Jeu04182024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Revelation Divine Raison Humaine Et Science

Revelation Divine
Raison Humaine Et Science



Ayatollah Abdullah Jawâdî Âmulî

L’homme est une créature pensante dont l’action est guidée par la pensée. Il est impossible de le priver de penser, de suspendre sa faculté d’action, de le rendre inerte ou d’en faire un objet inanimé .Il est de même impossible d’ignorer la relation qui existe entre l’action humaine et la pensée. Donc, l’existence humaine est une mélange de connaissance et d’action, laquelle action est basée sur et est guidée par la connaissance.

Ainsi ,outre le fait que l’homme est un être actif et conscient, sa connaissance et sa conscience délimitent le champ de son action et de son travail tire profit de sa représentation .Sa connaissance trouve une expression concrète dans son activité tout comme son activité stimule sa connaissance. C’est un fait vital de la vie humaine.

Si la connaissance ne se traduit pas en action et l’action n’est pas guidée par la connaissance, et s’il n’y avait pas de fusion entre les deux, la vie, qui est le résultat de la fusion et de l’harmonie entre elles, cesserait. En d’autres termes, un être ‘’vivant’’ est une intelligence active dans laquelle la primauté de la connaissance à laquelle obéit l’action est pleinement réalisée.
La vie éternelle en tant que fruit de la connaissance et de l’action

Etant donné que la vie de l’homme est directement dépendante de sa pensée et de son action et que la qualité de sa pensé et de son action influe directement sur la qualité de la vie, plus profonde est sa connaissance, plus sage est son action, plus fermes seront les liens entre sa pensée et son activité, plus rationnelle et féconde sera sa vie .

Car la signification de la vie dépend de celle de ses facteurs constituant, et leur valeur étant la même que celle de la vie. C’est pourquoi la meilleure vie, qui est la vie éternelle, est le résultat de la meilleure connaissance et de l’action la plus profitable et de l’effort le plus fructueux, mais surtout d’une fusion et d’une coordination indestructibles de l’existence entre une telle connaissance et un tel effort.

Rôle dirigeant de la connaissance

Puisque le but le plus élevé de la Révélation divine vise la renaissance del’humanité ,les trois principes mentionnés plus haut( celui de la connaissance, celui de l’action et celui de la primauté de la connaissance sur l’action et la soumission de l’action à la connaissance ) ,ont occupé une place primordiale dans l’enseignement des prophètes .

C’est parce que la vie est dans leur réalisation .Mais si ces principes sont abandonnés ,la vie humaine se détériore .Cette question est clairement établie dans le saint Coran. IL loue quelquefois la connaissance certaine et encourage l’action ferme, en exhortant les êtres humains à renforcer les liens entre la connaissance et l’action .A d’autres moments, il dénonce l’ignorance, l’oisiveté et la séparation entre connaissance et action.

Le Coran essaie de poser les fondements pour l’action correcte, la connaissance appropriée et la relation harmonieuse entre les deux, base de la vie rationnelle de l’individu et la société. Il cherche ainsi à sauver l’humanité en lui évitant de sombrer dans les abîmes de l’ignorance, de l’inertie et de la mort, et de la rendre vivante. De plus, afin de rendre, pour l’humanité, la traversée plus facile vers la fin sacrée, les prophètes, en tant qu'êtres parfaits ayant atteint la vie rationnelle sur la base de ces trois principes, ont accepté la responsabilité de guider l’humanité vers la réalisation de ce but ultime.

Connaissance pratique et théorique

Dans l'être humain, la réalisation entre la connaissance et l’action est telle que toutes ses actions sont basées sur sa connaissance, dictées et dirigées par elle. Toutefois, ce n’est pas la connaissance, toute entière de l’homme qui influence directement ses actions. En fait, une partie de sa connaissance est purement spéculative et revêt un aspect théorique, n’exerçant aucune influence directe ou précise sur ses activités ; alors que d’autres aspects de sa connaissance influencent directement ses actions, constituant leur plan et leur trame.

Le domaine de la connaissance humaine a, de ce fait, une étendue plus vaste que l’action humaine. En d’autres termes, la connaissance est illimitée, alors que l’action reste limitée. C'est pourquoi la connaissance jouit d’un statut hors de portée ou d’atteinte de l’action. La raison en est qu’il y a des choses connues par l’esprit qui transcendent le champ de la vie humaine ,et où l’être humain ne joue aucun rôle dans leur réalisation .

Au contraire , l’être humain doit son existence à quelques-unes de ces réalités et est un effet de ce qui en constitue la cause .D’autres choses connues par l’homme toutefois , font partie du domaine de sa vie et leur réalisation dépend de sa volonté et de ses efforts ,de sorte que si l’homme n’existait pas, ces choses n’auraient jamais eu lieu.

C’est à ce stade que la division de la connaissance en science théorique ou spéculative et science pratique (al hikma al –nazariyya et al hikma al-amaliyya) est établie et que l’influence et les limites de la connaissance humaine dans chacune de ces sphères sont étudiées .De plus, c’est ici que le rôle de la Révélation divine dans chacun de ces champs peut être examiné.

Une telle analyse clarifierait jusqu'à quel point l’homme peut atteindre la connaissance de la réalité et expliquerait les nouvelles approches concernant les sciences humaines suggérées par la Révélation divine .Nous saurons alors ce qu’il faudrait faire si une quelconque incongruité survenait entre les découvertes humaines et la Révélation ,quelle autorité consulter dans ces cas et laquelle devrait être considérée comme prioritaire à l’autre .

Est-il possible ,en principe, qu’une quelconque différence surgisse entre ,d’une part , la connaissance décisive et certaine de l’homme et d’autre part ,la Révélation divine? En supposant qu’une telle incongruité est possible, peut-être surmontée ? Chacune de ces questions devrait être étudiée séparément.

Méthode de raisonnement dans les sciences spéculatives et pratiques


L’axe autour duquel tournent les discussions des sciences spéculatives et la base rationnelle des arguments impliqués dans ces branches de la connaissance humaine, sont complètement et fondamentalement distincts de ceux des sciences pratiques.

L’axe même de l’étude dans les sciences spéculatives est quelque chose dont la réalité transcende le domaine de la volonté et des sciences humaines et dont la réalisation ou non n’est pas influencée par l’être humain. Ceci est vrai lorsque le sujet discuté est le principe général de l’être du non-être ou bien l’être ou le non-être d’un objet défini ; la première sorte de questions appartient au domaine de la philosophie et le second appartient au domaine des sciences mathématiques et expérimentales

Les fondements du raisonnement dans les sciences spéculatives, spécialement en philosophie et en métaphysique, sont des axiomes évidents dont la validité n’est pas mise en doute .Toutes les déclarations théoriques compliquées doivent se référer à une série d’axiomes évidents, de telle sorte que leur complexité est résolue et leur validité ou invalidité puisse être affirmée.

