Lun04292024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

Back Vous êtes ici : Accueil Bibliothèque Les Compagnons Bilâl D'afrique La Foi, Une Affaire Personnelle

La Foi, Une Affaire Personnelle

La Foi, Une Affaire Personnelle


Après quelques heures, Bilâl se mit à bouger, il poussa un soupir, mais de nouveau il perdit connaissance. Lorsqu'il reprit conscience, des larmes coulaient de ses yeux. Il regarda de tous côtés, mais ne vit personne susceptible de venir à son secours. Il sentit que partout dans la maison le démon de la peur régnait. Tout son corps était barbouillé de sang, ses os semblaient avoir été broyés et il n'avait pas assez de force pour bouger. Que pouvait-il faire? À qui pouvait-il faire appel? Il leva ses yeux à peine entrouverts et noyés de larmes vers le ciel et dit le cur serré: «O Allah! Viens à mon secours. O Allah, Créateur du monde! Je suis innocent. O Seigneur Tout-Puissant...»

Bilâl poussait sans cesse des cris plaintifs, mais il était incapable de bouger. Il attendait là, sans savoir ce qui allait lui arriver.

Omayyah se releva en sourcillant, les yeux empourprés de colère, il s'approcha de Bilâl. Il s'attendait à ce que son esclave lui dise immédiatement: «O maître! Je me soumets à toi. Je regrette ce que j'ai fait. Je crois en Lât et en 'Uzza. Désormais je n'irai plus voir Mohammad».

Il fixa les yeux sur Bilâl qui reprenait conscience, attendant ce qu'il allait dire. Mais celui-ci était incapable de parler tant il souffrait. Il ouvrit lentement ses yeux, des larmes se mirent à en couler, et tout en se remuant il dit à peine: «Cher maître», avant de retomber dans l'inconscience.

 

Omayyah se réjouit et dit: «On dirait qu'il est revenu à son ancienne croyance et qu'il veut se repentir. Mais, même s'il le fait, il doit recevoir des coups de trique afin que plus jamais il ne songe à recommencer».

Bilâl reprit enfin conscience et dit: «Maître! Ma Foi n'a rien à voir avec toi. Ma croyance en Mohammad n'est pas un péché et elle ne nuit nullement à mon travail».

Omayyah ne s'attendait guère à entendre ces mots qui pesèrent si intesement sur ses oreilles qu'il avait l'impression que le monde devenait noir devant ses yeux. Il hurlât: «O minable individu! Ne sais-tu pas que tu es mon esclave! Ton intellect, ton âme, ton corps m'appartiennent. Ton coeur n'a pas l'autorisation de croire à sa guise. Ta pensée n'est pas libre de suivre la direction qu'elle veut».

Bilâl répondit calmement: «C'est vrai que je suis ton esclave; je ne le nie point. Je le suis à tel point que si tu m'ordonnes de marcher dans des déserts noirs durant la nuit, j'obéirai sans broncher. Et si tu me donnais l'ordre de porter pendant le jour des roches lourdes sur mes épaules, sous la chaleur du soleil brûlant, j'exécuterais tes ordres sans manifester le moindre malaise. Mais mon intellect, ma pensée et ma foi ne t'appartiennent pas. Ce ne sont pas des choses que tu peux t'approprier. Je dois accomplir mon devoir même si ma croyance est différente de celle de mon maître. La foi est une affaire personnelle».

Omayyah tremblant de rage vociféra: «Non, non. Tout ce que tu as m'appartient. Tu es mon esclave. Tout ton être est ma propriété. Ta foi et ta pensée m'appartiennent, de même que les mouvements de ta langue sont sous mon contrôle. Je vais t'administrer des coups si violents que tu vas extirper cette foi de ton cur et de ton intellect».

Et joignant le geste à la parole, Omayyah lui assena un coup de pied d'une telle violence qu'on eût dit que c'était le coup de grâce.

Cette haine meurtrière à l'égard d'un esclave sans défense, obéissant, travailleur et bien noté, dont la seule faute était d'avoir souscrit à une croyance naissante et sans grande influence jusqu'alors, trahissait sans doute la vague crainte des nantis d'Arabie d'assister à l'avènement d'une nouvelle ère où l'esclavagisme serait appelé à disparaître tôt ou tard.

Vous n’avez pas le droit de laisser des commentaires