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La délibération et l'investiture de 'Uthmân

La délibération et l'investiture de 'Uthmân


Dans Al-'Iqdul-Farîd, Ibn 'Abdi Rabbih rapporte ceci: quand 'Umar fut frappé par la lance, on lui proposa de désigner quelqu'un à sa succession. En guise de réponse, il dit: «J'aurais désigné Abu 'Ubaydah b. al- Jarrah, s'il était resté en vie. Si Allah me demande pourquoi je le fais, je lui dirai que j'ai entendu Son Prophète dire qu'Abû 'Ubaydah est l'homme de confiance dans cette Communauté. J'aurais désigné Sâlim, Mawlâ Abî Hudhayfah s'il était resté en vie. Si Allah me demande pourquoi je le fais, je lui dirai que Son Prophète dit que Sâlim aime Allah, Le craint et ne Lui désobéit point».(130)

Dans une autre version, 'Umar dit aux gens qui lui demandèrent de tester en faveur de quelqu'un: «Après ce que je vous avais dit, je me suis résolu à désigner un homme - en montrant 'Ali - capable, comme je l'espère, de vous conduire dans le droit chemin. Puis je me suis ravisé. C'est que je ne veux pas en porter le fardeau vivant et mort ...»

Selon Al-Balâdhurî, 'Umar dit encore: «Faites venir 'Ali, 'Uthmân, 'Abdur-Rahmân b. Awf et Sa'd b. Abî Waqqâs». Une fois réunis chez lui, 'Umar n'adressa la parole qu'à 'Ali et à 'Uthmân: «Ô, 'Ali! il se peut que ces gens reconnaissent tes liens de parenté avec le Prophète (SAW) et ce qu'Allah t'a donné de Fiqh (savoir religieux) et de science. Crains donc Allah (sois pieux) si on te désigne à ce poste». Ensuite, 'Umar dit à 'Uthmân: «Ô 'Uthmân, il se peut que ces gens reconnaissent ton alliance avec le Prophète et considèrent ton âge. Crains donc Allah si on te désigne à ce poste. Ne porte pas Âl Abî Mu'ayt (ton clan, Bani Umayyah) sur les nuques (dos) des gens». Enfin 'Umar ordonna de faire venir 'Çuhayb à qui il enjoignit de guider pendant trois jours la prière (faite en commun dans la Mosquée). Que ces (les six précédents) s'isolent dans une pièce pour délibérer. S'ils sont unanimes à désigner l'un d'entre eux, qu'on coupe la tête à quiconque s'opposera à eux. Lorsqu'ils sont sortis de chez lui, 'Umar dit: s'ils investissent le chauve ('Ali), il les conduira dans le droit chemin!».

 

Al-Muhib Tabarî rapporte autrement ce même propos de 'Umar (Ar-Riyâdun-Nadirah, 2e éd, Egypte, 1373 h., 2/95): «Quel serait leur exploit s'ils désignaient le chauve. Comme il est capable de les maintenir dans le Vrai fût-il menacé d'une épée sur le cou!» Mohamed b. Ka'b lui demanda alors: «lui reconnais-tu cela et tu ne le désignes pas?!» 'Umar lui dit: «Si j'omets de le faire pour eux un meilleur que moi avait fait de même avant moi».

Dans une autre version rapportée par Al-Ya'qubî et Al-Balâdhurî, 'Umar dit une fois: «On remarque que l'allégeance prêtée à Abû Bakr était brusque et celle prêtée à 'Umar non procédé de délibération. Eh bien! Après moi, l'affaire se conclura après délibération: si les six se partagent en deux groupes, l'un de quatre, l'autre de deux (voix), qu'on suive le groupe majoritaire. Si les voix des deux groupes sont équivalentes (3+3) qu'on suive l'opinion de 'Abdur-Rahmân b. 'Awf; écoutez et obéissez et, quand il bat d'une main sur l'autre, suivez-le».

Al-Muttaqî rapporte aussi (Kanzul-'Ummâl, 3/160) à partir de Mohamed b. Jubayr citant son père: 'Umar dit: «Si 'Abder-Rahmân b. 'Awf bat d'une main sur l'autre, prêtez allégeance!»

Selon Aslam, 'Umar dit: «prêtez serment d'allégeance à un homme désigné par 'Abder-Rahmân b. Awf et coupez la tête à quiconque s'y refuse».

Il apparaît de ce qui précède que le calife 'Umar concentra la question de la candidature entre les mains de 'Abdur-Rahmân b. Awf à qui il enjoignit de poser aux autres candidats la condition préalable de suivre la politique des deux Sheikhs (les deux califes Abû Bakr et 'Umar). Ils savaient d'une part que l'Imam 'Ali se refuserait sûrement à considérer la politique des deux Sheikhs comme faisant partie des piliers de la politique islamique (le Livre d'Allah et la sunnah du Messager SAW), d'autre part que 'Uthmân y consentirait volontiers. Le dernier bénéficierait alors de l'allégeance et 'Ali, dans le cas où il s'y opposerait, serait menacé de mort.

En outre, cette thèse est prouvée par le récit rapporté par Ibn Sa'd dans At-Tabaqât, à partir de Sa'îd b. al-'Açi: «Ce dernier alla un jour demander au calife 'Umar de lui accorder une parcelle de terre supplémentaire en vue de l'élargissement de sa maison. Le calife lui donna rendez-vous pour le lendemain après la prière de l'aube. Une fois chez Sa'îd b. al-'Açi, le calife lui délimita le terrain en le traçant des pieds. Quand Sa'îd le supplia d'en augmenter la superficie (en raison de sa famille nombreuse), 'Umar lui dit: «Cela te suffit et voici un secret que tu dois garder pour toi: celui qui prendra le pouvoir après moi considérera bien ton lien de parenté et satisfera ta demande». Sa'îd raconte: «J'attendais alors jusqu'à ce que 'Uthmân fût chargé du califat après délibération et agrément. Par après, 'Uthmân m'a fait beaucoup de bien, satisfait ma demande (antérieure) et m'a même associé dans "des responsabilités"».

Le calife 'Umar avait donc informé Sa'îd b. al-'Açi qu'un homme de sa famille (umayyade) prendrait le pouvoir et déclaré que c'était une confidence à bien garder. Il s'ensuit que la question de l'investiture de 'Uthmân a été tranchée du vivant même du calife 'Umar et que la désignation des six candidats fut manuvrée pour faire passer l'affaire en douceur et à la satisfaction générale.

Quant à la mise de l'Imam 'Ali sous la menace de l'exécution, le prouve, en plus de ce qui précède, le récit rapporté par Ibn Sa'd à propos du même Sa'îd b. al-'Açi: «Un jour 'Umar dit à Sa'îd al-'Açi: «Pourquoi t'éloignes-tu de moi comme si tu croyais que j'ai tué ton père? Ce n'est pas moi qui l'ai tué, c'est 'Ali b. Abî Tâlib». Son père (dans le camp des infidèles) fut tué dans la bataille de Badr.

N'y avait-t-il pas là une incitation contre l'Imam 'Ali et une vivification de la haine et des rancunes?

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