Pour ce faire ,nous sommes forcés de découvrir les séries de vérités évidentes ainsi que leurs relations réciproques pour atteindre les propositions complexes, pour ensuite analyser les propositions complexes avec la plus grande attention en les rapportant aux vérités évidentes de base .En d’autres termes, le matériel axiomatique qui permet grâce à la synthèse ou à la réduction , de résoudre les propositions complexes, la méthode de synthèse ou d’analyse et le processus de raisonnement doivent être certains et évidents .

Cela est nécessaire car si le matériel axiomatique ou le processus de raisonnement présentent la moindre incertitude à leur propos, les conclusions obtenues seraient incertaines et le problème théorique considéré conserverait sa propre complexité et ambiguïté même si un aspect partiel est clarifié. Ainsi,

l’on ne peut s’appuyer sur la conjecture, l’analogie, l’imagination ou la fantaisie, que ce soit en ce qui concerne le matériel axiomatique ou la méthode de raisonnement .la discussion à propos du matériel axiomatique primaire et la méthode d’inférence est du ressort de la philosophie et la logique .

Puis, comme nous l’avons avancé plus haut, l’axe de l’étude des sciences pratiques se situe à l’intérieur du champ de l’existence humaine car ces sciences dépendent pour leur existence, de l’initiative et de la volonté humaines. Les choses telles que la justice ou l’injustice , l’humilité ou la fierté, le contentement ou l’avidité, etc. sont des exemples de problèmes qui concernent la philosophie pratique (al hikma al-amaliyya), tous appartenant à la variété de ‘’faire’’et ‘’ne pas faire ‘’.

La méthode de raisonnement pour aboutir aux conclusions est basée sur les valeurs et les critères moraux évidents.En d’autres termes ,ces choses dont le mal ou le mauvais sont indubitablement et certainement perçus par l’esprit , servent de points de référence et de fondements sur lesquels sont basées toutes les différences concernant les ‘’ne pas faire’’ alors que toutes les choses dont le bon et le désirable sont indubitablement clair à l’esprit humain servent de fondement et de base à tous les jugements concernant les’’ faire ‘’.

Tous les problèmes complexes et difficiles de la philosophie pratique sont résolus par la référence aux bons et mauvais primaires et évidents. Nous résolvons nos problèmes soit par la synthèse de ces valeurs primaires les unes avec les autres, soit par analyse des problèmes complexes en les réduisant à une série de valeurs simples et évidentes, donc sous forme de synthèse, d’analyse ou de réduction.

S’il y a une imperfection dans chacune de ces deux bases, le matériel axiomatique ou la méthode d’inférence, ou dans les autres termes ,si le bon ou le mauvais d’une chose n’est pas évident ,ou si la méthode d’inférence n’est absolument sûre ,les conclusions obtenues manqueraient de certitude ; il en résulterait que ce problème de philosophie pratique dont nous nous occupons conserverait sa complexité et son ambiguïté, même si certains de ces aspects ont été résolus .

Nous devons donc conclure que ni dans le matériel axiomatique utilisé pour nos arguments ni dans la forme de raisonnement utilisée , il n’ y a de place pour la conjecture ,la fantaisie ,les préjudices personnels, les désires, les choses aimées ou détestées .Les seules choses sur lesquelles nous pouvons nous appuyer sont la raison pure et l’instinct sain. La passion et le désir ne devraient influencer ni le matériel de nos arguments ni la méthode de raisonnement. La description et la définition des mauvais et des bons primaires ainsi que la forme du raisonnement, que ce soit sous la forme de la synthèse ou de l’analyse, font partie des tâches de l’éthique (ilm al-ahlâq) et de la philosophie pratique (al hikma al-amaliyya)
Raison et Révélation, conjecture et certitude

La Révélation est le témoignage de toutes ces vérités et réalités dont la connaissance est nécessaire pour l’existence rationnelle de l’homme, grâce à l’expérience directe (al-ilm al-hudûrî) aussi bien que l’acquisition complète de leur compréhension et discernement après la Révélation (an-husuli), grâce à la connaissance acquise (al-ilm al-husûlî) obtenue sous forme de signes perceptibles et de concepts connus.

Puisque la source (al- madda al-fâ ilî) d’une telle Révélation est le créateur qui a une connaissance absolue de la totalité de l’existence et qui est dépourvu de toute trace d’ignorance ,d’oubli ou de négligence ,puisque le porteur de la Révélation est Gabriel, l’ange véridique connu et puisque son récepteur ( al-mabda al-qâbilî ) est la conscience infaillible du prophète , par conséquent si le message peut être vérifié comme étant divinement révélé ,nous pouvons dire qu’il correspond à la vérité absolue .En d’autres termes ,il est impossible que quelque chose soit indubitablement reconnue comme la Révélation divine tout en admettant la possibilité d’une parcelle d’erreur .

La question de l’infaillibilité et de la certitude de la Révélation est confirmée par l’esprit rationnel grâce au processus de l’analyse ou de la synthèse, la base de tous les deux étant l’évident et les propositions primaires .Cependant, s’il y a un doute quelconque à propos de ce qui est la Révélation divine, cela signifie qu’il y a non plus aucune certitude à propos de son infaillibilité. En d’autres termes ,puisque que la correspondance nécessaire entre la Révélation divine et la réalité dépend de son immunité des fautes ,de l’ignorance et de l’oubli, tout comme la confiance dans la raison philosophique dépend de sa pureté de toute contamination par la conjecture, l’hypothèse et le préjudice ,on ne peut s’y appuyer que lorsque son être de Révélation divine a été prouvé comme étant dénué de tout doute .

S’il demeure une incertitude à propos de son être de Révélation divine ,elle ne peut être la source ni le fondement de la philosophie spéculative ,dont le champ s’ étant hors du domaine du’’ faire’’ et ‘’ne pas faire’’. De plus, les déclarations purement rationnelles, si elles ne sont pas évidentes ou incapables d’être réduites à des vérités de base évidentes, doivent être dépourvues d’autorité et ne peuvent être admises dans les affaires théologiques .

Ainsi la Révélation conjecturelle (al-wahîaz-zannî), aussi bien que les déclarations rationnelles basées sur la conjecture et l’hypothèse, sont extérieures à notre sujet de discussion. Leur seul valeur gît dans les problème de la philosophie pratique et dans les questions se rapportant au’’ faire’’ et’’ ne pas faire’’ en tant que ‘’preuve conjecturelle’’ (dalîl zannî). Ainsi, ils sont passibles de limitation et de restriction si une preuve plus décisive est trouvée.

