Mar04302024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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La "Saqîfah" et le serment d'allégeance prêté à Abû Bakr

La "Saqîfah" et le serment d'allégeance prêté à Abû Bakr


A ce sujet, At-Tabarî(93) rapporte ceci: «Les Ançars se réunissent au préau de Banî Sâ'idah (la Saqîfah) alors que la famille du Prophète (SAW) s'occupait de sa dépouille mortelle. Ils dirent: «Après Muhammad (SAW), nous chargeons Sa'd b. 'Ubâdah du pouvoir (politique)». On le leur amena malade .... Quand il prit la parole et après avoir loué Allah, il rappela la primauté d'al-Ançar dans le domaine religieux, leur mérite en Islam, la puissance qu'ils avaient donnée au Prophète et à ses Compagnons, et leur jihâd contre les ennemis, un jihâd qui a duré jusqu'à ce que les Arabes allassent droit. Le Prophète est resté, jusqu'à sa mort, satisfait d'eux. «Accaparez donc ce pouvoir ...», ordonna-t-il.

Tous répondirent: «Tu as bien vu et bien dit; nous pensons comme toi et nous t'en investissons». Par après, les Ançars ont discuté et dit: «Si les immigrés Quraychites protestaient en disant: ce sont nous les Muhâjirîne, les premiers Compagnons du Prophète, sa tribu et ses alliés; pourquoi alors nous disputez-vous son pouvoir (après lui)? Nous rétorquerions alors, répondit une fraction d'entre eux, "un prince de nous et un prince de vous!"». Sa'd b. 'Ubaydah répliqua alors: «Ce que vous venez de dire est le début de votre faiblesse».(94)

Abû Bakr et 'Umar eurent écho de cette réunion et se hâtèrent d'y aller en compagnie d'Abî 'Ubaydah b. al-Jarrâh, 'Ussayd b. Hudayr, 'Uwaym b. Sâ'idah et 'Âçim b. Adiy des Banî 'Ajlân.(95)

 

Une fois arrivé, Abû Bakr empêcha 'Umar de parler, prit la parole et, après avoir loué Allah, rappela aux assistants la primauté d'al-Muhâjirîne sur tous les Arabes quant à la foi qu'ils avaient eue en le Prophète (SAW): «Ils (al-Muhâjirîne) sont les premiers à avoir adoré Allah sur terre, cru en Son Messager dont ils sont les alliés et le clan. Ce sont eux qui ont le plus droit à ce pouvoir; ne le leur disputera qu'un homme injuste». Abû Bakr ajouta aussi: «Après les premiers Muhâjirîne, personne n'a votre rang. Nous sommes donc les princes et vous les ministres». Al-Hubâb b. al-Mundhir se tint alors debout et dit: «Ô les Ançars, prenez vos affaires en mains et sachez que les gens sont chez vous, sous votre ombre. Personne ne pourra vous contrarier mais si vous vous opposiez votre position se gâterait et votre situation serait intenable. Si ces gens persistent... un prince sera de nous et un prince sera d'eux».

'Umar répliqua: «Loin de là! Deux (épées) ne sauraient tenir en un seul étui ... Par Allah, les Arabes n'accepteront pas de vous investir alors que leur Prophète vient d'un autre clan que le vôtre. Par contre, ils n'hésiteront pas à le faire au profit de ceux dont la prophétie émana. Sur nos adversaires nous avons l'argument manifeste et la probation évidente. Qui osera nous disputer le pouvoir de Muhammad et Sa place alors que nous sommes ses alliés et son clan, à moins qu'il s'agisse d'un homme parlant faux ou se précipitant dans le péché ou s'engouffrant dans une calamité».(96)

Al-Hubâb b. al-Mundhir reprit la parole et dit: « Ô les Ançars, gardez vos mains et n'écoutez pas ce que disent cet homme et ses compagnons, sinon votre part en cette affaire sera usurpée. S'ils refusent ce que vous leur proposez, chassez-les de ce pays et emparez-vous de ces questions car, par Allah, vous en êtes plus dignes qu'eux. C'était avec vos épées que tout rebelle à cette religion s'y était finalement soumis. Sachez que je suis un as en cette affaire! Si, par Allah, vous le voulez bien, on l'attisera de plus belle!»

'Umar répliqua: «Allah te tuerait alors!»

Al-Hubâb répondit: «C'est toi qu'IL tuera!»

Abû Ubaydah prit la parole et dit: «Ô les Ançars! Vous étiez les premiers à soutenir et à aider; ne soyez pas alors les premiers à changer et à altérer!»

