Mar04302024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Les Voies Menant Vers La Sunnah

Les Voies menant vers la Sunnah                    


Il est évident qu'il y a une distance temporelle entre l'époque de la Sunnah du Prophète et l'époque pendant laquelle cette Sunnah aété écrite et enregistrée dans des Corpus crédibles auxquels les Musulmans se réfèrent depuis. C'est pourquoi les spécialistes de la Sunnah ont été confrontés à un problème scientifique, en l'occurrence les moyens d'établir l'authenticité de ce qui avait été attribué au Prophète et aux Imams, et la méthodologie de démonstration de cette authenticité.
Aussi ont-ils divisé les moyens d'établir l'authenticité des Traditions attribuées au Prophète et aux Imams, telles qu'elles sont parvenues à nous, en deux catégories:
1- Les moyens absolus.
2- Les moyens non absolus.
Ci-après, nous allons expliquer avec plus de détails ces deux catégories de moyens.

 

1- Les moyens absolus (décisifs):

Ils comprennent les moyens suivants:

a- L'énoncé informatif (khabar: information) concordant.

b- L'énoncé informatif entouré d'indices absolus (décisifs).


c- Le consensus unanime.

d- La conduite des Compagnons respectueux de la Loi (Sîrat al-Mutacharri`ah).

e- La fixation d'un statut légal chez les Compagnons respectueux de la Loi.

f- La conduite des Sages (al-Sîrah al-`Oqalâ'iyyah ou Binâ' al-`Oqalâ').
 


Essayons maintenant d'éclaircir brièvement chacun de ces moyens.

a- L'énoncé informatif concordant:

Il sera expliqué plus loin.

b- L'énoncé informatif entouré d'indices absolus:

Il s'agit d'un énoncé informatif non concordant, connu ou non connu, mais entouré d'indices qui rendent obligatoire le fait de le considérer comme provenant absolument de l'Infaillible (le Prophète ou un Imam d'Ahl-ul-Bayt).

Ainsi, si un énoncé informatif nous parvient d'un rapporteur ou de plusieurs, et qu'il est entouré d'indices et de preuves qui nous apprennent obligatoirement qu'il provient du Prophète ou de l'Imam, cet énoncé est considéré comme appartenant incontestablement à la Sunnah.

c- Le consensus unanime:

Le consensus unanime est l'un des moyens indicatifs de la preuve légale et il est défini comme étant l'accord d'un si grand nombre de théologiens et de légistes sur un avis juridique qu'il est obligatoire de le considérer comme un statut légal.

Donc, le consensus unanime consiste en un décret (avis) religieux sur lequel les jurisconsultes sont unanimement d'accord, sans que l'on sache sur quelle base législative ils se sont fondés pour émettre cet avis. Car ce consensus unanime indique l'existence d'une preuve de la Sunnah (sur laquelle ils se sont fondés), même si cette preuve ne nous est pas parvenue. C'est de cette façon que le consensus unanime est considéré comme l'un des moyens indicatifs de la Sunnah.

d- La conduite des Compagnons respectueux de la Loi:


La conduite des Compagnons respectueux de la Loi est un sujet qui a fait l'objet de recherche chez les uléma des Fondements de la Jurisprudence (Uçûl al-Fiqh). Selon eux, si une conduite est observée par un grand nombre de Compagnons connaissant les statuts légaux et les observant, cette conduite est considérée dès lors comme un argument légal indiquant la preuve de son appartenance à la Sunnah. Le Martyr Sayyed Mohammad Bâqer al-Sadr a expliqué de la façon suivante le sens de la "Conduite des Compagnons connaissant et observant les statuts légaux", et sa valeur d'argument législatif: «Le pendant du consensus unanime est la conduite de ceux qui connaissaient et observaient les statuts légaux à l'époque des Infaillibles, ou à une époque proche de celle-ci, du fait même qu'ils connaissaient et observaient les statuts légaux...». Et al-Sadr d'ajouter: «Quant à la Conduite des Compagnons connaissant et observant les statuts légaux, on peut la considérer en elle-même comme un indice la preuve légal, du fait que lesdits Compagnons, lorsqu'ils observent une conduite, en leur qualité de gens connaissant et observant les statuts légaux, ont forcément appris cette conduite du Législateur. Mais on objecterait à cet argument que cette conduite des mutacharri`ah pourrait ne pas traduire le statut légal du fait de la possibilité qu'ils aient négligé d'interroger l'Infaillible sur la conformité de leur conduite au statut légal, ou bien qu'ils en aient mal compris la réponse - si interrogation il y avait. Toutefois, cette possibilité s'affaiblit, selon le calcul des probabilités, à mesure qu'augmente le nombre de ceux qui ont observé cette conduite parmi les Compagnons connaissant et observant les statuts légaux. C'est pour cela que nous avons dit que la Conduite des mutacharri`ah est le pendant du consensus unanime, car tous deux sont fondés, en tant qu’indication du statut légal, sur le calcul des probabilités, mais à cette différence près que le consensus unanime représente une position théorique des jurisconsultes, relative aux décrets juridiques (fatwâ), alors que le second traduit une conduite religieuse pratique des Compagnons connaissant et observant les statuts légaux».