Dans le cas où la Révélation conjecturelle présente une applicabilité générale et est contraire à une certaines preuves ou évidences rationnelles, l’application générale de la Révélation conjecturelle –basée sur les versets du Coran ou sur les traditions prophétiques ou remontant aux Imams, doit être abandonnée car la preuve conjecturelle ( dalîl zannî) ne peut jamais être maintenue lorsque la preuve décisive (dalîl qat’î) est disponible.

Si d’une part, nous avons une preuve transmise (dalîl naqlî) une déclaration provenant de la tradition ,dont l’authenticité de la source est aussi certaine que celle du Coran, mais dont la signification littérale n’est pas précise ni claire ,étant basée sur l’interprétation et la conjecture et qui, de plus ,présente une applicabilité générale ,et si d’autre part ,nous avons des raisons indubitablement rationnelles pour affirmer le contraire ,son applicabilité générale est remplacée par la preuve formelle ou décisive (dalîl qat ‘î) même si la source de l’ authenticité de la preuve transmise (dalîl naqlî) est certaine.

Caractéristiques de la Révélation formelle (wahî qat’î)

La Révélation formelle fait référence à la Révélation dont il fut prouvé, sans doute aucun, qu’elle provient de l’un des Infaillibles (le prophète et les Imams) qui est claire et précise dans son contenu et sa signification et qui n’autorise aucune ambiguïté, aucune multiplicité d’interprétation en faveur de son contraire .De plus, la déclaration doit être issue dans le but d’exprimer un jugement vrai et non en état de dissimulation (taqiyya).

Si quelque chose possède les caractéristiques que nous venons de mentionner, de façon formelle, nous pouvons dire qu’il s’agit de Révélation formelle ou définitive .Et si ces trois caractéristiques ,ou chacune d’elles ne peuvent être prouvées de manière définitive c’est alors une Révélation conjecturelle (zannî) plutôt que formelle (qat’î) .

En d’autres termes, si on prétend que l’un des infaillibles a fait une déclaration sans prouver qu’elle est certaine, si le contenu de la déclaration n’est pas parfaitement clair et reste ambigu, ou si l’on ne peut affirmer catégoriquement qu’elle fut prononcée pour annoncer un jugement (hukm) , une telle déclaration ne peut être jugée comme étant une Révélation formelle (wahî qat’î) elle devrait être plutôt considérée comme une Révélation non formelle (wahî gayr qat’î) c’est-à-dire incertaine ou Révélation conjecturelle.

Pas de contradiction entre la Révélation formelle (wahî qat’î) et la raison formelle (Aql qal’i)

Il est impossible que la Révélation définitive et la raison formelle ou correcte se contredisent et si, par hypothèse, un tel conflit venait à surgir, il serait impossible à résoudre .Car, comme il est impossible que deux déclarations rationnelles définitives ou deux déclarations définitives basées sur la Révélation se contredisent, il est également impossible que deux déclarations, l’une basée sur la Révélation définitive et l’autre sur la raison correcte ou définitive, se contredisent .De plus, si une telle contradiction entre deux déclarations rationnelles définitives ou deux déclarations révélées définitives, ou deux déclarations l’une basée sur la raison et l’autre sur la Révélation, venait à surgir, elle serait impossible à résoudre .

Tout conflit hypothétique impliquerait que chacun de ces déclarations définitives est contradictoire avec elle-même. Parce que le fondement de toutes les propositions définitivement catégoriques et logiques est le principe des contraires, qui affirme que" rien ne peut être à la fois A et non –A" qui, appliqué aux propositions, signifie qu’aucune déclaration ne peut être à la fois vraie et fausse.

Cela signifie que rien, avec toutes les caractéristiques telles que le sujet et le prédicat, la potentialité et la réalité, la généralité et la particularité, le champs et l’espace et les relations, ne peut exister et non-exister. Lorsqu’une proposition est dite définitive ou formelle, cela signifie que sur la base de sa loi éternelle et irréfutable, il est impossible qu’elle contredise une autre proposition définitive.

Puisque la raison formelle affirme la nécessité et l’infaillibilité de la Révélation formelle et que cette dernière affirme l’autorité (hujjiya) de la première, présente son propre message sous la forme de déclarations rationnelles et appelle tous les êtres humain rationnels à se joindre à la lutte intellectuelle du côté de la droiture et de la vérité, et que tous ses enseignements renferment les critères de la raison formelle, il s'ensuit que la Révélation formelle et la raison formelle ne peuvent se contredire, puisque une telle contradiction serait, dans son essence,contradictoire avec elle-même.

De plus, si par hypothèse, une telle contradiction surgissait, elle serait insolvable, car la préférence de l’une à l’autre conduirait à la destruction des deux, parce que les deux sont basées sur le même principe, celui des contraires, et si l’un de ces deux se retirait de cette base, sa fondation croulerait. Si la fondation de l’un était détruite, l’autre édifice s’effondrerait aussi.

De plus, puisque toutes les propositions définitives du champ des sciences acquises (al-ulûm al-husûlî) sont basées sur le principe de la contradiction, aucune contradiction entre elles ne peut être résolue, qu’elle soit entre deux propositions définitives de la Révélation ou entre deux propositions rationnelles définitives ou entre deux propositions définitives, l’une émanant de la Révélation, l’autre de la raison

Aussi loin que la Révélation divine est concernée, sa réalité est celle de l’appréhension directe de la vérité, "la connaissance par la présence" (ilm hudûrî) et ne s’appuie pas sur la connaissance acquise.

Elle n’a donc pas besoin d’être affirmée par le principe de la contradiction .En, d’autres termes, la Révélation divine est sa propre justification et ne requiert pas de justification externe .Toutefois, elle émane uniquement des infaillibles (ma sûmûn) et est un haut lieu fermé à tous les autres .Elle dépasse alors les limites de notre discussion actuelle. Mais ce que nous entendons ici par Révélation formelle ou définitive est ce qui nous est parvenu sous la forme de la connaissance acquise dont l’authenticité est mesurée à partir des trois critères, l’"origine définitive", l’interprétation définitive et l’intention d’émettre une déclaration définitive de commandement divin.

Priorité de la Révélation et la raison définitives sur la Révélation et la raison conjecturelles


Comme nous l’avion déjà dit, dans tout conflit entre raison formelle et la Révélation conjecturelle, la priorité et la préférence iront toujours à la raison formelle. En général, dans tout conflit entre Révélation formelle et Révélation conjecturelle entre raison formelle et raison conjecturelle, la priorité et la préférence iront toujours au formel ou définitif sur le conjecturel. Ce qui veut dire que le définitif est toujours préféré au conjecturel.

