. Nous y avons été mis plutôt pour y subir ses épreuves et pour travailler en vue du Monde futur.
Si tu subordonnes ta vie d’ici-bas à ta Religion, tu gagneras et ta Religion et ta vie d’ici-bas, et tu seras dans la vie future au nombre de gagnants.
Le plus grand des soupirs le Jour de la Résurrection sera celui d’un homme qui avait gagné son argent dans la désobéissance d’Allah et l’avait laissé à un héritier qui l’ayant dépensé dans l’obéissance d’Allah, est entré au Paradis alors que lui est allé en Enfer.
الخَوْفُ مْنَ اللَّهِ في الدُّنْيا يُؤْمِنُ الخَوْفَ في الآخِرَةِ مِنْهُ
La crainte d’Allah dans ce monde est une assurance contre sa crainte dans l’au-delà.
Les Amis d’Allah sont ceux qui regardent l’intérieur de ce bas monde, lorsque les gens en regardent la surface ; qui se préoccupe de son aspect futur, lorsque les gens s’occupent de son aspect immédiat. Ainsi ils ont tué de ce bas monde ce qu’ils craignent qu’il les tue et ils en ont abandonné ce dont ils savaient qu’il les abandonnera. Ils considèrent comme insignifiant ce que les gens voient dans ce monde comme considérable, et ils croient qu’atteindre un tel objectif mondain est un anéantissement. Ils sont les ennemis de ce avec quoi les gens sympathisent, et les amis de ce que les gens perçoivent comme ennemi ! C’est à travers eux que le Livre fut connu et c’est en lui qu’ils ont puisé leur savoir. C’est par eux que le Livre s’est dressé et c’est par lui qu’ils se sont dressés. Ils ne voient pas un objet d’espoir au-dessus de ce qu’ils espèrent, ni un objet de crainte au-dessus de ce qu’ils craignent.
Les gens se répartissent en deux types de solliciteurs et chacun d’eus est à son tour sollicité : celui qui sollicite la vie d’ici-bas, la mort le demande jusqu’à ce qu’elle l’en sorte, et celui qui sollicite la vie de l’au-delà, la vie d’ici-bas le demande jusqu’à ce qu’il obtienne ce qui lui y est imparti.
Les gens font deux sortes de travail dans la vie d’ici-bas : les uns travaillent dans ce monde pour ce monde, lequel les distrait de l’autre monde, craignant de léguer la pauvreté à leurs héritiers en se convainquant que ceux-ci seraient pauvres, et de cette façon, ils perdent leur vie au bénéfice d’autrui ; les autres travaillent dans ce monde pour le monde futur, et reçoivent sans difficulté ce qui leur est imparti, gagnant les deux demeures à la fois, celle d’ici-bas et celle de l’au-delà.
Le jour que vous êtes en train de vivre est peut-être le seul qui vous reste pour espérer, désirer et travailler et, passé ce jour peut survenir le très grand vide de la mort. Quiconque travaille durant ce temps d'espoir et d'espérance, devra récolter la moisson de son labeur et la mort ne lui pèsera pas. Mais celui qui ne se soucie guère d'utiliser cette période perd son temps, gaspille son travail et la mort sera pour lui une calamité."
Paradoxalement, je ne connais pas quelque chose d'aussi désirable que le Paradis, cependant que ceux qui y aspirent ne font rien pour y accéder, ni quelque chose d'aussi effroyable que l'Enfer, cependant que ceux qui le craignent ne font rien pour l'éviter. Celui pour qui le vrai n’a pas d’utilité, le faux lui nuira, et celui que la guidance ne peut remettre sur le droit chemin, c’est vers la mort que l’égarement le conduira. [1] La vie d’ici-bas est normalement pour le croyant est un lieu d’épreuves et de souffrances. Donc il est normal qu’un croyant avisé soit soumis aux épreuves de la vie.