Ainsi, la conduite des mutacharri`ah parmi les Compagnons du Prophète est une indication et une expression de la Sunnah du Prophète, et par conséquent elle est une preuve de celle-ci, c'est-à-dire une preuve du statut légal que le Prophète avait communiqué par son acte, son absence d'acte, sa parole ou par son silence approbateur, mais qui ne nous est pas parvenu, et que nous avons découvert à travers la conduite des mutacharri`ah parmi ses Compagnons ou ceux de la génération suivante, lesquels l'ont appliqué dans leur conduite et leur pratique. Et cette conduite est l'indice de la Sunnah du Prophète.

Et de même que la conduite des Compagnons du Prophète ou des mutacharri`ah des générations proches de leurs époques est un indice de la Sunnah du Prophète, de même la conduite des mutacharri`ah parmi les Compagnons des Imams et parmi ceux de la génération suivante indique un acte ou une parole des Imams.

e- La fixation des “mutacharri`ah”:

C'est l'un des moyens indiquant la Sunnah. Il s'agit d'un statut légal fixé dans l'esprit des Compagnons du Prophète ou de l'Imam, par une longue application, s'étendant sur deux générations ou plus. Sayyed Mohammad Taqî al-Hakîm, expliquant comment la fixation s'est opérée dans les esprits des mutacharri`ah, écrit: «La fixation d'un décret religieux dans l'esprit de l'opinion publique ne nécessite pas son application par deux ou trois générations».

Par cette fixation nous apprenons un statut légal sans en connaître sa référence. Elle devient donc un indice d'un statut légal dont la source est la Sunnah du Prophète.
 

La relation entre le Consensus Unanime et la Conduite des Mutacharri`ah:

                                                                                                              

Le Martyr Sayyed Mohammad Bâqer al-Sadr traitant de la relation entre le Consensus Unanime et la Conduite des Mutacharri`ah et la fixation chez les mutacharri`ah, écrit: «Le consensus unanime en question, indique (révèle) un Récit (riwâyah) non écrit mais vécu à travers le comportement et la fixation de l'ensemble des mutacharri`ah».

Il conçoit donc la conduite des mutacharri`ah comme un chaînon intermédiaire entre le consensus unanime et le statut légal.

En effet, lorsque les faqîh sont unanimement d'accord sur une fatwâ dont on ne connaît pas le point d'appui (mustanad), cela "révèle par une conjecture tendant à la conviction intime (l’existence d’un statut légal) à travers la conformité comportementale (à ce statut) et la fixation (de ce statut) chez les mutacharri`ah contemporains de l'époque des Textes (législation)».