C’est ainsi parce que les propositions conjecturelles doivent leur validité aux propositions définitives alors que ces dernières possèdent leur validité et autorité inhérentes et servent de principe duquel dépend la validité des propositions conjecturelles. Nous pouvons donc dire que les propositions conjecturelles se situent sur le plan différent des propositions définitives .Sur la base de cette différence de plans, elles ne peuvent contredire les propositions définitives car la contradiction est seulement possible lorsque les propositions se trouvent sur le même plan

Nous devons toutefois garder à l’esprit que les propositions rationnelles définitives se trouvent rarement hors du champ de la métaphysique et des mathématiques car leur réalisation dans les sciences naturelles telles que la biologie ou la médecine est improbable, alors que leur réalisation dans les sciences humaines et sociales comme le droit, la sociologie, la psychologie, etc.. Est plus difficile.

Si nous considérons soigneusement la signification de "certitude" (yaqîn) et les conditions pré-requises pour y accéder telles qu’elles ont été énumérées dans ash-Shjifâ d’Ibn Sîna dans la section sur la logique, nous réaliserons que, dans plusieurs domaines des sciences humaines et sociales, si l’accès à la certitude intégrale est impossible, il est en fin de compte très difficile même dans un domaine comme l’astronomie où les problèmes semblent au premier abord avoir des réponses définitives. Beaucoup de ces réponses ont perdu leur certitude indiscutable lorsqu’elles sont examinées par les yeux d’un logicien et philosophe aussi perspicace et brillant qu’Ibn Sîna .

Il n’est donc pas possible non plus d’utiliser toute une gamme de lois expérimentales, d’hypothèses de laboratoire etc.. Pour proclamer la certitude et ainsi de se leurrer soi-même en attaquant la Révélation divine et ses propositions pour finalement essayer d’affirmer la supériorité de la raison (aql) sur la tradition (naql) tout comme il n’est pas possible de sous-estimer la tradition en s’appuyant sur l’évidence rationnelle conjecturelle (dalîl zannî aqlî) pour juger la Révélation, alors que l’on se pose sur un terrain branlant, en la considérant comme opposée à la raison et à la science. Selon Ibn Sîna, ceci découle soit de l’ignorance de ce qu’est la certitude soit l’incapacité à juger en toute justice.

Car c’est un signe d’une pensée défaillante que l’ignorer "l’évidence définitive" et les restrictions qu’elle impose à l’application de toute règle basée sur une l’interprétation superficielle et littérale de l’évidence transmise. De même, s’appuyer sur les significations superficielles et littérales dans des champs autres que la philosophie pratique telles que les sciences expérimentales, situées hors du champ du "faire" et de "ne pas faire" et leur donner la précédence sur la connaissance accumulée et l’expérience de l’homme, semble plutôt déraisonnable.

La même accusation peut être lancée contre ceux qui, s’appuyant sur certains éléments d’évidence conjecturelle et des expériences non concluantes, abandonnent le sens littéral d’une évidence transmise dans le domaine de la philosophie pratique, prennent faussement des postulats hypothétiques et théoriques pour des axiomes évidents et font la confusion entre l’imitation et la recherche, le doute et la certitude. Tout ceci est causé par le raisonnement inattentif et la synthèse inappropriée entre les points de vue conflictuels, émanant probablement d’un refus d’obéir complètement aux enseignements et aux instructions transmis par la Révélation divine.

Ainsi, si dans tout problème surgissant dans l’un des domaines de la philosophie pratique, tels que l’éthique, la jurisprudence ou le droit, un conflit survenait entre une règle basée sur "l’évidence expérimentale conjecturelle" (dalîl tajrubî zannî) (la sorte d’évidence qui s’appuie sur l’hypothèse plutôt que sur les vérités évidentes ) et une règle basée sur "l’évidence jurisprudentielle conjecturelle" (dalîl faqhî zannî) nous ne pouvons abandonner la règle jurisprudentielle pour choisir la première (dalîl tajrubî zannî) et la préférer à la seconde (dalîl faqhî)qui correspond ici à la Révélation conjecturelle (wahy zannî).

Dans le cas des sciences naturelles, comme la biologie ou la physique, si un quelconque conflit survenait entre l’"évidence expérimentale conjecturelle" et l’évidence transmise littérale" (dalîl lafzî naqlî) nous ne pouvons accorder la préférence au second parce que les questions traitées n’appartiennent pas au champ des obligations et des devoirs moraux et n’appartiennent pas à la catégorie du" faire" ou "ne pas faire".

Dans tous ces cas, la préférence appartient à l’évidence expérimentale conjecturelle. Il est clair, alors, que le conflit entre la raison et la Révélation est aisément soluble dans le domaine des sciences naturelles ;qu’il survienne ou non, il est superficiel et sa solution n’est pas inconcevable.

La vraie raison est semble à la Révélation


Ce qui est important, c’est le conflit entre la raison et la Révélation dans la métaphysique et la cosmologie, c’est-à-dire ce qui concerne l’unité divine (al-tawhid), la prophétie (al-mubuwwa), la résurrection (al ma'ad) et d’autres conceptions générales qui se rapportent à ces trois principes. Toutefois, comme nous l’avions mentionné plus haut, le conflit entre la Révélation définitive et la raison définitive est impossible et si, par hypothèse, un tel conflit survenant, il serait insoluble. Comme nous l’avons dit, cette impossibilité de le résoudre émane du fait que la préférence de l’un à l’autre exigerait la destruction de la base commune, le principe de la contradiction, qui signifierait aussitôt la conclusion entre les deux.

Car le fondement sur lequel est basées la croyance en la vérité de la Révélation et la nécessité d’obéir à ses commandements demeure la raison définitive. S’appuyant sur des propositions axiomatiques, la raison définitive proclame que l’existence de la Révélation divine et la prophétie est nécessaire, et qu’elle peut être uniquement reçu par des moyens miraculeux. Mais le miracle ici est, par essence, différent des autres "sciences" occultes telles que la magie, la sorcellerie, l’astrologie ou la chiromancie. Le miracle est le signe de la mission divine et la prophétie, celui de son accomplissement.

Dans tous les cas , les miracles et autres choses de ce genre sont une évidence irréfutable lorsque l’on approche les questions de la Révélation divine et de la prophétie, lorsqu’elles sont confirmées et prouvées par la raison formelle. Si, de plus, toutes ces questions spéculatives sont résolues par la raison formelle pour établir finalement que la Révélation et la prophétie sont prouvées et ainsi annuler l’invalidité du jugement de la raison formelle sur la base de la preuve superficielle ou littérale (dalîl lafzi)qui fait bien sûr, partie de la Révélation conjecturelle plutôt que la Révélation définitive, cela signifierait donner la priorité à l’évidence conjecturelle au lieu de l’évidence définitive et de ses conclusions certaines.La conséquence finale d’un tel processus serait la collusion de toutes ses croyances métaphysiques qui sont affirmées et prouvées par la raison formelle.

