ACHOURA

ACHOURA’ : UN MOUVEMENT SACRE
 
L’Imam al-Hossayn (P) entreprit un soulèvement d’une grandeur et d’une sacralité rares. Son soulèvement possède toutes les caractéristiques d’un mouvement sacré et unique dans l’histoire du monde.

Les caractéristiques d’un mouvement sacré.

•    La première condition d’un mouvement sacré est qu’il ne devrait pas poursuivre des buts et des objectifs personnels ou se rapportant à des individus.

Il devrait être universel et concerner l’humanité entière. Il arrive parfois que les individus déclenchent des soulèvements pour des but personnels, mais il arrive parfois que leurs mouvements répondent à des buts sociaux ou humains ou qu’ils ont pour objectifs la recherche de la vérité, l’instauration de la justice, de l’égalité ou du monothéisme.

Les hommes dont les actions et les mouvements ne répondent pas à des motivations personnelles mais au contraire, vont dans le sens du bien de l’humanité, pour l’amour de l’Unicité et de la connaissance de Dieu, sont aimés et honorés des gens.

C’est pourquoi le Prophète (SAW) avait dit : " Al-Hossayn est de moi et je suis d’Al-Hossayn. .
Nous, nous disons également : " Al-Hossayn est de nous et nous sommes d’Al-Hossayn. "
Pourquoi ? Parce que l’Imam Al-Hossayn (P) se souleva, quatorze siècles plus tôt, pour nous et pour le bien de l’humanité tout entière. Son soulèvement fut sacré et a transcendé les buts personnels.
 
•    La seconde condition d’un mouvement sacré est qu’il devrait être inspiré par une vision puissante et pénétrante. Supposons une société où les gens sont ignorants et incapables de comprendre les faits qui les entourent.
Un homme perspicace et à la vision pénétrante surgit et comprend les maux dont ils souffrent et les remèdes qui doivent être appliqués un siècle avant qu’ils ne puissent comprendre eux-mêmes ce dont ils souffrent.
Alors que les autres sont incapables de comprendre et de voir, cet homme perçoit très clairement ce qu’il leur faut.
Il leur proclame, mais les années passent. Vingt, trente, cinquante ans plus tard, les gens se réveillent et comprennent alors le sens de ce que cet homme avait dit à leurs parents et grands-parents.
 
Pour donner un exemple, Sayyed Jamal ad-Din al-Afghani déclencha un mouvement islamique il y a environ un siècle dans les pays musulmans. Lorsque nous lisons à propos de cet homme, nous réalisons qu’il fut solitaire et isolé.
Il connaissait les maux des Musulmans ainsi que les remèdes qu’il fallait y apporter, mais les gens ne le savaient pas.
Il fut insulté et ridiculisé par la masse qui ne l’approuva pas. Maintenant que les années sont passées, nous réalisons qu’il avait compris certaines choses que les gens de l’époque n’avaient pas vues. Son mouvement fut sacré car il fut déclenché par un homme qui avait vécu à une époque difficile et avait vu la réalité au-delà des apparences.
 
Le mouvement de l’Imam al-Hossayn (P) est un mouvement de ce type. Aujourd’hui, nous comprenons le caractère de Yazid et les conséquences de son gouvernement. Nous savons ce que fit Mu’âwiya et quels furent les plans des Omeyyades. Mais les Musulmans de cette époque, disons 89% d’entre eux, n’avaient pas compris la nature du pouvoir Omeyyade, étant donné que les techniques d’information de l’époque n’étaient pas aussi développées qu’aujourd’hui.
 
Les gens de Médine ne pouvaient concevoir qu’une telle situation existe. Ils furent choqués et se demandèrent pourquoi il (P) fut assassiné ?
Ils envoyèrent une délégation en Syrie composée d’éminents personnages et conduite par Abdallâh B. Hanzalah, connu sous le nom de Ghasil al-Mala’ika. Ils firent le voyage de Médine jusqu’à la cour de Yazid, en Syrie et là, ils comprirent la situation.
 
De retour à Médine, lorsque les autres les questionnèrent à propos de la situation, ils dirent : " Tous ce que nous pouvons dire, c’est qu’aussi longtemps que nous étions à Damas, nous avions craint que les pierres nous pleuvent du ciel sur la tête. " Ils leur racontèrent avoir vu le Calife boire, jouant avec les chiens et les singes et entretenant des relations incestueuses avec les femmes de sa famille.

Abdallâh avait huit fils. Ils proclama aux habitants de la ville : " Que vous vous souleviez ou non, je me soulèverai, même si j’étais seul avec mes fils. " Il exécuta sa promesse et du soulèvement de Harrâ contre Yazid, il perdit ses fils avant de tomber en martyr lui-même.

Abdallâh B. Hanzalah n’était pas conscient de la situation, deux ou trois ans auparavant, lors de la révolte de l’Imam Al-Hossayn (P). Où était-il lorsque l’Imam, se préparant à quitter la Mecque avait dit : " Nous devons dire adieu à l’Islam s’il est affligé d’un dirigeant tel que Yazid. "

Hossayn b. Ali (P) devrait être tué et le monde musulman devait subir un choc afin que les gens comme Abdallâh B. Hanzalah et les centaines d’autres de Médine, de Kufa et d’autres lieux ouvrent leurs yeux et comprennent le sens des paroles de l’Imam Al-Hossayn (P).
 