En d'autres termes, ce sont la conduite des mutacharri`ah et leur fixation qui ont inspiré aux faqîh ce consensus et qui révèlent par conséquent la preuve du statut légal. Comme si les faqîh tombés en accord unanime, avaient examiné la conduite des mutacharri`ah et leur fixation pour en déduire le statut légal. Ainsi, la fatwâ issue du consensus unanime est fondée sur la conduite et la fixation des mutacharri`ah. Or, cette conduite et cette fixation révèlent la preuve (la Sunnah), puisqu’elles en découlent.

f- La conduite des Sages (al-Sîrah al-`Oqalâ'iyyah):

C'est la conduite sociale des sages, en tant que tels, à l'époque du Prophète (ou de l'Imam), conduite sur ce dernier se tait et ne la désapprouve pas. Le silence du Prophète ou de l'Imam constitue alors la preuve de la légalité de cette conduite. Ainsi, lorsque nous apprenons que les gens avaient une conduite sociale donnée à l'époque du Prophète (ou de l'Imam) et que nous n'avons aucune preuve ou information indiquant que ce dernier l'eût condamnée ou interdite, nous pouvons en déduire qu'il l'approuve.

C'est de cette façon que la conduite des Sages constitue une voie révélatrice de la Sunnah du Prophète.

Nous pouvons déduire de l'approbation (par le Prophète ou l'Imam) d'une conduite des Sages la légalité de cette conduite d'une part, et d’autre part, une règle générale s'appliquant sur un domaine plus large que le cadre particulier de ladite conduite, si le concept approuvé tacitement dans celle-ci est de nature plus vaste que le cadre limité de la conduite en question.
 
2- Les moyens non absolus (non décisifs):

Désignent ce qui est à même de révéler la Sunnah d'une façon incomplète. Cette catégorie de moyens d'établir l’appartenance à la Sunnah se divise en deux voies:
a- Une voie dont on a établi la valeur d’argument par une preuve absolue (décisive)
C'est l'énoncé informatif (de source) unique, car il y a dans le Coran, dans la Sunnah, dans le consensus unanime, dans la raison et dans la conduite des Sages, des preuves absolues qui établissent la validité de l'énoncé informatif de source unique et l'obligation de s'y conformer, même si sa provenance du Prophète ou de l'Imam est conjecturale.
b- Une voie dont on n'a pas établi la valeur d'argument par une preuve absolue.


L'un des exemples les plus saillants de cette voie est la notoriété. Lorsque nous examinons l’ensemble des exemples de la notoriété, nous constatons que celle-ci désigne trois choses ou trois voies révélatrices de la Sunnah, et dont la valeur scientifique ou la capacité à révéler la Sunnah se situent à un degré inférieur au consensus unanime.

Ce sont:

1- La notoriété du récit: C'est le fait qu’un récit soit suffisamment connu et cité par les rapporteurs, par opposition à la rareté (nudrah) et à l'anomalie (chuthûth).

On fait appel à la notoriété du récit lorsqu'on a affaire à deux récits opposés dont l'un est plus connu que l'autre parmi les rapporteurs. Le premier sera adopté au détriment de l'autre. De cette façon la notoriété du récit sert de voie révélatrice de la Sunnah.

2- La notoriété pratique: C’est le fait que la plupart des faqîh adoptent un Récit et en font une source de promulgation de décrets religieux, malgré la faiblesse de crédit de sa chaîne de transmission, ou bien au contraire qu’ils négligent un récit malgré sa chaîne irréprochable.

Ainsi, l'adoption de ce récit indique l'authenticité de son contenu et révèle la Sunnah, car le fait que la plupart des faqîh l'ont adopté engendre la conviction de sa provenance du Prophète ou de l'Imam.

C'est pourquoi un groupe d’uléma ont professé que la notoriété pratique pallie la faiblesse de la chaîne de transmission, alors qu’un autre groupe a récusé cette thèse.

Et de même que la notoriété pratique de ce récit constitue une preuve conjecturale de son appartenance au Prophète ou à l'Imam, de même le fait que la plupart des faqîh renoncent à adopter un récit à chaîne de transmission saine révèle leur non-conviction de son appartenance au Prophète ou à l'Imam, en raison de défauts qu'ils auraient constatés dans le contenu dudit récit.

3- La notoriété du décret (fatwâ): C'est le fait qu'un décret religieux soit réputé parmi les faqîh sans que l'on sache sur quel fondement ils s’appuient pour adopter ce décret.
Ainsi, la réputation de ce décret parmi une partie des uléma indique l'existence d'une Sunnah sur laquelle ils se sont fondés, même si nous n'en avons pas connaissance. Il est à noter toutefois que certains uléma récusent la valeur d’argument de la réputation du décret et n'y recourent pas.

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