Dans le cas impossible où la Révélation formelle est opposée à une évidence rationnelle définitive (dalîl aqli qat’î), si nous essayons de donner la préférence à la Révélation formelle à l’évidence rationnelle définitive, cela nécessiterait l’invalidation de la raison formelle. Par conséquent, l’annulation de l’évidence rationnelle définitive (dalîl aqli qat’î) signifie rien moins qu’une collusion des fondements métaphysiques, la croyance en validité sur laquelle la base de la Révélation elle-même est prouvée (ce point doit être soigneusement noté).

En d’autres termes, la tentative d’annuler l’évidence rationnelle définitive au moyen de la Révélation définitive correspondant à celle de nier l’existence d’une échelle après y être monté, marche après marche en se tenant sur la marche la plus haute. S’il n’y avait pas eu d’échelle avec des marches hiérarchique, monter une telle hauteur aurait été impossible. De la même façon, si l’évidence définitive rationnelle n’est pas valide, comment la nécessité de la Révélation et l’autorité (hujjiyya) de son message seront-elles confirmées ?

Exemples de l’harmonie et du support mutuel entre la Révélation et la raison


Tout comme la nécessité de la Révélation et de la prophétie est prouvée par la raison formelle et que l’intégrité et le sérieux de son message sont confirmés par les arguments rationnels et l’évidence, légitimité et la validité de la raison et des conclusions faites par la raison formelle est confirmées est renforcées par la Révélation divine .Tout le coran sont une invitation à penser et à raisonner. Il commande à la foi de rechercher la certitude, la connaissance et la clarté.

Il demande aux musulmans de s’éloigner de l’ignorance et de ne pas s’appuyer sur la conjecture, le doute, l’imagination, la probabilité et le doute irrationnel ainsi que sur les opinions et positions non scientifiques et préjudiciables. Le coran expose le sommet de la vérité révélée sous la forme d’arguments logiques pour démolir les arguments de ceux qui renient la vérité et pour dissiper les conjectures des idolâtres et des matérialistes, en présentant des arguments décisifs pour prouver leur faiblesse inhérente et leur irrationalité .Pour cette raison, le Coran est présenté en tant que "lumière", une chose où il n’ y a pas d’incertitude, de doute, d’ambiguïté, qui n’est pas complexe, ces critères étant des formes d’obscurité qui non pas de place dans la vérité, qui est la lumière absolue.

Une grande attention est alors portée par la Révélation divine sur le fait que l’homme doit toujours faire une effort pour atteindre la connaissance certaine ; il ne devrait jamais accepter quoi que ce soit sans recherche ni investigation.Suivent quelques exemples de l’harmonie et du support mutuel existants entre la Révélation et la raison.

Premier exemple

On rapporte que le sixième Imam, ja’far b. Muhammad as-sâdiq ( as ) a déclaré que dans deux versets du Coran, Allah a commandé à ses créatures de ne parler à propos de choses qu’ils ignorent et de ne pas rejeter la validité de quelque chose qu’ils ne comprennent pas. Le premier verset dit :

« N’avait-on pas pris d’eux l’engagement du livre qu’ils ne diraient sur Allah que la vérité ?… »*(Al-Araf,169)

Le second verset dit :

* «Au contraire, ils ont traité de mensonge ce qu’ils ne peuvent embrasser de leur savoir, et dont l’interprétation ne leur est pas encore parvenue… »* (Yûnus, 39)

Le propos du premier verset est que toute parole, affirmation ou approbation d’une affaire théologique doivent être basées sur la certitude et la connaissance sûre. Le propos du second verset est que tout rejet de la validité de quelque chose doit être basé sur la raison et la connaissance .Si l’homme vit une existence rationnelle, toutes ses affirmations et négations doivent être basées sur un raisonnement sans faute et une connaissance certaine. De telles déclarations sont des témoignages clairs sur le soutient catégorique de la Révélation divine à la raison et la certitude rationnelle.

Second exemple

On rapporte que le septième Imam Mûsa b ja-far al Kâzim ( as ) a dit qu’Allah a accordé de bonnes nouvelles au sage et à l’intelligent. Il mentionne ensuite quelques versets du Coran qui invitent le croyant à la raison et la rationalité, avant de poursuivre :

"Allah a deux arguments contre les gens, un manifeste et un occulte, quant au manifeste, ce sont les envoyés, les prophètes et les Imam, paix sur eux, quant à l’occulte, c’est la raison". Dans cette déclaration, la raison formelle est considérée comme ayant le même poids et étant aussi sûre que la Révélation divine.

Troisième exemple


En réponse à une question d’Ibn As-Sikkit sur l’argument d’Allah contre les gens de toutes les époques, le huitième Imam, Ali b Musa ar-Rida (as) dit : "C’est la raison que l’on reconnaît le véridique envers Allah, qui est alors attesté comme l’on reconnaît le menteur envers Lui, qui est alors renié." Le propos d’une telle déclaration signifie que la raison est la source de la preuve définitive dont on a besoin pour l’affirmation finale ou le reniement de toute proposition comme elle est le critère auquel doivent être mesurés toutes les propositions et les points de vue. Entendant cette réponse, Ibn as-Sikkit dit : "Par Allah, c’est exactement la réponse."

Quatrième exemple

Discutant avec les idolâtres du hijâz de cette époque et les polythéistes en général, le saint Coran leur dit : vos déclarations devraient soit être basées sur une épreuve rationnelle formelle ou bien confirmées par la Révélation divine. Une déclaration qui n’est ni prouvée par la raison certaine ni basée sur des citations à partir des sources connues pour être divinement révélées, manque de validité, de toutes déclarations non basée sur l’une de ces deux sources de l’évidence définitive, est toute simplement une parole sans fondement, inapte à servir de base pour les croyances métaphysiques ou religieuses :

«Et ils dirent :" Si le Tout Miséricordieux avait voulu, nous ne les aurions pas adorés". Ils n’en ont aucune connaissance, ils ne font que se livrer à des conjectures. Ou bien leur avions-Nous donné avant lui (le coran) un livre auquel ils seraient fermement attachés ? Mais plutôt :" Nous avons trouvé nos ancêtres sur une religion, et nous nous guidons sur leur traces"»* (Az-Zuhruf, 20-22).

Les polythéistes ont accepté Allah en tant que Créateur de l’univers et en que Créateur de l'univers et en tant que Maître de la totalité de l'existence. Mais ils croient aussi que chaque région de ce vaste univers a son propre dieu qui jouit de l'indépendance dans sa province et assume la responsabilité du bien- être de ses sujets, tout en plaçant ces dieux variés et indépendants sous l'autorité du « Dieu des dieux » qui est le Seigneur de l'univers.