•    La troisième caractéristique d’un mouvement sacré est sa nature solitaire. Il est comme un ‘Flash’ de lumière dans l’obscurité totale, un ‘Cri’ dans le monde du silence et un ‘Mouvement’ dans la mer étendue immobile.        Dans des conditions de répression implacable, lorsque les gens ne peuvent s’exprimer, lorsque l’obscurité est totale et que règnent le désespoir, le silence absolu et l’immobilisme, un homme apparaît soudain et brise le silence magique. Il déclenche un mouvement qui ressemble à une lueur en pleine obscurité. C’est alors que les autres se réveillent et que progressivement, ils se mettent en marche derrière lui.

La révolte d’Al-Hossayn (P) ne fut-elle pas un tel mouvement ?

Bien sûr qu’elle le fût

Mais que furent son objectif ?

Pourquoi les Imams infaillibles insistèrent-ils tellement pour que la cérémonie de deuil de l’Imam doive être toujours vivante ?
Nous n’avons pas besoin d’aller chercher la réponse si loin.

          Hossayn b. Ali (P) annonça lui-même les raisons de son mouvement : " En réalité, je ne me révolte pas pour commettre des erreurs, ni en tant qu’aventurier, ni pour causer la corruption et la tyrannie. Je me soulève uniquement pour réformer la communauté de mon grand-père. "

          En d’autres termes : "Notre société est devenue corrompue et la communauté de mon grand-père est devenue avilie. Je me soulève pour réaliser la réforme car je suis un réformateur.  Je veux ordonner le bien et interdire le mal, suivre la voie de mon grand-père et de mon père Ali b. Abi Taleb. Ne voyez-vous pas que le vrai est rejeté et que l’illicite n’est pas interdit ?Dans une telle situation l’homme de foi ne peut rencontrer son Seigneur… Je ne vois dans la mort qu’une félicité et la vie sous les oppresseurs n’est rien d’autres qu ‘une infamie. "

          L’Imam al-Hossayn (P) a dit : " Je me suis soulevé pour réaliser Al-Amr bil mâ-ruf (ordonner le bien), pour revivifier la foi et pour lutter contre la corruption. Mon mouvement est islamique et vise la réforme. "
          L’Imam al-Hossayn (P) annonça haut et fort que les causes et les intentions de son mouvement sont dans la ligne des principes généraux de l’Islam.

 Il déclara sans aucune équivoque, que l’Islam est une religion qui ne permet à aucun croyant (il a bien dit ‘croyant’ et non pas seulement ‘Imam’) de rester indifférent face à l’oppression, à l’injustice, à la perversité et au péché. L’Imam (P) installa sa pratique sur les fondements idéologiques de l’Islam.

L’Islam exposa les principes et l’Imam (P) les mit en pratique

Pourquoi les Imams infaillibles voulaient-ils que ce mouvement demeure vivant ?
Pourquoi souhaitaient-ils qu’il ne soit pas oublié ?


Quel était leur objectif lorsqu’ils ordonnèrent de célébrer le deuil de l’Imam (P) ?
          Nous avons déformé cet objectif déclarant que les cérémonies de deuil devaient être accomplies pour soulager et consoler Fatima-Zahra (P). D’autres disent que l’Imam al-Hossayn a été tué, alors qu’il était innocent.

           Mais est-ce toute la signification de cet événement ?
Chaque jour, des centaines de personnes innocentes sont tuées et liquidées par des criminels et c’est une tragédie.
S’il en est ainsi, pourquoi célébrons-nous depuis des siècles le deuil de l’Imam al-Hossayn (P), qui fut tué en toute innocence ?
 
Pouvons-nous oser dire que sa mort fut vaine et que son sang fut futilement versé ?
Une seule personne au monde refusa qu’une seule goutte de son sang soit vainement versé et c’est Hussayn b. Ali (P).
Une seule personne au monde refusa qu’une particule de sa personne soit gaspillée et c’est Hussayn b. Ali (P).
 
Il accorda une valeur tellement élevée à chaque goutte de son sang que cela en est inimaginable !
Pouvons-nous prétendre qu’un homme a gaspillé sa vie et que son sang fut tombé en vain, alors que sa mort, depuis des siècles, fait trembler la caste des oppresseurs ?

Est-ce que son martyr est affligeant pour nous parce qu’il fut tué en vain ?
C’est nous-mêmes, malheureux et ignorants que nous sommes, qui gaspillent nos vies.
Nous insultons Al-Hossayn (P) lorsque nous prétendons que sa vie fut gaspillée.

Hussayn b. Ali (P) est quelqu’un dont on dit : " En réalité, tu as une situation proche d’Allah qui ne peut être atteinte que par les martyrs. "
Est-ce que Hossayn b. Ali voulait-il mourir en vain lorsqu’il aspira au martyr ?
Les Imams demandèrent de garder vivant la tradition du deuil de Hossayn b. Ali (P) parce que son objectif fut sacré.
 
Il a fondé une école et ils voulurent que cette école demeure vivante et florissante.
Al-Hossayn (P) à travers de brefs témoignages du Prophète (SAW) et de quelques grandes figures du monde musulman :
Le père de Ach’ath Ibn Samih a dit : " J’ai entendu le Messager de Dieu dire : " Mon fils (c’est à dire Al-Hossayn (P) ) sera assassiné sur une terre nommé Karbala : Quiconque l’y verra, qu’il le soutienne "2
On dit aussi : " Il n’y a pas dans le genre humain un seul exemple de courage qui puisse équivaloir au courage de cœur dont a fait preuve l’Imam Al-Hossayn (P) à Karbala.