Bachîr b. Sa'd al-Khazrajî, Abûn-Nu'mân b. Bachîr se tint alors debout et dit: «Ô les Ançars! Certes, par Allah, nous avons eu le mérite de combattre les polythéistes, notre primauté en cette religion est évidente mais notre but était l'agrément d'Allah, l'obéissance à notre prophète et servir notre propre intérêt. Il ne convient pas donc d'en user pour avoir le dessus sur les gens ou avoir quelque profit de ce bas-monde. A nous ce qu'Allah nous accorde de biens. Muhammad (SAW) est originaire de Quraych; les siens sont donc les ayants droits. Je jure par Allah qu'il ne me verra jamais leur disputer ce droit. Craignez donc Allah et ne vous opposez pas à eux!»

Abû Bakr dit alors: «Voici 'Umar, voici Abû 'Ubaydah, prêtez allégeance à l'un de ces deux hommes!»

Ceux-ci dirent alors: «Par Allah, nous ne prendrons jamais le pas sur toi ...»

A son tour, 'Abdur-Rahman b. 'Awf se tint debout et dit: «Ô les Ançars! Bien que vous soyez méritants, il n'y a pas parmi vous des hommes tels qu'Abû Bakr, 'Umar et 'Ali».

Al-Mundhir b. al-Arqam répliqua alors: «On ne nie pas le mérite de ceux que tu as cités puisque l'un d'eux aurait l'unanimité pour lui s'il venait à se proposer-il», fit allusion à 'Ali b. Abî Tâlib.(97) Les Ançars ou certains parmi eux disent alors: «Nous ne prêtons allégeance qu'à 'Ali».

Quand l'assemblée devint houleuse et que les voix s'élevaient, je craignis, raconta 'Umar, la discorde et déclarai (à l'intention d'Abî Bakr): «Tends la main que je te prête serment d'allégeance!» A ce moment là Bachîr b. Sa'd les devança et prêta allégeance à Abî Bakr. Al-Hubâb b. al-Mundhir interpella alors: «Ô! Bachîr b. Sa'd, tu as trahi, as-tu envié ton cousin au sujet du poste suprême?» L'autre répondit: «Non, par Allah mais je n'ai pas voulu disputer aux gens le droit qu'Allah leur a accordé».

Quand Al-Aws (l'une des deux tranches d'al- Ançars, l'autre étant al-Khazraj) réalisèrent ce que fit Bachîr b. Sa'd, les revendications de Quraych et l'ambition d'al-Khazraj à l'investiture de Sa'd b. 'Ubâdah, ils se disent ­ parmi-eux il y avait 'Ussayd b. Hudayr l'un des chefs délégués - : «Par Allah! si al- Khazraj ont une fois le dessus sur vous, ils prendront pour toujours le pas sur vous et ils ne vous concéderont jamais rien! Allez donc prêter serment d'allégeance à Abû Bakr!».

Ils se levèrent alors et prêtèrent serment d'allégeance. Les gens vinrent ensuite, de toute part, pour faire de même. Le projet de Sa'd b. 'Ubâdah et d'al-Khazraj avorta enfin et Sa'd faillit être piétiné. Des gens de son camp demandèrent: «Faites attention à Sa'd, ne le piétinez pas!»

'Umar rétorqua: «tuez le, qu'Allah le tue!»

Ensuite 'Umar se tint debout près de sa tête et lui dit: «J'allais te piétiner tout à l'heure jusqu'à te faire crever!».

Qays b. Sa'd, (le fils du prétendant malade) saisit alors la barbe de 'Umar et lui dit: «Par Allah, si tu avais fait tomber un cheveu de sa tête, tu ne serais pas revenu chez toi avec une dent, dans ta bouche!»

Abû Bakr intervint en disant: «Vas-y doucement ô 'Umar! Ici la douceur est la plus efficace!».(98)

Sa'd reprit à l'adresse de 'Umar et lui dit: «Par Allah, si j'avais encore mes forces, si je pouvais me lever, tu entendrais à travers ses régions (de Médine) et ses rues le rugissement qui vous ferait entrer dans votre trou, toi et tes compagnons! Tu aurais alors rejoint les tiens, là où tu n'étais pas suivi mais subalterne; emmenez-moi d'ici ...».(99)

Al-Jawharî (Abû Bakr) rapporte dans son livre As-Saqîfah, que 'Umar s'était au moment de l'allégeance prêtée à Abû Bakr, retroussé et accourait devant Abî Bakr en répétant: «Les gens ont effectivement prêté serment d'allégeance à Abû Bakr ...!»(100)

Ce dernier fut alors conduit à la Mosquée pour que l'allégeance y continuât. Al-'Abbâs et 'Ali qui n'avaient pas encore achevé le lavage rituel du Prophète (SAW) entendirent le Takbîr (la glorification d'Allah) dans la Mosquée. 'Ali demanda: «Qu'est-ce que c'est?» Al-Abbâs répondit: «C'est du jamais vu! Ne t'avais-je pas dit ...?»(101)

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