Puisque ces gens sont polythéistes en ce qui concerne la Seigneurerie (rubûbiyya) d'Allah, ils sont également polythéistes lorsqu'ils veulent accomplir les actes d'adoration (ibâda) et d'obéissance (itâ'a). En conséquence de leur croyance, ils renient la Révélation et la prophétie dans leurs principes ; de même, ils croient qu'il est impossible à l'être humain d'atteindre une telle position élevée. Leur rejet des principes de la prophétie et de la Révélation a été basé sur leur croyance qu'Allah n'a aucune juridiction sur les sociétés humaines et ne leur a instauré donc aucune règle ni de commandement.

L'argument de leurs penseurs fut déclaré dans le verset mentionné mis sous la forme d'un syllogisme exceptionnel. L'argument est celui-ci : Si Allah n'avait pas voulu que nous adorions les idoles, nous ne les aurions pas adorées, ce qui signifie qu'Allah n'est pas opposé à notre adoration. Car si cela avait été le désir d'Allah, nous n'aurions eu pas de choix sauf de faire les choses qu'il veut que l'on fasse, puisque Sa volonté est supérieure à la notre.

Il s'ensuit donc que l'adoration d'Allah n'est pas nécessaire et l'on devrait seulement adorer les idoles. La même sorte de raisonnement fallacieux est mentionné dans la sourate al- An'âm :

*« Ceux qui ont associé diront : « Si Allah avait voulu, nous ne lui aurions pas donné des associés, nos ancêtres non plus et nous n'aurions rien déclaré interdit ». Ainsi leurs prédécesseurs traitaient de menteurs [les messagers] jusqu'à ce qu'ils aient goûté Notre rigueur. Dis : « Avez-vous quelque science à nous produire ? Vous ne suivez que la conjecture et ne faites que mentir ». Dis : « L'argument décisif appartient à Allah. S'il avait voulu certainement, il vous aurait tous guidés » (AL- An'; m, 148-149)

Dans la sourate an-Nahl, nous lisons :

« Et les associateurs dirent : Si Allah avait voulu, nous n'aurions pas adoré quoi que ce soit en dehors de lui, ni nous ni nos ancêtres; et nous n'aurions rien interdit qu'il n'ait interdit Lui- même. Ainsi agissaient les gens avant eux. N'incombe-t-il aux messagers sinon de transmettre le message en toute clarté ?» (An-Nahl, 35)

Ces arguments sans fondements des polythéistes sont parfois mis en avant pour nier l'Unité d'Allah, et à d'autres fois, pour nier la réalité de la Révélation et la mission des prophètes d'Allah. Leur ligne de raisonnement à propos des prophètes et comme suit : Si une chose telle que la prophétie existait et s'il avait eu des messages d'Allah, il s'ensuivrait que les polythéistes n'auraient eu aucune autorité pour interdire certaines choses au nom de la foi. Et puisqu'ils ont interdit des choses et établi des lois en ce qui les concerne, il s'ensuit que ni la Révélation ni la prophétie n'existent.

En résumé, leurs arguments, pour prouver le polythéisme et renier l'Unité d'Allah,prouver la validité de l'indépendance et de l'autonomie dans les affaires religieuses et nier la réalité de la Révélation divine et de la prophétie, furent exposés comme suit : « Si Allah avait voulu diriger nos affaires Lui-même et voulu, en envoyant des prophètes et des messagers et en formulant les lois divines, guider nos vies individuelles et sociales, nous ne serions jamais devenus polythéistes ni n'aurions adoré les idoles, comme nous n'aurions jamais interdit ou banni des choses au nom de la loi.

Mais puisque nous avons adoré les idoles et interdit certaines choses au nom de la loi, il est clair qu'Allah ne veut pas que nous soyons monothéistes et n'a pas voulu nous envoyer ni prophètes ni livres ni Révélation. Il s’ensuit donc que le polythéisme est la voie correcte et juste et qu’il n’y a ni prophétie ni Révélation». C’est en somme ce qu’expriment les penseurs des polythéistes, en justification de leurs croyances. Leurs adeptes disent : puisque nos ancêtres ont génération après génération, adoré et honoré ces idoles, nous devons rester loyaux envers les coutumes, croyances et traditions que nous avons héritées. Puisque le saint coran est le livre de la vérité, son appel est toujours en faveur de la recherche rationnelle.

La recommandation qu’il a faite à l’humanité établit que chaque individu devra soit chercher lui-même soit suivre quelqu’un qui le fait. Une telle imitation est équivalente à la recherche et ne prône pas l’imitation aveugle. Le Coron considère les points de vue des non chercheurs dénués de valeur. Ainsi, le fait que les ancêtres de certains individus aient eu des croyances ou aient adoré d’une manière particulière ne justifie pas leur imitation. Une telle attitude n’est autre que de l’imitation aveugle.

Ainsi, le coran fait une critique des arguments avancés par les penseurs des idolâtres. En plusieurs endroits de ses critiques, il déclare qu’une opinion acceptable est celle qui est soit fondée sur la raison et la connaissance, soit sur la Révélation divine. Une position n’étant soutenue ni par la Révélation définitive ni par la raison définitive est sans fondement et ne devrait pas être crue :

« Il n’en ont aucune connaissance, il ne font que se livrer à des conjectures » (Az-Zuhruf, 20).

Ainsi, leur déclaration n’est pas basée sur la connaissance certaine, elle n’est fondée sur rien excepté sur le doute et la conjecture. Ils n’ont pas entrepris une recherche scientifique sur cette question.

« Ou bien leur avions-Nous donné avant lui (le Coran) un livre auquel ils seraient fermement attachés ? » (Az-Zuhruf, 21).

Ce qui veut dire que l’argument avancé par eux n’est pas non plus soutenu par la Révélation divine, car il ne leur fut pas donné un livre divin où le polythéisme et l’idolâtrie sont justifiés et recommandés et où l’Unité du Créateur est niée. Cette restriction des raisons valides aux arguments basés sur la raison formelle ou sur la Révélation définitive peut être également trouvée dans d’autres versets du Coran. Un exemple dans la sourate al-Ahqâf :

« Dis :" Que pensez-vous de ceux que vous invoquez en dehors d’Allah ? Montrez-moi donc ce qu’ils ont créé de la terre ! Où ont-ils dans les cieux une participation avec Dieu ? Apportez-moi un livre antérieur à celui-ci ou même un vestige d’une science, si vous êtes véridiques » (al-Ahqâf, 4).

En d’autres termes, l’adoration des idoles ne pourrait être justifiée que s’ils avaient crée quelque chose dans ce monde de façon indépendante ou avaient participé à la création des cieux. De plus, puisqu’une telle chose n’a pu être ni affirmée par la Révélation divine ni prouvée par la raison, il s’ensuit que l’idolâtrie n’est rien d’autre qu’une déviation et une fausse illusion.

D’ailleurs, le même propos peut être lu dans la sourate al-fâtir : Dis :" Voyez-vous vos associées que vous invoquez en dehors d’Allah ? Montrez-moi ce qu’ils ont créé de la terre. Ont-ils été associés à la création des cieux ? Ou leur avons-nous apporté un livre qui contient des preuves (pour ce qu’ils font) ?" Non, mais ce n’est qu’en tromperie que les injustes se font des promesses les uns aux autres (fâtir, 40).

Dans ce verset, le polythéisme et l’adoration des idoles sont considérés comme une fraude intellectuelle et culturelle basée sur de fausses promesses car ils ne s’appuient ni sur l’évidence rationnelle ni sur la Révélation.

Puisque le mérite d’être adore s’appuie sur l’acte de créer ou d’être un partenaire dans l’acte de la création, et puisque les idoles n’ont aucun rôle dans ces actes, il n’y a aucune évidence rationnelle pour leur adoration. Par ailleurs, la Révélation divine ne les a pas confirmés. Puisque le polythéisme ou l’idolâtrie ne s’appuient ni sur la raison définitive ni la Révélation définitive, leurs origines ne sont rien d’autre que le doute, la conjecture, le mensonge (fantaisie) et le propre désir de l’individu (hawâ). Car si une opinion n’est basée ni sur la science ni sur la connaissance, elle est conjecturelle ; si elle n’est pas en harmonie avec la voie de la Révélation, elle doit avoir pour origine l’intérêt personnel ou le désir.

Ainsi, le saint Coran considère toutes les écoles de pensée déviées et erronés comme opposées au monothéisme (al-tawhit) en tant que créées par la fantaisie et la conjecture, s’appuyant sur les propos désirs de leurs adeptes : « Ils ne suivent que la conjecture et les passions de (leurs) âmes, alors que la guidée est venue de leur Seigneur » (An-Najm, 23).

«…alors qu’ils n’en ont aucune science ; ils ne suivent que la conjecture, alors que la ne sert à rien contre la vérité » (An-Najm 28).

« Ils ne suivent que la conjecture et ne font que mentir » (Yûnus, 66).

« Ils n'ont de cela aucune connaissance : ils ne font qu'émettre des conjectures » (Al-Jâtiya, 24).

De plus, le saint Coran enseigne à l'humanité le refus d'adopter en général les croyances dont la vérité et la validité ne sont absolument pas certaines :

« Et ne poursuis pas ce dont tu n'as aucune connaissance. L'ouïe, la vue et le cœur : sur tout cela en vérité, on sera interrogé » (al-Isrâ, 36).

Invalidité du syllogisme utilisé par les polythéistes

Il peut être utile de souligner brièvement pourquoi le syllogisme exceptionnel utilisé par les polythéistes et cité dans les sourates al- An,âm, an-Nahl et al-Zuhruf est faux et aberrant. L'aberration de ce syllogisme exceptionnel vient du fait qu'il ne distingue pas entre la volonté créatrice d'Allah (al-irâda al-takwiniyya) et Sa volonté législatrice (al- irâda at-tasshrî'iyya).

La volonté créatrice d'Allah est irrésistible, à elle appartient la loi de la causalité qui détermine les processus et les phénomènes. Sa volonté législatrice consiste à commander, instruire, mettre en garde et émettre des lois et règlements qui, bien qu'obligatoires, n'obligent pas ni ne déterminent le comportement humain. Donc, la volonté d'Allah ne permet à l'homme que l'obéissance, est Sa volonté créatrice (al-irâda al-takwiniyya) alors que Sa volonté législatrice (al- irâda at-tasshrî'iyya) se rapporte à l'action humaine en vertu de la liberté et du libre-arbitre de l'être humain.

Tout le système cosmique a été créé par Allah par Sa volonté créative et est gouverné par Lui sur la base de Son qadâ (destinée divine) et qadar (providence), que l'homme soit polythéiste ou non. Les écoles de pensée et les points de vue ne sont pas concernées par cet aspect de la volonté divine qui n'est pas dans leurs prérogatives. Toutefois, la volonté législatrice d'Allah ordonne al-Tawhîd en tant que croyance juste destinée à l'être humain. Ici, l'homme a un choix, il peut obéir ou se rebeller. Il peut soit suivre les instructions et la guidance que lui a accordées Allah ou les ignorer et adorer les idoles.

Dans les deux cas, cependant, son action n'est pas incompatible avec la volonté divine. C'est pourquoi il n'est pas possible de dire que s'il y avait une volonté divine, les hommes devraient adorer Allah l'Unique et s'abstenir de l'idolâtrice, les hommes n'auraient pas pratiqué le polythéisme et n'auraient pas interdit des choses au nom de la foi. Ce qui signifie que les prémisses majeure et mineure ne sont pas mutuellement nécessaires dans ce syllogisme exceptionnel. En l'absence de cette nécessité mutuelle, le syllogisme ne conduit pas à la conclusion fallacieuse qui est avancée. C'est pourquoi le saint coran a considéré le polythéisme comme un produit de l'ignorance et l'a mentionné comme quelque chose d'injustifié par la science ou la raison :

«Et si ceux-ci te forcent à M'associer, ce dont tu n'as aucun savoir, ne leur obéis pas» (Al- Ankabût, 8).

«Et si tous les deux te forcent à M'associer ce dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas » (Luqmân, 15).

La raison pour laquelle le coran considère le polythéisme et les autres écoles de pensée similaires comme des produits de l'ignorance et injustifiables scientifiquement est qu'ils s'accrochent à des choses qui n'ont pas d'existence objective; ce qui est non-existant est dépourvu de réalité et n'a pas de place dans la connaissance et la science. Cette idée est exprimée dans la sourateYûnus de la façon suivante;

«Informerez-vous Allah de ce qu'Il ne connaît pas dans les cieux et sur la terre ?» (Yûnus, 18).

Ce qu'Allah, le Tout-Connaissant, ne connaît pas doit être sûrement inexistant. Puis, dans la sourate al-Mu'min, le coran cite un prophète questionnant les idolâtres :

« Vous m'invitez à nier Allah et à Lui donner des associés dont je n'ai aucun savoir ?» (Gâfir, 42).

Le polythéisme, dans ce verset, fait allusion à une prétention à connaître ce qui est foncièrement inexistant.

Cinquième exemple


Le saint coran ne reconnaît aucun modèle à considérer autre que la raison définitive ou la Révélation définitive. Il considère légitime ce qui est seulement prouvé par la raison définitive ou la Révélation définitive. Suivre, imiter, diriger ou guider, lorsqu'ils ne sont basés ni sur l'une ni sur l'autre sont considérés par le Coran comme étant invalides et une opposition vaine à la vérité, le résultat final étant le fait d'avoir suivi le diable dans la déviation, la fausse voie et la duperie. Le Coran charge l'être humain de rechercher et de raisonner à propos de ses actions.

Il devrait soit rechercher lui-même sur la question soit, s'il en est incapable, suivre ceux qui font un effort de recherche dans un domaine particulier. Il s'agit en fait d'un jugement de la raison définitive : si un homme est incapable de rechercher quelque chose qui exige une action de sa part, il doit suivre le jugement de ceux qui se sont consacrés à la recherche de telles choses.

S'il ne suit pas le jugement de ces chercheurs, mais ses propres inclinations, ou s'il imite les opinions des non chercheurs, son jugement n'aura aucune valeur car il ne sera ni directement ni indirectement soutenu par la recherche ou l'investigation. De plus, un jugement qui n'est pas basé sur la recherche est dépourvu de fondements solides et est, de ce fait, chancelant. A cause de cette instabilité, de tels jugements dans le vocabulaire du Coran, sont exprimés par le terme '' rumeurs ''.

Concernant les dirigeants concernés par les questions de croyance et d'opinions, leur direction doit être basée sur la recherche scientifique et rationnelle ou sur la Révélation divine. Il est vrai que la mention des deux, côte à côte, est une autre indication de leur rôle de support mutuel et de relation harmonieuse. Le coran insiste sur la nécessité de la recherche et l'imitation correcte en ces termes :

«Et il y a des gens qui discutent au sujet d'Allah, sans aucune science, et qui suivent tout diable rebelle» (Al-Hajj, 3).

Il incite à la recherche et l'investigation comme étant nécessaire à la formation de l'opinion des dirigeants :

« Or il y a des gens qui discutent au sujet d'Allah sans aucune science, ni guide, ni livre pour les éclairer, affichant une attitude orgueilleuse pour égarer les gens du sentier d'Allah. A lui l'ignominie ici-bas ; et Nous lui ferons goûter le Jour de la Résurrection, le châtiment de la fournaise » (Al-Hajj, 8-9).

Concernant la question de l'imitation, le saint Coran considère que l'imitation aveugle mène au chemin du diable. Puisque cette forme d'imitation aveugle n'a aucun fondement, elle change selon les circonstances du moment, suivant un jour un diable, un autre jour un autre. Donc, l'imitateur aveugle est celui qui suit de nombreux diables.

C'est pourquoi le Coran dit : « Et il y a des gens qui discutent au sujet d'Allah, sans aucune science, et suivent tout diable rebelle ». Quant au responsable intellectuel et idéologique, le point de vue coranique affirme que si sa direction n'est pas basée sur une connaissance acquise certaine, sur un raisonnement définitif et logique, sur une expérience mystique et valide du ârif, sur l'auto purification ainsi que l'action sincère et dévouée à Allah ou sur la Révélation divine, son investigation et sa recherche sont erronées et mensongères, entraînant pour le responsable des troubles dans ce monde et le feu brûlant dans l'autre. C'est pourquoi il est dit : «…sans connaissance ou guidance ou un livre éclairant ».

Par connaissance, il semble qu'on fait référence à l'évidence rationnelle définitive, par guidance, la perception de la vérité accessible à l'âme purifiée du ârif, couronnement d'un grand effort et conduisant à la réception de la guidance divine. C'est ce qui est impliqué par un autre verset :

« Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est en vérité avec les bienfaisants » (Al- Ankabût, 69).

La phrase«un livre éclairant» fait référence à la Révélation et la prophétie. Ainsi, si la direction intellectuelle n'est pas en accord avec l'évidence rationnelle, la perception mystique correcte ou le saint Coran, son activité ne serait qu'un exercice futile et égarant. C'est là où la cohérence et l'unité de la Révélation et de la raison définitive deviennent évidentes.

Si la seule source de l'acquisition de la connaissance avait été la Révélation, le saint Coran n'aurait pas exposé d'autres sources et voies et n'aurait pas mentionné '' la connaissance '' et la '' guidance '' aux côtés du '' livre éclairant ''. De plus, nous devons porter notre attention sur le fait que la preuve de la nécessité de la Révélation, sa distinction des autres sources non divinement révélées et sa prise en compte de l'ensemble de la réalité, ne peut être attestée par la Révélation elle-même, sinon ce serait présumer la question résolue. Le fait que les preuves de ces données ont été laissées à la raison définitive implique la validité de l'autorité de la raison.

En bref, en étudiant de près les versets de la sourate al-Hajj et de la sourate Luqmân ainsi que d'autres, l'autorité indépendante de la raison et la validité de l'évidence rationnelle définitive deviennent clairement établies et le support mutuel et la relation harmonieuse entre la raison et la Révélation deviennent clairement fondées.

Sixième exemple

Le saint Coran considère que l'évidence rationnelle et la connaissance définitive établissement l'évidence de la vérité de la Révélation divine. Il affirme que le raisonnement correct et rationnel indique invariablement l'authenticité et la validité de la Révélation et que la connaissance définitive conduit à accepter la Révélation divine : « Et ceux à qui le savoir a été donné voient que ce qu'on t'a fait descendre de la part de ton Seigneur est la vérité qui guide au chemin du Tout Puissant, du Digne de Louange » (Saba, 6)

Ce verset signifie que tous ceux qui ont des connaissances à propos des questions divines et qui font des jugements basés sur l'évidence définitive croient en l'authenticité et la validité de la Révélation et du coran. Ils croient que le coran guide les hommes sur un chemin qui les conduit à Allah, à Qui appartient tout le pouvoir et la louange.

Cette interprétation implique que le sujet de la Révélation est causé par le manque de connaissance définitive. En d'autres termes, c'est l'ignorance qui conduit l'individu à nier la validité et la légitimité du coran. C'est également le cas dans les problèmes de philosophie pratique (al-hikma al-amaliyya) ; c'est la connaissance rationnelle et systématique qui détermine les valeurs éthiques et c'est l'ignorance qui nie les modèles et les critères moraux absolus en leur donnant des explications erronées à partir de fondements faux et creux.

«Il sortit à son peuple dans tout son apparat. Ceux qui aimaient la vie présente dirent : ''Si seulement nous avions comme ce qui a été donné à Coré. Il a été doté, certes, d'une immense fortune ''. Tandis que ceux auxquels le savoir a été donné dirent : '' Malheur à vous ! La récompense d'Allah est meilleure pour celui qui croit et fait le bien ''. Mais elle ne sera reçue que par ceux qui endurent» (Al-Qasas 79-80).

Ainsi, le modèle qui détermine et conduit à un système de valeurs passe par la raison et la connaissance certaine ; tout comme nous parvenons à la connaissance réelle en passant par l'évidence définitive. L'enseignement qui ne prend pas en considération les vérités divines et qui demeure incapable de découvrir les vérités systèmes de valeurs, est imparfait et incertain. Un tel enseignement a peu de valeur pour le coran :

«Ecarte- toi donc de celui qui tourne le dos à Notre rappel et qui ne désire que la vie présente. Voilà toute la portée de leur savoir.» (An-Najm, 29-30)

(À suivre)
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